DJIBOUTI : Omar Guelleh le mauvais joueur entre l’arrogance et l’ignare

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Que les classiques sont atemporels ! Lorsque le prince (Omar Guelleh) décide de se dissimuler derrière un voile pour ne pas affronter la réalité, les courtisans pullulent et rivalisent d’imaginations pour lui plaire, en lui présentant un tableau de la situation, qui correspond à ce qu’il veut entendre. La Fontaine nous a peint ces manières il y a quatre siècles.

« Je définis la cour un pays où les gens
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être,
Tâchent au moins de le paraître, ».

Eh oui, nos courtisans ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ne sont pas convaincus, mais, ils s’efforcent de paraître ; le prince, lui-même, n’est pas convaincu, (voir la déclaration de candidature). Leur survie en dépend. La disgrâce, ils ne veulent même pas l’imaginer. Ils savent que la colère du Roi est terrible (notre photo). L’héroïsme à la Mandela, Sankara, Mohamoud Harbi, ce n’est pas pour eux. Ils ont décidé de cultiver leur jardin. Pour cause, leur prince s’est approprié, depuis longtemps, toutes les institutions du pays qu’il a juré de protéger, il prend, de haut, tous ses adversaires politiques le traitant de valet à la solde de l’étranger, il humilie ses collaborateurs. Le plus grave, comme il se croit éternel, il a fait le vide autour de lui. Conséquences : aucun homme politique de son bord ne se démarque de ses collègues, et ne peut se permettre de se tailler un costume d’homme politique au service de la nation ; les plus brillants d’entre eux baignent dans la médiocrité imposée, et, souillent leur intégrité pour une insignifiante carrière politique de trois à cinq ans. Nous pensons que les Mohamoud Ali Youssouf,  Abdoulkader Doualeh Waiss et Osman Idriss, entre autres, ont leur mot à dire. La démocratie de Paris et de Bruxelles n’est, peut-être, pas adaptée à notre société, mais, quel disciple de Tocqueville vous a assuré que celle de Haramous est la meilleure ? Quel éminent démocrate vous a assuré que celle qui permet le lynchage des élus nationaux au centre ville est la meilleure ? La démocratie de Paris et de Bruxelles a, au moins, le mérite d’être nourrie des opinions de tous les citoyens. Le peuple djiboutien n’est pas cette chèvre de Mr Séguin « douce, caressante, se laissant traire sans bouger » ; ce peuple est vivant et ne se laissera pas humilier éternellement. Certes, « l’orgueil est allergique à la raison » mais « quand l’orgueil chemine devant, honte et dommages suivent de près ».

Le deuxième ennemi du mauvais joueur est, incontestablement, l’ignare. Jamais dans l’histoire de notre jeune République, un ministre n’aura été, aussi, controversé et détesté de ses subordonnés. Comme ensorcelé par l’idée de plaire à son guide spirituel, il est prêt à vendre père et mère. Il ne recule devant rien. Je me souviendrai, toujours, de ce jour qu’il refusa à un de ses conseillers techniques, une autorisation d’absence de 15 jours sans solde ; ce dernier devait, impérativement, revoir son médecin, à l’étranger, pour une pathologie très sérieuse. Je revois, encore, le secrétaire général abasourdi face à l’insensibilité de son ministre, qui lui interdisait d’intervenir pour les employés. Il lui a, clairement, interdit, avec son regard de fauve en manque, devant nous, de le contredire. Nous savions, tous, qu’il ne portait pas dans son cœur, ce conseiller technique, mais, de là, à laisser mourir un de ses compatriotes parce qu’il a des amis dans l’opposition – qui, de surcroît, ne faisait, pratiquement, rien pour lui ; c’était ni plus ni moins non assistance à une personne en danger. Réalisait-il la portée de sa consigne ? Je n’en étais pas sûr. Finalement, j’étais sûr de rien du tout, simplement, je réalisais, chaque jour, un peu plus que cet animal sans cœur ne méritait pas ma collaboration. Et aujourd’hui, alors qu’il voit les enseignants avec un prisme tribalo-idéologique, il ose leur promettre, dans ses réunions-monologues, des avantages. Un ministre n’aura, jamais, aussi terni l’image de la politique et des hommes politiques djiboutiens, un ministre n’aura, jamais ligué toute une profession contre leurs responsables politiques. En confiant au garçon le plus vil de la République le département de l’éducation, le mauvais joueur a signé sa mort politique. La révulsion est irréversible.

Je souhaite courage aux futurs juges, qui hériteront du « dossier Djama Jahil » lorsque le peuple jugera ses imposteurs parce que le procès durera ; il durera  non pas parce que les jurés hésiteront à délibérer, mais, parce que la recherche de la vérité exigera des investigations dans presque toute l’administration publique. Travail titanesque !
 
Par Mohamed Moussa Yabeh
Ancien directeur du CRIPEN (Centre de recherche, d’information et de production de l’Education nationale)

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