FINANCEMENT DU G5 SAHEL : « Aide-toi et le ciel t’aidera », ignorent les chefs d’Etat du G 5 Sahel

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L’organisation G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) espère lever 1,9 milliard d’euros, jeudi, 6 décembre, pour des projets de développement, en particulier, dans les régions frontalières où les djihadistes tirent parti des carences des Etats pour s’implanter. Mais, en réalité, que peut-on en attendre ? Absolument rien le G5 Sahel version militaire (et au demeurant la plus utile et urgente) restant, depuis son lancement, il y a deux ans, beaucoup plus une fiction qu’une réalité. On est vraiment, là, en pleine utopie en ce sens que les cinq pays croient qu’en parlant de djihadisme, ils arriveront à ébranler les bonnes âmes au Nord afin que des financements soient débloqués pour corriger leurs grosses failles dans le domaine du développement où tout est mal-gouvernance.

A Nouakchott, la capitale mauritanienne, siège du secrétariat du G5 Sahel, les présidents de ces pays, vont présenter 40 projets couvrant la période 2019-2021 devant les bailleurs de fonds et partenaires internationaux, dont l’Union européenne et la France – représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian (notre photo). Cela dit, c’est la nème réunion qu’on organise pour apporter un soutien au G5 Sahel qui n’arrête pas d’annoncer le début effectif de son fonctionnement sans y parvenir.

« Les Etats membres ont sécurisé 13% de l’objectif de la levée de fonds », a indiqué dans une tribune publiée à quelques jours de la conférence, le président en exercice du G5 Sahel, le Nigérien Mahamadou Issoufou.

« Partout où c’est possible, il faut accroître au plus vite l’accès aux services de l’Etat lorsqu’ils sont insuffisants », a-t-il dit.

« La sécurité avait pris le dessus sur le développement au sein du G5 Sahel », relève une source diplomatique française, en référence à la force conjointe anti-djihadiste créée en 2017 par l’organisation. « Avec cette conférence, il montre sa volonté de remettre le développement au centre. »

Les zones reculées, délaissées ou abandonnées par le pouvoir central, sont au coeur des préoccupations, notamment, dans les secteurs frontaliers.

En construisant des écoles, des centres de soins ou en offrant un accès à l’eau, les gouvernements espèrent fidéliser des populations déshéritées susceptibles de céder sinon aux sirènes djihadistes.

« Un des vecteurs principaux de la radicalisation, c’est le sentiment d’injustice et de marginalisation. Si on veut stabiliser des zones, il faut pouvoir les développer », souligne-t-on de source diplomatique.

Le plus inquiétant, c’est que les chefs d’Etat des cinq pays du G5 Sahel soumettent la question de leur sous-développement à la communauté internationale alors qu’il leur appartient, d’abord à eux en tant qu’élus du peuple, de répondre aux besoins concrets de leurs populations. Cela n’est pas le cas et l’argent à ce sujet est soit détourné soit utilisé à d’autres fins. On oublie volontairement ces zones reculées comme si elles n’avaient pas besoin, elles aussi, du développement. On ne peut qu’avoir un sentiment bizarre et de temps inutilement perdu de voir que 5 pays africains, indépendants depuis 1960, se réunissent, à Nouakchott, pour demander la levée de fonds pour construire écoles, dispensaires, services sociaux, dans certaines parties du pays, qu’ils ont, volontairement, ignorés et qui font, aujourd’hui, l’objet de terrorisme. Les djihadistes y sont installés et ne forcent pas leur talent pour procéder à des recrutements massifs de jeunes parce que la malgouvernance des Etats qui aboutit à l’abandon des dites zones de non-développement, est leur principale alliée.

Aide-toi et le ciel t’aidera, lit-on dans la Bible. Les pays occidentaux à qui ces cinq pays du G5 Sahel tend la main, à commencer par la France représentée par son ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, ont leurs propres problèmes à résoudre chez eux. Le phénomène des Gilets Jaunes en France, et marginalement, en Belgique, est là pour le démontrer. Charité bien ordonnée commençant pas soi-même, ces pays ne peuvent pas donner au G 5 ce qu’ils n’ont pas (plus) : à cause de l’accroissement grandissant de la précarité et de la misère, certains pays européens sont, carrément, en train de se tiers-mondiser, voire même, de s’africaniser. Comment peuvent-ils, réellement, voler au secours du G5 Sahel même si le problème posé mérite des solutions ? Dès lors, ce Forum de Nouakchott ne relève-t-il pas de l’utopie et du déni des réalités du moment ?

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