Le décès de l’homme politique, Anicet Ekane, en détention, suite aux événements post-électoraux du 12 octobre 2025, ne va pas aider à améliorer l’image du Cameroun. On doit le savoir. Informé de cette infamie, le président, Paul Biya, a, immédiatement, prescrit une enquête afin que toute la lumière soit faite sur sa mort. Agé seulement de 74 ans, cet opposant avait encore beaucoup d’années de politique devant lui. Il faudra vraiment veiller pour que cette enquête soit objective et impartiale et ne pas donner des arguments à ceux qui (à tort) réclament une enquête internationale faite par des personnes venues d’ailleurs. Le Cameroun doit la vérité à la veuve et aux orphelins d’Anicet Ekane. C’est le moins qu’on puisse leur offrir en cette occasion si triste. Nous publions ci-dessous le témoignage de l’ancien ministre, Michel Ange Angouing, qui connut, personnellement, le défunt, quand il exerçait les fonctions de procureur de la République à Douala, pendant les « années de braise ». De son récit, il ressort qu’Anicet Ekane était un républicain engagé, amoureux de son pays, qui, comme tous les upécistes, ne demandait qu’une chose : l’indépendance véritable et totale du Cameroun. Rien de plus.
La rédaction.
« Le président, Anicet Ekane, que j’ai bien connu pendant que je servais à Douala comme procureur de la République près les tribunaux de première et de grande instance de Douala et du Wouri, est un grand patriote qui chérissait son Pays.
Je l’ai vérifié à l’occasion de la mise en place et du fonctionnement du Commandement opérationnel avec la célèbre Affaire des « neufs disparus de Bepanda « .
Ce grand combattant et défenseur des droits de l’homme et des libertés individuelles qu’était le président, Ekane Anicet, a apporté crédibilité et vitalité à notre démocratie. Son interpellation, suivie de sa mort prématurée, dans des circonstances à élucider, peut, et c’est ce que nous devons tous craindre, donner raison à ceux qui pensent qu’il n’y a pas de démocratie au Cameroun.
Mais, alors quel gâchis pour tous les efforts fournis de part et d’autre pour construire une République exemplaire et démocratique ! Au cours d’un entretien que j’avais eu avec le président, Ekane Anicet, que je venais de placer en garde à vue judiciaire avec ses compagnons, Djeukam Tchameni, Hameni Bieuleu, Djino Hans, Peter William Mandjo et autres, il m’a dit avec la sérénité qui le caractérisait et avec un petit sourire en coin je cite : ‘Monsieur le procureur de la République, le président, Paul Biya, a offert des plages de liberté aux Camerounais, nous lui disons Merci, mais, nous en demandons davantage’ (fin de citation).
Au moment où chacun de nous est appelé à apporter sa petite contribution pour la consolidation de notre démocratie, nous avons comme l’impression que nous ne nous adaptons pas au jeu démocratique et à ses règles.

Qu’est ce qui n’a pas marché ?
Monsieur le président, Anicet Ekane, je m’incline devant ta mémoire et prie Dieu Tout Puissant pour qu’il veille sur tes familles biologique et politique, et que ta mort soit une bénédiction pour le Cameroun que tu as servi à ta manière et que tu aimais tant.
La politique est un jeu et doit rester un jeu.
La politique est une affaire de gentlemen.
La politique lorsqu’elle baigne dans l’éthique et dans l’humanisme fluidifie les rapports humains et favorise le vivre ensemble.
Le jeu démocratique, lorsque toutes les parties respectent les règles, est un facteur de cohésion sociale et de développement économique.
Nous devons le comprendre et l’intégrer dans l’intérêt supérieur de la nation et l’avenir de nos enfants ».
Michel Ange Angouing.
Magistrat hors échelle
Ancien ministre de la Fonction publique
Conseiller du Garde des Sceaux Ministre de la Justice.





