BURKINA FASO : Réquisition de 200 kg d’or d’une mine canadienne pour « nécessité publique »

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Le gouvernement de la transition au Burkina Faso a réquisitionné 200 kg d’or produit par une filiale du groupe canadien, Endeavor Mining, pour « nécessité publique », selon un arrêté du ministre en charge des Mines. Le texte précise que la société minière « percevra une indemnisation correspondant à la valeur de l’or ainsi réquisitionné ». Sanctionné par la CEDEAO, le nouveau pouvoir du capitaine-président, Ibrahim Traoré, est décidé à gagner la guerre proclamée par les djihadistes, et qui a déjà fait tomber deux présidents de la République. Mais cette guerre ne pouvant être gagnée sans l’implication directe de chaque Burkinabé et des entreprises nationales ou étrangères présentes au Burkina, un appel spécial à participer à l’effort de guerre a été lancé à tous. Les 200 kg d’or n’ont, donc, pas été arrachés de force. L’Etat (en guerre) qui connaît une situation difficile actuellement, n’a fait que les réquisitionner pour les besoins de la cause. La somme correspondante au prix du marché sera remboursée à cette société canadienne, ce qui vaut reconnaissance de dette.

Un arrêté signé par le ministre des Mines, Simon-Pierre Boussim (notre photo), mardi, 14 février, annonçait la « réquisition de l’or produit par la société d’exploitation minière d’or de Semafo Burkina Faso ».

Cet arrêté stipule que « conformément à l’article 16 du code minier », 200 kilogrammes d’or produits à la mine de Mana sont « réquisitionnés ce jour pour nécessité publique ». Le texte indique que la société minière « percevra une indemnisation correspondant à la valeur de l’or ainsi réquisitionné ».

Cela dit, le gouvernement a souhaité « rassurer les investisseurs et tous les autres partenaires du Burkina Faso » : « La décision de réquisition est dictée par un contexte exceptionnel de nécessité publique, qui fonde l’Etat à demander à certaines sociétés minières de lui vendre une partie de leur production d’or », poursuit un communiqué du porte-parole du gouvernement Jean-Emmanuel Ouedraogo.

Depuis plusieurs années, le Burkina Faso est engagé dans une lutte contre des groupes djihadistes liés à l’État islamique et Al-Qaïda, dont les attaques sanglantes se sont intensifiées ces dernières semaines. 

Le communiqué gouvernemental précise que cette transaction « à titre exceptionnel et temporaire » s’effectue « aux conditions d’achat de l’or sur le marché international ».

Selon le code minier burkinabè, « les installations minières ou de carrières et les substances extraites ne peuvent être réquisitionnées ou expropriées par l’Etat que pour un motif de nécessité publique et moyennant une juste et préalable indemnisation » fixée en accord entre les parties ou par un tribunal arbitral ou de droit commun. Si le caractère urgent de la réquisition ne peut laisser place à une concertation entre les deux parties, qui prendrait du temps, l’Etat, en toute responsabilité, a tenu à rassurer la société canadienne, qui reste, d’ailleurs, un partenaire fiable dans le secteur de l’or dans le pays, que le remboursement sera bel et bien fait.

En exploitation depuis mars 2008, la mine d’or de Mana, l’une des plus grandes parmi la dizaine que compte le Burkina Faso, a produit en 2022 6,04 tonnes d’or, selon des chiffres officiels.

Elle est la propriété de Endeavor Mining, qui a fusionné en 2020 avec le canadien, Semafo, pour former l’un des plus gros producteurs d’or en Afrique de l’Ouest.

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