DJIBOUTI : Les neuf grévistes de la faim peuvent-elles ébranler la dictature d’Omar Guelleh ?

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« On est hyper-fatiguées mais on est déterminées, on veut continuer », a dit Aïcha Dabalé, porte-parole, en France, du Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l’impunité.

« On attend que le gouvernement français fasse pression sur (le président djiboutien), Ismaël Omar Guelleh, pour obtenir l’enquête internationale qu’on a demandée », a-t-elle ajouté.

Ces femmes Afar – une ethnie qui vit dans une zone à cheval sur l’Ethiopie, Djibouti et l’Erythrée – accusent les soldats djiboutiens combattant, depuis 1991, la rébellion Afar du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (FRUD armé) de se venger sur les populations civiles, notamment, par des viols.

Quatre des dix femmes ayant entamé cette grève de la faim – l’une l’a interrompue il y a une semaine – assurent avoir été, personnellement, victimes de viol. Toutes sont des réfugiées vivant en France ou en Belgique.

En poste depuis 1999, le président, Ismaël Omar Guelleh (notre photo), un petit despote non éclairé, brigue, ce vendredi, 8 avril, un quatrième mandat de cinq ans, face à une opposition malmenée par les assassinats et les emprisonnements. La position de Djibouti, sur la carte de l’Afrique, qui lui a permis d’abriter plusieurs bases militaires dont celle des Etats-Unis, de la France, de la Russie et de la Chine, a, suffisamment, donné de marge de manœuvre à Guelleh, pour qu’il se rappelle de ses obligations en matière de droits de l’homme et de liberté d’expression.

« A quel moment peut-on se faire entendre », s’est interrogée Aïcha Dabalé, qui « veut profiter de la couverture médiatique des élections » ?

« Le reste du temps, on est inaudible », fait valoir cette militante, en soulignant que son organisation fait campagne, en vain, depuis des années, pour faire cesser ces agressions sexuelles, au nombre d’au moins 246 depuis 1993 selon les cas que le comité a pu recenser.

Les femmes en grève de la faim ont écrit, la semaine dernière, au président, François Hollande, pour réclamer son intervention.

« Pour l’instant, elles n’ont pas de retour, voilà pourquoi elles maintiennent leur grève », a souligné Sabine Salmon, présidente de l’association Femmes solidaires, qui les héberge dans ses locaux d’Arcueil, au Sud de Paris.

Visiblement, le président « normal » a d’autres chats à fouetter…

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