Depuis des décennies, Marc Bossuyt milite pour un traitement indigne et radical des migrants clandestins de l’Union européenne (UE). Désormais à la retraite, après avoir été, notamment, président de la Cour constitutionnelle de Belgique, il constate, aujourd’hui, que son militantisme a trouvé écho auprès du Bloc des 27, surtout, depuis leur décision de fermer leurs frontières en riposte à l’immigration illégale. Une stratégie aussi impopulaire qu’infructueuse.
Tout au long de sa carrière, Marc Bossuyt (notre photo) n’a rêvé que d’une seule chose : voir le plus de personnes possibles arrivées en situation irrégulière dans l’UE en être expulsées. Se faisant la voix des gouvernements européens, qui sont dans l’impasse totale en raison des décisions défavorables des cours de justice nationales et européennes, l’ancien juriste propose de contourner le problème, par exemple, en nommant des juges conservateurs spécialisés en immigration illégale.
C’est ce que fit Donald Trump à la Cour suprême américaine lors de son premier mandat, et qui déboucha sur la remise en question de la légalité du droit à l’avortement au niveau fédéral avant son retour à la Maison Blanche, conférant, ainsi, une grande victoire aux conservateurs américains et défenseurs du droit à la vie. Même s’ils détestent les comparaisons avec Trump, qui leur valent souvent d’être taxés de vassaux, les dirigeants européens sont séduits par certaines de ses idées.
Et c’est l’un des aspects sur lesquels compte jouer Marc Bossuyt, pour les aider à résoudre leur crise migratoire. En plus de soumettre la nomination des juges à des considérations idéologiques pures et à des compétences en droit migratoire, il prône un réalignement des textes de lois nationaux concernés sur le sentiment populiste animant les gouvernements européens. Une série de propositions qui vont se heurter aux dispositions du droit humanitaire international.
A moins de conseiller clairement aux Etats-membres d’ignorer les aspects du droit humanitaire qui les dérangent, il est très peu probable que les suggestions de Bossuyt ne permettent d’échapper aux blocages juridiques relatifs à l’expulsion des migrants en situation irrégulière. Toutefois, connaissant l’entêtement des leaders de l’UE à poursuivre des idéaux controversés, des moyens conséquents sont certainement en train d’être gaspillés pour étudier la faisabilité de ces propositions.

La crise migratoire ne se règlera pas tant que ses causes ne seront pas adressées. C’est ce sur quoi l’UE devrait se concentrer, et non pas rechercher des solutions de façade. Plus le Bloc des 27 continue à regarder dans la mauvaise direction, plus le coût global de cette crise s’accroît sur leurs sociétés. Ce n’est certainement pas un retraité, en quête de renaissance, comme Marc Bossuyt, qui pourra y changer quoi que ce soit.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)