GABON : Bongo Ondimba Ali dans une posture étroite et intenable

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On n’a pas oublié que Bongo Ondimba Ali (BOA) disait en privé, quand il se retrouvait, seul, avec les siens : « Pour cette élection, Moi ou Personne » ! On y est en plein. Quand il le disait, il pensait, sans doute, passer comme une lettre à la poste, comme en 2009, quand, de façon unanime, au niveau des pays de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), de concert avec la France, la continuité avait été (logiquement et légitimement) choisie, pour permettre le maintien de la paix et de la stabilité du Gabon, après la mort de son patriarche, que personne n’avait, en réalité, prévue. Cette mort ayant pris le monde entier et le Gabon de court, BOA, en tant que fils portant le nom de ce digne patriarche, avait fait l’unanimité pour la poursuite de sa grandissime œuvre, au Gabon, en Afrique, et dans le monde. La déception est à l’image de la bronca générale que nous assistons, aujourd’hui, contre cet indigne héritier qui, malgré son calamiteux bilan à la tête du Gabon, voudrait ré-imposer l’indulgence dont il avait bénéficié, en 2009.

Face à Jean Ping qui l’a (correctement) battu juste parce qu’il a eu l’intelligence de réunir autour de sa candidature, celle d’autres poids lourds de la classe politique, comme Nzouba Ndama, Oyé Mba, Ngoulakia et autres, BOA ne compte sur (pratiquement) personne pour le soutenir dans ses errements, surtout, quand il invite Jean Ping à aller se plaindre auprès de sa belle-mère (la présidente de la Cour constitutionnelle) dont les avis lui seraient, forcément, défavorables, comme par le passé.

Invité, ce mercredi, 7 septembre, matin, sur les radios françaises, Radio France Internationale, Europe 1, et RTL, notamment, le président gabonais sortant, dont l’annonce de la réélection a provoqué un mini-tremblement de terre, au Gabon, a critiqué la mission d’observation de l’Union européenne (UE), pour ne pas avoir relevé « les anomalies » dans les résultats obtenus par son rival Jean Ping.
« J’aurais aussi apprécié qu’on relève quelques anomalies dans le fief de Monsieur Ping. Si on veut relever les anomalies, il faut être clair, équilibré et relever toutes les anomalies si on en a constaté », a-t-il commenté, sur la radio périphérique française, RTL, après avoir accusé Jean Ping de « fraude massive ».

L’UE avait dénoncé, la veille, une « anomalie évidente » dans les résultats obtenus par BOA, le 27 août, dans le Haut-Ogooué.

« Nous avons des comportements parmi les observateurs de l’Union européenne, pour lesquels on pourrait dire beaucoup de choses. Je trouve que certains ont outrepassé leur mission », a insisté le président sortant.

BOA cause. BOA parlotte. BOA divague. BOA distrait. BOA amuse même la galerie par ses propos (lénifiants). Ce qu’on lui demande, c’est d’apporter ses propres chiffres qui montrent qu’il a (largement) gagné dans le Haut-Ogooué afin de contredire les chiffres de Jean Ping, qui prouvent qu’il a, largement, triché dans cette province. C’est aussi simple que cela, au lieu de s’en prendre aux observateurs de l’UE qui n’ont fait qu’observer sa tricherie.

La Mission d’observation de l’UE assène : « Une analyse portant sur le nombre de non-votants et des bulletins blancs et nuls révèle une évidente anomalie dans les résultats finaux du Haut-Ogooué », fief de BOA où la loi électorale ne s’appliquerait pas parce que chasse gardée présidentielle.

Cette province, selon les résultats officiels provisoires, a enregistré un taux de participation de 99,93% et permis au président sortant d’être réélu d’une courte tête (5.594 voix d’avance). Une fraude puante, qui dégage une odeur nauséabonde et répugnante qu’on sent jusqu’au département d’Etat, à Washington, située à 13.000 kilomètres de là.

Alors que l’opposition, mais aussi, la France (à travers son ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, et son premier ministre, Manuel Valls), ancienne puissance coloniale, réclament un nouveau décompte des résultats, BOA a répété que seule la Cour constitutionnelle (que préside la maman de ses deux demi-frères issus du même père que lui) avait le pouvoir d’en décider, conformément, à la loi électorale gabonaise dont on connaît l’efficacité.

Les Gabonais ne l’entendent pas de cette oreille, pas plus que Jean Ping le principal concerné, et encore moins, la communauté internationale, qui n’a pas été convaincue de la neutralité de cette Cour ni de sa filleule, la CENAP (Commission électorale nationale autonome et permanente), tout au long de ce processus électoral.

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