GUINEE : L’opposition a-t-elle déjà faim ?

Date

L’énervement est dans le ciel de Conakry où les partis politiques, commencent à se sentir à l’étroit. Le courant ne passe plus entre eux et les militaires pour la simple raison que « Ventre affamée n’a point d’oreille ».

Président de la transition, le colonel, Mamady Doumbouya, a commis deux crimes de lèse-majesté : alors que ses homologues colonels du Mali et du Burkina Faso, ont annoncé le temps qu’ils vont mettre pour asseoir la démocratie (5 ans pour le Mali et 3 ans pour le Burkina Faso), le président de transition de Guinée traîne toujours les pieds en refusant de dire quand il compte quitter le pouvoir. Ce silence empêche l’opposition de se déployer dans des postes de l’Etat et des institutions républicaines comme l’Assemblée nationale. L’autre raison, c’est la décision de l’Etat de fouiner dans la gestion passée des anciennes structures étatiques tombées en faillite à cause de la mauvaise gestion à laquelle l’opposition a parfois participé. Et l’exemple le plus emblématique, c’est quand le pouvoir de transition a invité l’ancien premier ministre et président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, à quitter la maison de fonction qu’il continuait d’occuper inopportunément alors qu’il ne remplit plus aucune fonction étatique, et de répondre de la vente illégale et dissimulée des actifs de la défunte compagnie, Air Guinée, qu’on appelait à l’époque « Air Peut-Etre ».

Pour se défendre, des dizaines de partis parmi les plus représentatifs de Guinée, ont choisi de montrer leurs crocs, en menaçant, mercredi, 9 mars, d’appeler à manifester si la junte au pouvoir persiste à les tenir à l’écart de la gestion de l’Etat et à retarder le retour des civils à la tête du pays tout en « humiliant » leurs leaders. Ces partis sont sortis de la retenue observée jusqu’alors vis-à-vis de la junte qui a pris le pouvoir en septembre 2021.

« L’inclusivité et la justice (…) ne semblent plus être la boussole » de la junte, disent-ils, référence à la promesse de celle-ci, à sa prise de pouvoir, de faire de la justice sa boussole. « Force est de constater que la junte s’écarte des règles et des principes de l’état de droit et traîne volontairement le pas dans l’accomplissement des diligences nécessaires au retour à l’ordre constitutionnel », disent-ils.

Le chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, qui s’est fait investir président le 1er octobre, s’est engagé à rendre le pouvoir à des civils élus à l’issue d’une période transitoire. Mais il refuse de se laisser dicter un délai.

Les partis reprochent à la junte une « vision unilatérale ». Ils la soupçonnent de chercher à « discréditer et humilier » ses leaders en les poussant hors de chez eux au nom d’un programme de récupération de biens de l’Etat, comme elle vient de le faire avec deux éminentes personnalités nationales dont Celou Dalein Diallo.

Une cour de répression des infractions économiques, instaurée par les autorités, est devenue un « instrument pour disqualifier des leaders politiques gênants », disent-ils. Ces partis réclament un « cadre permanent de dialogue » pour discuter de l’échéance du retour des civils au pouvoir. Ils demandent le respect du droit et de la « dignité humaine ». Il se réservent d’utiliser tous les moyens légaux, « y compris les manifestations pacifiques », pour obtenir satisfaction, et demande au « peuple de se tenir prêt ».

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier