EGYPTE : L’économie touristique est par terre après le coup de Daesh

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Le crash de l’avion russe, dans le Sinaï, a forcé les gérants de l’industrie touristique de la station balnéaire de Charm el-Cheikh à mettre des dizaines d’employés en congé sans solde, dans la perspective de la chute de la fréquentation.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont dit privilégier la thèse de l’attentat à la bombe pour expliquer le crash de cet avion dans la péninsule du Sinaï, qui a fait 224 morts le 31 octobre. Le groupe Etat islamique (EI ou Daesh) a, d’ailleurs, dit être derrière le crash.

La Grande-Bretagne et la Russie ont, depuis, rapatrié des dizaines de milliers de touristes, qui passaient leurs vacances dans cette destination phare sur les bords de la mer Rouge.
Ajouté à ça, Moscou a décidé d’interrompre, jusqu’à nouvel ordre, ses vols vers toute l’Egypte et la Grande-Bretagne vers Charm el-Cheikh, d’où s’était envolé l’avion pour Saint-Petersbourg (Russie).

Anticipant un avenir sombre pour le tourisme, les hôtels sont contraints de se séparer de personnel pour réduire les dépenses.
« On m’a dit de ne pas revenir à partir de demain », déclare Ahmed, un employé d’un hôtel de luxe, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.
« On m’appellera si la situation s’améliore. Rien n’est clair », confie-t-il.
Ahmed, originaire de la Haute Egypte (Sud), affirme que cinq autres employés de l’hôtel ont été, également, informés qu’ils devaient prendre des « congés sans solde ».

Au moins, quatre autres grands hôtels ont confirmé avoir demandé à plusieurs employés de partir « en congé ».

Un travailleur sur neuf est employé dans le tourisme, en Egypte, et à Charm el-Cheikh, près de 80.000 personnes dépendent de ce secteur pour vivre.
« Au train où ça va, quelque 40.000 personnes risquent de perdre leur emploi dans les mois » à venir, a indiqué Givara El-Gafy, qui dirige l’Office du tourisme dans le Sud-Sinaï.

Le crash tombe d’autant plus mal que le tourisme égyptien, affecté par des années d’instabilité depuis la révolte populaire, qui a fait tomber l’ex-président, Hosni Moubarak, en 2011, suivie par des années de violences et d’instabilité, semblait montrer, récemment, des signes de reprises, notamment, en vue des fêtes de Noël et du nouvel An.

Les propriétaires des hôtels, qui envisageaient d’employer plus de personnel, n’y songent, évidemment, plus.
« Nous avons arrêté d’embaucher de nouvelles personnes (…) et celles qui veulent partir peuvent le faire », déclare Anwar Hawary, gérant d’un hôtel cinq étoiles.

Pour rentrer dans ses frais, un hôtel doit avoir ses chambres occupées à, au moins 30%, selon les experts. S’ils n’y parviennent pas, nombre d’entre eux devront fermer.

Dans une station balnéaire comme Charm el-Cheikh, de nombreux étrangers sont, également, employés dans le secteur touristique.
« J’ai perdu mon travail il y a deux jours », déplore Oxana, une Russe de 40 ans.
« On a dit à 16 des 20 membres du service des ventes de s’en aller », explique cette employée d’une compagnie égyptienne de parfum basée à Charm el-Cheikh.
Selon elle, les clients de la société sont des vacanciers russes.

Avec un salaire d’environ 600 dollars, Oxana dit qu’elle vivait, confortablement, à Charm, une destination très prisée par des millions de touristes pour ses plages, son soleil et sites de plongée.
« Je peux vivre deux mois avec mes économies, mais, si les choses ne s’améliorent pas d’ici là, je devrais rentrer à Moscou », poursuit Oxana, qui indique que les chances de trouver un travail, là-bas, sont, également, minces.
« Je préfère travailler ici (…) il fait un temps magnifique et Charm est un endroit sûr ».

Avec AFP

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