JUSTICE : La Corée du Nord condamnée à payer 501 millions de dollars pour la mort d’un Américain

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Un tribunal de Washington a condamné, lundi, 24 décembre, la Corée du Nord à payer 501 millions de dollars pour sa responsabilité dans la mort de l’étudiant américain, Otto Warmbier, jugeant qu’il avait été victime de torture. Pyongyang reste de marbre.

« Une famille américaine, les Warmbier, a subi directement la brutalité de la Corée du Nord quand (le régime de Pyongyang) a arrêté leur fils pour l’utiliser comme un pion dans les manigances de cet Etat totalitaire et sa confrontation avec les Etats-Unis », a estimé la juge Beryl Howell.

Otto Warmbier est décédé, en juin 2017, à 22 ans, après son rapatriement dans le coma de Corée du Nord où il avait été détenu pendant 18 mois.

Etudiant à l’Université de Virginie, il avait été arrêté dans la capitale nord-coréenne à la fin d’un voyage organisé. Il avait été condamné à quinze ans de travaux forcés pour le vol d’une affiche de propagande lors de son séjour (notre photo).

La cause exacte de sa mort demeure inconnue.

Un média américain a fait état, en octobre, de nouvelles preuves accréditant la thèse selon laquelle il aurait été battu par le régime. Pyongyang a, toujours, démenti tout acte de torture, affirmant qu’il avait contracté le botulisme pendant sa détention.

La juge Howell a octroyé au total 501.134.683,80 dollars aux parents d’Otto Warmbier, en grande partie, au titre de dommages-intérêts.

« La Corée du Nord est responsable de la torture, de la prise d’otage et du meurtre extrajudiciaire d’Otto Warmbier, ainsi que, des blessures infligées à son père et à sa mère, Fred et Cindy Warmbier », a-t-elle expliqué dans sa décision.

La juge a, notamment, cité le neurologue, Daniel Kanter, selon lequel le jeune homme a, probablement, souffert de lésions cérébrales causées par une interruption de l’irrigation sanguine au cerveau qui a duré de cinq à vingt minutes.

Sur la base de cas connus d’interrogatoires menés par les services nord-coréens, le jeune homme pourrait avoir subi des simulations de noyade (« waterboarding »), des chocs électriques, des étouffements et des arrachements de dents à la pince, a souligné la juge.

Selon la magistrate, la Corée du Nord n’a pas réagi à la plainte déposée au titre d’une loi permettant à des ressortissants américains d’entamer des poursuites pour des crimes n’étant pas considérés comme couverts par l’immunité diplomatique.

Il est très improbable que la Corée du Nord paie cette somme et les avoirs du régime susceptibles d’être saisis aux Etats-Unis sont très faibles.

La mort d’Otto Warmbier avait aggravé des relations, déjà, difficiles entre Washington et Pyongyang sur la question de l’arsenal nucléaire nord-coréen. Un réchauffement soudain avait toutefois débouché sur une rencontre historique entre le « leader bien aimé », Kim Jong-un, et le président américain, Donald Trump, en juin, à Singapour.

Le jugement pourrait perturber les négociations entre Washington et Pyongyang sur un accord de dénucléarisation de la péninsule coréenne, qui semblent, toutefois, actuellement, bloquées même si M. Trump envisage de revoir en tête-à-tête le dirigeant du régime reclus début 2019.

« Il y a des progrès », a, toutefois, assuré, lundi, 24 décembre, le président américain sur Twitter, « j’attends avec impatience mon prochain Sommet avec le président Kim ».

Dans son jugement, Mme Howell a précisé que le département d’Etat américain avait, toujours, conseillé à la famille Warmbier de rester en retrait lorsqu’Otto était en détention, estimant que la Corée du Nord pourrait présenter des exigences en échange de la libération du jeune homme.

Avec AFP

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