DJIHADISME EN AFRIQUE : Le développement, meilleure alternative à l’action militaire ?

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Selon une étude réalisée par le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), l’Afrique sub-saharienne est devenue en l’espace de quelques années le nouveau foyer de l’extrémisme violent mondial. En effet, malgré un recul observé dans le nombre de décès liés à ce fléau dans le monde depuis 2016, celui de la zone du Sub-Sahara (Sahel) a plus que doublé au fil du temps.

Face à une telle tendance, un seul constat peut être tiré : les actions militaires adoptées, jusqu’à lors, sont inefficaces.

Sur cette base, il convient, donc, de se pencher, une nouvelle fois, sur les sources du djihadisme en Afrique, notamment, sur les motivations des personnes qui se laissent enrôler, afin d’essayer d’en déduire les remèdes potentiels (sur notre photo, un chef djihadiste dans la zone de Gao au Nord-Mali se comportant comme sur une terre définitivement conquise).

Dans son rapport, le PNUD soutient que la foi ne constitue plus la première cause de ralliement de nouveaux combattants aux groupes extrémistes. En effet, sur un échantillon de 2 196 personnes (hommes et femmes), dont 1 000 anciens enrôlés, seuls 17% la considèrent toujours comme principale motivation. Ce qui représente une baisse de 23 points, par rapport au 40% enregistrés six ans plus tôt.

Avec plus de 70% des voix récoltées, c’est désormais le manque d’emplois qui contribue le plus à faire gonfler les effectifs des factions djihadistes. A l’extrême-nord du Cameroun, les jeunes couraient se faire recruter chez Boko Haram à cause des salaires mirobolants. D’aucuns percevaient, mensuellement, 150.000 F CFA (225 euros), d’autres jusqu’à 300.000 F CFA (450 euros), un salaire d’un haut fonctionnaire dans la capitale régionale, Maroua. Et avec une telle somme, ils se procuraient des motos qui leur servaient à faire des razzias et des assassinats dans les villages que, souvent, ils connaissaient du bout des doigts puisqu’ils étaient originaires des lieux. Bref, le manque d’emploi a été, parfois, le premier facteur d’attirance des jeunes vers le djihadisme. C’est seulement après, que beaucoup d’entre eux devenaient endoctrinés et laissaient pousser la barbe.

Après ces deux facteurs, viennent les mauvaises expériences dans l’enfance (manque de joie et d’implication parentale), le manque d’éducation (académique et religieuse), et la perte de confiance en les institutions étatiques (violations des droits humains, corruption).

La plupart de ces maux ayant trait au sous-développement, il est évident que les mesures militaires ne peuvent qu’avoir une portée limitée.

C’est la raison pour laquelle il est fondamental pour chacun des pays africains concernés de miser sur des initiatives de développement, s’il veut effectivement mettre un terme à l’emprise des groupes terroristes sur ses populations.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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