» 33 campagnes présidentielles, 27 couronnées de succès « , c’est l’effrayant bilan dont se vante » Jorge « , un spécialiste de la désinformation, du piratage, et du sabotage, soupçonné d’avoir influencé des dizaines de campagnes présidentielles dans le monde, dont plus de deux tiers sur le sol africain.
Selon une enquête réalisée par un consortium de reporters issus de médias européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne), » Jorge » se nommerait, en réalité Tal Hanan, un ancien officier des forces spéciales israéliennes, reconverti dans le domaine du renseignement, et actuel PDG de la société Demoman.
Ayant à ses côtés Zohan Hanan (son frère), Mashi Meidan et Shuki Friedman (les deux derniers ayant servi au sein du Shin Bet, les services de renseignement israélien), Tal Hanan a longtemps opéré dans l’ombre, recourant aux outils technologiques de piratage les plus pointus du marché, pour faire avancer l’agenda de ses multiples clients (notre photo montrent quelques responsables de la société).
C’est ainsi qu’en guise de démonstration de ses capacités face aux reporters ayant pu infiltré ses locaux, » Jorge » va aisément accéder aux comptes Gmail de Denis Itumbi (responsable de la stratégie numérique) et Davis ChirChir (chef de cabinet), deux proches de William Ruto, le président actuel du Kenya, à l’aube des élections présidentielles de 2022.
Cette illustration avait pour but de rassurer qu’il était bien l’homme de la situation pour cette mission facturée à 6 millions d’euros, lesdits reportes s’étant fait passer pour des intermédiaires d’un homme d’affaires désireux de repousser, voire, annuler, la tenue des élections présidentielles dans une nation africaine.
Pour ce qui est des campagnes d’influence publique en ligne, » Jorge » déployait Advanced Impact Media Solutions, un logiciel contrôlant environ 40 000 comptes de faux utilisateurs répartis sur divers réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instragram ou LinkedIn), et pouvant créer ou faire monter une polémique donnée.
Contacté dans le cadre de cette longue enquête, Tal Hanan a naturellement tout réfuté en bloc. Toutefois, au regard de l’ampleur du vaste réseau qui a été exposé, Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, devrait certainement être interpellé, de par le monde entier, sur la nécessité de réguler au plus vite son secteur technologique, surtout, après l’Affaire Pégasus qui remonte à moins de 2 ans.
Paul Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)