DEUXIEME GUERRE MONDIALE : La France efface les « tirailleurs africains » de sa mémoire

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Ce 8 mai 2024, j’ai écouté devant le monument aux morts de ma commune, le message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et je n’y ai pas entendu la moindre référence au demi-million de combattants de l’Armée d’Afrique qui, dès le 10 novembre 1942 – signature des accords entre l’amiral Darlan et le général Clark, adjoint d’Eisenhower -, avaient constitué l’immense majorité des forces armées françaises, qui participèrent aux campagnes de Tunisie (1942-1943) et d’Italie (1943-1944), puis, au débarquement en Provence (août 1944), avant d’être rejoints par la mobilisation des métropolitains au sein de la 1re Armée française.

Afin de pallier, le cas échéant, une oreille défaillante (84 ans), j’ai donc imprimé et lu attentivement le texte officiel signé de Monsieur Sébastien Lecornu, ministre des Armées et de Madame Partricia Mirallès, secrétaire d’Etat auprès de ce même ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la Mémoire. Mon oreille n’était pas défaillante. Ainsi, tout était conforme à la « doxa » officielle !

Alain Mimoun, futur champion olympique, caporal à la 3e DIA

Dans le domaine militaire, le ministre ne connaît donc que « les combattants des Forces françaises libres (FFL) »… Y compris dans la Bataille de Monte Cassino ! N’en déplaise au ministre, il s’agissait du Corps expéditionnaire français (CEF), commandé par le général Juin, futur maréchal de France, et, en particulier, de la 3e division d’infanterie algérienne au sein de laquelle combattait le caporal, Alain Mimoun. Blessé, grièvement, au pied par un éclat d’obus le 28 janvier 1944, Alain Mimoun conserve son pied grâce au savoir-faire des médecins militaires français, qui lui évitent l’amputation. Il deviendra ce grand champion qui nous apportera, le 1er décembre 1956, la médaille d’or du marathon aux JO de Melbourne. Entretemps, il s’était converti au catholicisme en 1955 et marié en juin 1956.

Le rôle majeur de l’Armée d’Afrique*

Mais, revenons à l’Armée d’Afrique. Cette armée, préservée par l’armistice, dynamisée par le général Weygand, puis, par le général Juin, se déploie en couverture pour faire face aux forces de l’Axe en Tunisie. En un mois, elle met en ligne quatre petites divisions (60.000 hommes) alors que les Alliés n’ont que deux petites divisions (30.000 hommes) en attendant le déploiement du reste des forces alliées en cours de débarquement en Afrique du Nord. Les commémorations à venir, à commencer le 20 mai (81e anniversaire de la victoire en Tunisie), puis, celle d’Italie et le débarquement en Provence, devraient permettre à Sébastien Lecornu de rendre hommage à l’Armée d’Afrique et à Patricia Mirallès de rendre justice à ses parents « pieds-noirs ».

Enfin, pour les commentaires non militaires, je précise à l’attention des « sachants », qui veulent trop bien faire que le 8 mai 1945 ne marque pas l’avènement d’une ambition « qui a donné à tous les enfants la possibilité de bénéficier de l’instruction », comme l’écrit le ministre dans son message ! Certes, je ne suis entré à l’école qu’en 1945, mais, mes sœurs et mon frère aînés étaient entrés en classe avant comme tous leurs petits camarades. Les « hussards noirs » de la IIIe République doivent se retourner dans leurs tombes. Ils méritent un peu plus de vérité, même si l’alphabétisation de la France était en cours bien avant eux, était une construction continue des siècles passés et était, déjà, en partie réalisée à la fin du Second Empire.

Christian Baeckeroot (Boulevard Voltaire)

Ancien député FN-RN (1986-1988 ) Conseiller municipal honoraire de Tourcoing (59 )



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