GUERRE EN UKRAINE : Les conflits de légitimité (partout partout partout)

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Dans une guerre, il existe rarement les gentils et les méchants, la situation et les causes sont souvent lointaines et complexes. Tentons donc d’en comprendre les raisons historiques, les situations de légitime défense, ainsi que, les conflits de légitimité démocratique, juridique et militaire.

Une action militaire consistant à tuer des personnes ou à pénétrer les frontières d’un autre pays, ne s’avère jamais légitime, sauf en cas de légitime défense et de respect du droit international. Par conséquent, la guerre de la Russie contre l’Ukraine n’est pas légitime, puisqu’elle n’a pas obtenu l’accord légal du Conseil de sécurité de l’ONU.

Cependant, l’Occident et en particulier les Etats-Unis et la France ont aussi bombardé des dizaines de pays, depuis 1945 : Vietnam, Afghanistan, Irak, Lybie, Syrie, Mali, etc. Parfois, les pays occidentaux étaient dans la légalité du droit international, en ayant obtenu l’accord du Conseil de sécurité. Mais souvent, elles l’ont mené sans ces accords en trouvant des motifs généralement fallacieux de protection des civils, de la démocratie, de l’opprimé, de la stabilité… Mais en réalité, il s’agissait prioritairement de sécuriser leurs ressources économiques et politiques. La guerre s’avère généralement une continuation de la politique néocoloniale des grandes puissances (USA, France, GBR, Russie, Chine, Allemagne durant les guerres mondiales…).

Après la seconde Guerre mondiale, de 1945 à 2022, les USA ont bombardé plus d’une trentaine de pays, toujours au nom de la démocratie ! Amenez la liberté par les bombes ! Alors qu’il s’agissait principalement de protéger leurs intérêts économiques et géopolitiques. Voici quelques uns des pays bombardés pour les « sauver », Chine 1945-1946, Corée et Chine 1950-1953, Congo 1954, Vietnam 1961-1973, Lybie 1986, Chine 1950-1953, Guatemala 1954, Indonésie 1958, Cuba 1959-1960, Guatemala 1960, Congo 1964, Pérou 1965, Laos 1964-1973, Vietnam 1961-1973, Cambodge 1969-1970, Guatemala 1967-1969, Grenade 1983, Libye 1986, El Salvador 1980, Nicaragua 1980, Panama 1989, Irak 1991-1999 et 2003, Soudan 1998, Afghanistan 1998, Yougoslavie 1999,Yémen 2002, Irak, Pakistan, 2007-2015, Somalie 2007-2011, Libye 2011, Yémen 2009-2011, Syrien 2014-2015… Mais si on ajoute toutes les guerres dans lesquels les USA étaient partie-prenantes indirectement, par exemple, en fournissant des armes, il y en des centaines…

Défendre la volonté d’indépendance souveraine du Donbass est légitime. Mais pas forcément par la force. La guerre entre l’Ukraine et la Russie s’expliquent aussi par l’histoire de très anciennes rivalités. Nombreux sont les analystes, qui cherchent les causes de la guerre dans l’histoire de l’Ukraine et de la Russie. La Rusʹ de Kiev a été fondée en 880 et c’est le territoire d’origine de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie. Ce territoire a été plusieurs fois conquis par différents peuples ensuite. Puis, dans les années 1770, la Russie a repris les anciens territoires d’Ukraine aux tartares. L’Ukraine a ensuite progressivement retrouvé son indépendance, en récupérant territoires après territoires. Mais à partir de 1917, l’Ukraine est de nouveau sous l’emprise de la Russie avec la révolution soviétique de l’URSS. A cette époque, la région du Donbass (et d’autres territoires) qui étaient russes ont été redonnés à l’Ukraine.

Compte tenu, que des milliers de soldats russes stationnaient à la frontière depuis quelques semaines, ces bombardements du gouvernement de Kiev ont été provocation, une incitation volontaire pour le déclenchement de la guerre. Quel pouvait donc être l’intérêt du gouvernement de Kiev et de son président Zelenski (notre photo) de pousser la Russie à la guerre ?

Lorsqu’on se trouve face à un danger beaucoup trop puissant et dangereux pour nous, la sagesse nous conduit généralement à l’éviter, lorsque c’est possible. Compte tenu, que les Ukrainiens se trouvaient face à la 2e armée du monde, n’aurait-il pas été plus sage, qu’ils capitulent directement, plutôt que de subir d’énormes pertes humaines et matérielles et finalement, perdre quand même, comme c’est très probable? Cela relève un peu du bon sens et de la sagesse.

L’OTAN cherche à exercer une pression contre la Russie et les nouveaux pays non-alignés, telle la Chine, ou certains pays d’Amérique du Sud. Pour l’OTAN menée par les USA, la guerre en Ukraine s’avère donc une occasion d’affaiblir la Russie, à la fois militairement, politiquement et économiquement. Il semble que l’appui des USA a donc conduit, plus ou moins directement l’Ukraine à provoquer un peu la Russie, pour qu’elle déclenche les hostilités.

De même aider militairement, les Ukrainiens à se protéger d’une attaque militaire relève aussi de la légitime défense. D’un autre côté, la puissance des Russes s’avèrerait au départ si importante, que victoire russe semblait un peu plié d’avance. Donc si le gouvernement ukrainien avait capitulé rapidement cela aurait épargné beaucoup de vies humaines et de destructions. Cependant, c’était sans compter avec l’énorme soutien en matériel militaire de l’OTAN. Or, sans celui-ci l’armée Ukrainienne n’aurait sans doute pas tenu longtemps contre la seconde armée du monde. Mais, le soutien indéfectible des USA, à donc poussé le gouvernement ukrainien à prendre des risques et à lancer une nouvelle série de bombardement du Donbass le 17 février 2022, poussant les Russes vers la guerre. Cette dernière implique indirectement, tant de nation, que c’est une nouvelle guerre mondiale, après celle du Moyen Orient.

Poutine, le président Russe fait la guerre pour protéger la Russie de l’expansion de l’OTAN à l’Est. Il utilise comme prétexte la défense de la souveraineté du Donbass. Cela pourrait être légitime, si cela n’était pas aussi un prétexte pour envahir en même temps l’Ukraine, ou du moins à l’annexer et la contrôler. Comme toutes les grandes puissances, la Russie cherche à « persévérer dans son être » dirait Spinoza. Elle n’a de cesse de chercher à accroitre sa puissance d’agir. Nietzsche parlerait de volonté de puissance. Au plan psychologique, il s’agit d’une volonté de pouvoir comme l’expliquait le psychanalyste Adler, fondé sur un complexe d’infériorité subconscient, c’est-à-dire la peur subconsciente d’être faible. De même, l’OTAN, les USA et la France devraient donc cesser leur expansion vers les frontières de la Russie, pour éviter de faire monter la pression militaire.

Alors qu’est ce qui a poussé la fragile Ukraine à ne pas capituler face à la puissance de l’armée russe ? Peut-être l’ego, la fierté, la peur subconsciente d’être faible ou de ne pas s’estimer. Mais plus encore la pression de l’OTAN et son soutien militaire, qui instrumentalise l’Ukraine pour affaiblir la Russie. Puis, il y a aussi les marchands de canon et du bâtiment qui poussent à la guerre, puis à la reconstruction Ainsi, que les intérêts occidentaux consistant à affaiblir économiquement la Russie en limitant ses capacités à vendre ses marchandises, son gaz, son pétrole… Ce qui explique aussi la guerre en Ukraine relève sans doute un peu ces trois causes, qui sont psychologiques, économiques et politiques.

Ce texte vise à présenter un panorama plus équilibré des responsabilités de chacun des protagonistes en conflit. Ce qui n’est pas toujours le cas dans certains médias. En conclusion, toutes les parties en conflit sont en partie en faute. C’est le cas de la Russie puisqu’elle attaque militairement des humains, qu’elle les blesse, les tue et qu’elle attaque l’Ukraine, une nation souveraine. Mais cette dernière et l’OTAN se révèlent aussi responsables de cette guerre, puisqu’ils ne respectent pas la volonté des citoyens du Donbass de décider par eux-mêmes de leur autonomie vis à vis de l’Ukraine. Et cela malgré les Accords de Minsk pris entre l’OTAN, l’Ukraine, le Donbass et la Russie, il y a plusieurs années en 2014. De plus, depuis cette année-là, plus de 8 000 civils ont été tués au Donbass par le gouvernement d’Ukraine par ses forces militaires et miliciennes. Enfin, l’OTAN s’étend toujours plus vers l’Est mettant la Russie sous pression.

Par Thierry Brugvin,

Sociologue,

Auteur d’une vingtaine d’ouvrages

dont Le pouvoir illégal des élites (Ed. Max Milo)

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