GUINEE : Les raisons du remaniement ministériel

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Voici une nouvelle qui a certainement ravi les directeurs et secrétaires de cabinets ministériels guinéens à l’entame du mois du Ramadan. En effet, après s’être vus confier la permanence de leur ministère dans l’attente de la nomination de leur futur chef, ces hauts fonctionnaires ont dû patienter trois semaines avant d’être soulagés de la surcharge de travail. C’est ainsi que le 13 mars, Mamadi Doumbouya a, par décret, formé son troisième gouvernement de transition, avec à sa tête, le premier ministre, Bah Oury, lequel sera chargé de travailler dans l’intérêt de la Guinée et des Guinéens.

Avec un total de 29 membres, ce cabinet ministériel accueille 15 nouveaux venus dont une femme, Fatima Camara, à qui est confié le portefeuille de la Pêche et de l’Economie maritime. Elle fait son entrée dans le gouvernement, à l’inverse de Rose Pola Pricemou et Aïcha Nanette Conté, respectivement, ministre du Plan et de la Coopération internationale et ministre de la Promotion de la femme, qui en sortent. Des mouvements, qui maintiennent la proportion de femmes au gouvernement en-deçà de l’objectif de 30% annoncé par le chef de l’Etat.

Parmi les autres départs notables, on cite ceux du ministre de la Justice et des Droits de l’homme, du Budget, de l’Economie et des Finances, du Travail et de la Fonction publique, et de la Jeunesse et des Sports. Charles Wright restera dans la mémoire des Guinéens comme étant celui, qui a fait imploser le second gouvernement de transition. Perdant de vue le statut militaire de ses supérieurs, il aura fait montre de tout ce qui s’oppose à leurs attributs, à savoir, l’ordre et la discipline, en s’embarquant dans une bisbille avec son premier ministre, Bernard Goumou. Ayant passé le témoin à Yaya Karaiba Kaba, il est, aujourd’hui, aussi justiciable que tout autre Guinéen.

Dans un régistre plus ou moins identique, Lansana Bea Diallo n’a pas laissé le choix à la présidence de la Guinée en s’attaquant ouvertement à la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), en marge du lancement de la CAN-Côte d’Ivoire. Recadré sèchement dans une lettre rendue publique par l’instance footballistique nationale, le ministre de la Jeunesse et des Sports a constaté son ridicule et essayé, ensuite, de se faire oublier. Informé de sa non-reconduction après deux années passées au gouvernement, l’ancien boxeur a adressé à la junte un courrier de remerciements, emprunt d’une touche d’une humilité dont on ne le savait presque plus capable. Il cède sa place à Keamou Bogola Haba.

L’aventure s’arrête, également, là pour Julien Youmbouno du ministère du Travail et de la Fonction publique. Installé depuis 2021, il aura réalisé le triste exploit de n’enregistrer aucune vague de recrutements pour la fonction publique, malgré les multiples besoins en effectifs émis par les différents départements étatiques, et ses interminables promesses aux chômeurs guinéens. Le pire dans tout ça est qu’il aura aggravé la situation financière de ces derniers, en doublant les frais de dossiers requis pour la participation à des concours organisés par ses soins, sans jamais pouvoir communiquer les résultats définitifs. Faya François Bourouno, qui l’a remplacé, hérite d’un ministère en pleine crise de confiance auprès des Guinéens.

Enfin, Moussa Cissé (Economie et Finances) et Dr. Lancina Condé (Budget) ont, eux aussi, été mis à la porte. Après avoir été, initialement, nommés, respectivement, au Budget et à l’Economie et aux Finances, ils ont permuté l’un avec l’autre, l’année suivant leur arrivée au gouvernement, suite à un remaniement ministériel des autorités de Conakry. Le fait qu’ils figurent, désormais, sur la liste des anciens ministres signifie qu’ils n’ont, finalement, pas su convaincre le général-président, Doumbouya. Résultat, Mourna Soumah et Facinet Sylla ont été choisis pour prendre le relais.

Au pouvoir depuis 2021, Mamadi Doumbouya en est, déjà, à son troisième gouvernement. Ce qui indique qu’il est toujours à la recherche de l’équipe qui l’aidera à remettre la Guinée sur les rails du développement. Relativement discret, il ne tardera, cependant, pas à faire connaître son ressenti envers les collaborateurs du premier ministre, Bah Oury, surtout, à l’approche de la fin de la transition.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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