GABON : Les chefs d’Etat boudent-ils la médiation d’Idriss Déby Itno ?

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Sauf cas de force majeure, le président en exercice de l’Union africaine, le Tchadien, Idriss Déby Itno (notre photo), conduira, à partir de demain (s’il plaît à Dieu), une mission de facilitation (médiation) de haut niveau, à Libreville, avec d’autres chefs d’Etat africains. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le président tchadien va porter, là, un costume qui est loin d’être taillé pour ses maigres épaules. Spécialiste des hold up électoraux, chez lui, au Tchad, il n’est pas le dirigeant africain le mieux placé pour donner des leçons de démocratie électorale, ailleurs, d’autant plus qu’il est accusé d’avoir prêté ses mercenaires à Bongo Ondimba Ali (BOA) pour l’aider, avec la garde républicaine (présidentielle) gabonaise, à mater les empêcheurs de tourner en rond de son rival, Jean Ping.

Qui est Idriss Déby Itno ? Candidat à 5 élections présidentielles, au Tchad, il a été autoproclamé vainqueur 5 fois à l’issue des 5 scrutins qualifiés de mascarade.

En 1996, c’est feu Abdelkader Kamougué, qui est élu, dès le premier tour, alors que Déby n’occupe qu’une modeste 7e place. Pour vaincre l’humiliation qui l’envahit, il s’enferme à la base militaire de Moussoro avant de proférer des menaces sur N’Djamena, ce qui oblige l’ambassadeur de France à offrir sa médiation aux deux challengers, qui finissent par accepter ses bons offices. On sait au profit de qui !
En effet, un semblant de second tour consacre, alors, Déby comme président de la République et Kamougué comme président de l’Assemblée nationale. Et le tour est joué.

En 2001, c’est le fédéraliste, Ngarlejy Yorongar, qui gagne haut la main la présidentielle, et ce dès le premier tour. Très désagréablement surpris, Déby court déclarer à la radio télévision : « Je ne suis pas venu au pouvoir par le billet d’Air Afrique pour accepter de me faire battre par un Yorongar » (fin de citation). Conséquence : Ngarlejy Yorongar est, immédiatement, arrêté et jeté dans une cellule du commissariat du 4e arrondissement où il est, sauvagement, torturé par le directeur de la police et par Idriss Déby lui-même (qui ne s’appelait pas encore Itno).

Déby ne peut qu’être gêné aux entournures, aujourd’hui, où le « devoir » l’appelle à Libreville, d’autant plus qu’il avait, vertement, repoussé, à l’époque, la médiation du patriarche Ondimba et de son homologue centrafricain, Ange-Félix Patassé, qui voulaient, pleinement, s’investir dans la résolution de la crise post-électorale entre Déby et Yorongar.

Il faudra, vraiment, que Jean Ping et ses amis, soient d’une vigilance de tous les instants. Car si afriqueeducation.com n’avait pas révélé que Déby avait envoyé  des mercenaires tchadiens, au Gabon, pour prêter main forte à BOA, il serait, tranquillement, resté, à N’Djamena, boire son whisky-café, lui, le musulman patenté.

Pendant les élections de 2006, 2011 et 2016, la fraude électorale, plus fraîche dans les esprits des Tchadiens, s’est passée de commentaires.

Pour ce qui concerne la médiation de Libreville, aux dernières nouvelles, les chefs d’Etat contactés par Déby trouveraient des prétextes les uns après les autres pour le laisser se débrouiller, seul, avec son ami du Gabon à qui il a envoyé des mercenaires, pour mater le peuple gabonais. Pour certains, le nombre des morts (« entre 50 et 100 » selon Jean Ping) les effraie, énormément, tandis que pour d’autres, le fait que BOA s’enferme sur un juridisme qui n’a plus lieu d’être la situation du Gabon étant déjà explosive. Ce matin, encore, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, était l’un des rares à avoir confirmé sa présence aux côtés de Déby, à Libreville. On pense, ici, à un échange de bons procédés, Déby ayant, à des multiples reprises, volé à son secours, pour repousser les ogres de Boko Haram.

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