GABON : Quand le vainqueur désigné par la Cour constitutionnelle rase les murs

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Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle, a bien lu le verdict, vendredi, 23 septembre, devant le Gabon entier, désignant, Bongo Ondimba Ali (BOA), son beau-fils, vainqueur de l’élection présidentielle du 27 août. Pour ne pas trahir son illustre passé de juge sectaire, elle a forcé le trait en doublant, par une ultime manœuvre, l’écart qui sépare BOA et Jean Ping. Depuis cet instant, les partenaires occidentaux qui avaient pesé auprès de Jean Ping afin qu’il respecte les procédures légales de contestation, se mordent les doigts : Ping avait raison de refuser d’aller devant cet abattoir qu’est la Tour de Pise (gabonaise). Aujourd’hui, Paris, Washington, Bruxelles et New York, n’ont que leur indignation à signifier, contrairement, à Addis Abeba dont le président en exercice de l’Union africaine, le Tchadien, Idriss Déby Itno, a préféré « prendre acte » et invité les deux parties à un « dialogue politique » avec « responsabilité ». Déby, lui-même, est dans le même cas de figure que BOA. Sa réélection, en avril, pour un 5e mandat, est contestée jusqu’à ce jour par une opposition qui ne le reconnaît pas comme président du Tchad.

BOA a-t-il honte de sa victoire ? A-t-il peur de la fêter ? On n’imagine pas Jean Ping déclaré élu, se cloîtrer dans sa résidence. Tout les Gabonais du Gabon et de la diaspora seraient en fête tout ce week-end. Au contraire, BOA ( notre photo le montrant le 24 septembre devant ses partisans) rase les murs, avec les siens. Accorde, au mieux, quelques rares interviews pour rassurer. Bref, on sent qu’il n’est pas à l’aise. Il est des victoires qui pèsent négativement sur le psychologique d’une nation. Celle de BOA en est une.

Le chef de la diplomatie de BOA, Franck Emmanuel Issoze Ngondet, hier, à la tribune des Nations-Unies, a prêché la modération et la compréhension envers le Gabon dans le difficile processus en cours. Aucun pays n’a, encore, reconnu la victoire de BOA pour le féliciter, contrairement, à il y a 7 ans où un certain Nicolas Sarkozy n’avait même pas attendu le verdict de la Cour constitutionnelle pour faire savoir comment la France était disposée à poursuivre sa coopération avec le nouveau président élu du Gabon.

Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a été le premier, dès le 24 septembre, à se montrer déçu que « l’examen des recours n’ait pas levé tous les doutes de cette élection ».

Pour calmer le jeu, BOA dit à qui veut l’entendre qu’il est prêt à organiser un dialogue politique pour décider de l’avenir du pays et à ouvrir son gouvernement à l’opposition. Chez Jean Ping, on ne l’entend pas de cette oreille. « Il doit (plutôt) vider le Palais », souffle-t-on dans son camp.

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