Beaucoup peinent à le croire, car pour eux, la France reste la France, c’est-à-dire, ce grand pays, sérieux, moteur de la construction de l’Europe après-guerre et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, aux côtés d’autres grands pays comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie et la Grande Bretagne. Et pourtant, il faudra se résoudre à l’évidence que la France, surfant sur sa grandeur passée, a continué à vivre au-dessus de ses moyens au lieu de faire des économies. Le taux d’endettement actuel est de 116% du PIB. Il sera de 117% du PIB en 2026 si des mesures correctives ne sont pas prises, ce qui, conjugué à l’instabilité des gouvernements avec quatre premiers ministres en un an, n’est pas de nature à rassurer ni les marchés financiers, encore moins, les Français qui se demandent où leur président conduit le pays ? Conséquence, les agences de notation ne se font pas prier pour sévir. Le verdict est tombé, cette semaine, implacable : Fitch a rétrogradé la dette française de « AA- » à « A+ », basculant le pays dans la catégorie des pays médiocres, ceux qu’on regarde avec suspicion. Qui l’eût cru en 2017 quand l’ancien banquier d’affaires, Emmanuel Macron, succédait au socialiste, François Hollande, qui n’eut pas le culot de défendre son bilan, en ne se présentant même pas à l’élection présidentielle ?
La dette abyssale est de 3.345 milliards d’euros, soit, un peu plus de 1.000 euros à mettre sur le compte d’Emmanuel Macron. Quatre gouvernements en un an, un budget rafistolé chaque automne, des promesses jamais tenues. Résultat : la confiance s’effrite, et même les agences de notation, d’ordinaire prudentes, ne croient plus au « miracle français » (sur notre photo, passation de service entre François Bayrou et Sébastien Lecornu : Emmanuel Macron change les premiers ministres comme les chaussures).
Ce déclassement n’est pas qu’une affaire de techniciens. Il aura des conséquences très concrètes : hausse des taux d’intérêt, charge de la dette qui explose (107 milliards prévus en 2029, contre 58,8 milliards l’an dernier), et donc moins d’argent pour tout le reste. Pendant ce temps, l’Italie, pourtant endettée à 138 % de son PIB, inspire davantage confiance grâce à une réduction de ses déficits. Oui, l’Italie de Giorgia Meloni réussit là où la France de Macron échoue.
Sébastien Lecornu, fraîchement arrivé à Matignon, ne peut tenir que s’il promet l’alourdissement des déficits car aucun corps n’accepte plus les augmentations de ses impôts ou prélèvements. Les cadeaux, seuls, peuvent sauver le nouveau premier ministres, mais, des cadeaux toxiques car on n’est pas sûr qu’ils permettront le vote du budget 2026, et surtout, ils contribueront à dégrader encore plus la note souveraine de la France. Car qu’on ne se trompe pas, Moody’s et Standard & Poor’s iront dans le sens de Fitch.

C’est quoi les agences de notation et à quoi servent-elles ?
Les agences de notation sont des entreprises comme les autres. Elles vendent à leurs clients des informations sur la sécurité de leurs placements lorsqu’ils achètent de la dette de tel ou tel emprunteur, qu’il s’agisse d’une entreprise ou d’un Etat. Or, les prêteurs, comme tout agent économique, éprouvent une aversion vis-à-vis du risque.