GABON : Pas la joie dans le pays à l’insoluble équation

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Depuis sa fraude électorale consacrée par la Cour constitutionnelle, Bongo Ondimba Ali (BOA) a du mal à trouver ses marques. Hier, pays de paix et de dialogue, le Gabon fonctionne selon un mode binôme. Deux présidents qui s’affichent à la face du monde : BOA (sur notre photo tient la constitution dont il est le garant lors de son investiture) reconnu par les institutions (aux ordres du pouvoir) et Jean Ping, véritable vainqueur de la présidentielle du 27 août et reconnu comme tel par l’opposition et la société civile. Résultat, le pays n’est pas (réellement) bloqué, mais il tourne (fortement) au ralenti. Combien de temps tiendra-t-il dans ces conditions ?

Danger immédiat : la rentrée scolaire et universitaire prévue les 3 et 4 octobre est retardée. Personne ne sait quand elle aura, effectivement, lieu, ce secteur étant l’un des principaux bastions de la contestation ayant appelé au départ de BOA. Pour montrer son embarras, le ministre de l’Education nationale, Florentin Moussavou, sous le pression des parents d’élèves, a dû accepter une rentrée à deux vitesses : une rentrée, uniquement, pour l’enseignement privé, les établissements publics restant affectés par le mot d’ordre des syndicalistes, particulièrement, remontés contre BOA, qui avait fait enfermer, pendant deux mois, l’un de ses principaux leaders, le président de la Dynamique unitaire, Jean Remy Yama, pour avoir appelé à voter Jean Ping. Il vient juste de sortir de prison après que le pouvoir ait réalisé son hold up électoral. Les syndicats qui pensent que le pouvoir avait fait un « mauvais jeu » en enfermant en cellule son leader mobilisateur et rassembleur, au moment où le mouvement de soutien à Jean Ping, en avait le plus besoin, entendent répondre de la plus ferme des manières, en bloquant tout simplement les écoles et universités publiques. La pression est, donc, sur les épaules de BOA. Le moindre petit faux pas gouvernemental (du genre bavure policière entraînant par exemple mort d’homme ou autre) pourrait entraîner une déflagration générale. Beaucoup n’attendent que pareille occasion. On comprend pourquoi BOA a perdu le sommeil, malgré une forme de sérénité qu’il affiche, à l’extérieur.

Autre souci de taille : la CAN de janvier 2017 arrive. BOA a donné des assurances au président de la CAF, Issa Hayatou, que tout allait se dérouler comme prévu. Ce ne sera pas le cas. Pour preuve, il a commencé par changer son propre ministre des Sports, qui s’en occupait depuis trois ans, Blaise Louembé, en l’exilant au ministère de l’Egalité des Chances, qui vient d’être créé. N’est-ce pas un aveu d’échec qui entache l’organisation de cette CAN, sinon change-t-on une équipe qui gagne à trois mois d’une grande compétition ?

Plus grave, le stade qui devait accueillir les matchs d’ouverture et la finale de cette compétition, sera encore en chantier, pendant toute l’année 2017. Et même après. Une autre solution sera, certes, trouvée si la CAN n’est pas orientée vers le Maroc ou l’Algérie, prêts à remplacer le Gabon au pied levé. C’est ce qui risque d’arriver.

Quid des élections législatives de décembre 2016. BOA, dans les conditions actuelles, ramasserait une véritable gamelle électorale, avec une installation de la cohabitation à la clé, c’est-à-dire, son isolement total dans son luxueux Palais du Bord de Mer. Dans l’équipe des émergents, ce n’est pas la joie. Alors qu’ils sont au pouvoir.

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