LE RECENSEMENT

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AFRIQUE EDUCATION

Le troisième Recensement général de la population et de l’habitat (3e RGPH) est l’un des plus importants projets gouvernementaux de ce début de ce siècle au Cameroun. Il est exécuté par le Bureau central des recensements et des études de population (BUCREP). Cet organisme créé en octobre 1999 affronte là un vrai challenge pour la lutte contre la pauvreté.

CONTEXTE D’UN PROJET

Quelle est la population du Cameroun ? Quel est le niveau et la qualité de vie de cette population ? Combien y a t-il de pauvres ? Des questions bien complexes auxquelles il est difficile de répondre lorsqu’on ne dispose pas de données fiables issues d’un recensement.
Ces 15 dernières années, le suivi des programmes de développement a beaucoup reposé sur des projections qui ne rendaient que très approximativement compte de la réalité, car effectuées sur de longues périodes. Les enquêtes statistiques quant à elles, trop spécialisées, ne couvraient pas toujours tous les aspects de la vie nationale. La nécessité d’obtenir des indicateurs frais et fiables sur lesquels pourraient se bâtir un développement plus rationnel et durable était pressante. Cette préoccupation était d’autant plus urgente que le Cameroun avait souscrit à plusieurs engagements internationaux : Facilités d’ajustement structurel renforcé (FASR), souscription aux Objectifs de développement millénaire (ODM), accession au point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) ; élaboration du document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP)… Des engagements qui tendent tous vers un seul et même objectif : la lutte contre la pauvreté. Loin d’être un simple fait de mode ou un slogan pour discours politique, la lutte contre la pauvreté est une réalité au Cameroun tout comme la pauvreté de la population l’est. L’importance accordée au paramètre population dans les initiatives de développement sera davantage matérialisée avec la création du Bureau central des recensements et des études de population (BUCREP) par le décret présidentiel N° 91/230 du 4 Octobre 1999.

La préoccupation de disposer d’indicateurs frais et fiables et l’urgence de lutter contre la pauvreté seront prises en compte pour l’institution du troisième Recensement général de la population et de l’habitat (3e RGPH) par le décret présidentiel N° 2001/25 du 13 septembre 2001.

Le 3e RGPH trouve par ailleurs toute sa pertinence dans le fait que l’Etat camerounais a besoin de fondamentaux pour crédibiliser la lutte contre pauvreté engagée. Ces fondamentaux s’expriment en terme de quantité de la population et en terme de qualité et niveau de vie de cette population. D’autre part, le combat contre la pauvreté est l’un des axes prioritaires du premier septennat de Paul Biya, président de la République du Cameroun.

Toute sa pertinence justifiée, le 3e RGPH a débuté en octobre 2000 avec notamment, les travaux préparatoires. Opération longue et complexe, le 3e RGHP nécessite une préparation minutieuse, des compétences avérées, une organisation parfaite, un chronogramme précis et un cadre organique d’exécution bien défini. C’est donc fort opportunément que l’exécution du 3e RGHP est confié au BUCREP. Le BUCREP est un établissement public administratif doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière créé par décret le 4 octobre 1999. Madame Bernadette Mbarga est le directeur général du BUCREP et assure la coordination nationale du 3e RGPH.

Les étapes du projet

Comme toute entreprise de cette envergure, les premières tâches du projet ont consisté en la préparation. Les travaux préparatoires comportaient l’élaboration des documents techniques que sont les questionnaires, les manuels, le plan d’analyse… Dans la suite, une réunion des utilisateurs des résultats du recensement élargie aux organisations non gouvernementales s’est tenue pour recueillir leurs besoins. S’en est suivie la formation du personnel pour la bonne exécution du 3e RGHP, la collecte des données, l’analyse et l’exploitation. Des formations ont aussi été dispensées pour l’utilisation du GPS (Global Positionning System), du lecteur optique, des questionnaires à code barre, de l’archivage électronique, du dessin cartographique sur ordinateur… Les travaux préparatoires ont permis l’exécution efficace et efficiente des travaux de cartographie.

Les travaux de cartographie censitaire ont démarré en juin 2002. Soixante (60) agents titulaires de licence ont été recrutés et formés. Ils ont ensuite été repartis en 20 équipes (détachement) comprenant chacune un chef de détachement et deux agents topographes. Ils étaient appuyés par un chauffeur et un guide recruté sur place. Par ailleurs, le relief et les conditions climatiques dans certaines régions du pays ont amené la Coordination nationale à acquérir des bicyclettes pour en faciliter l’accès aux topographes et limiter la marche dans ces zones.

A ce jour, les travaux cartographiques sont achevés et se présentent ainsi qu’il suit : ADAMAOUA : 5 départements totalement achevés et découpés en ZD (Zones de dénombrement) ; CENTRE : 10 départements totalement achevés et découpés en ZD ; EST : 4 départements totalement achevés et découpés en ZD ; EXTREME-NORD : 6 départements totalement achevés et découpés en ZD ; LITTORAL : 4 départements totalement achevés et découpés en ZD ; NORD : 4 départements totalement achevés et découpés en ZD ; NORD-OUEST : 7 départements totalement achevés et découpés en ZD ; OUEST : 8 départements totalement achevés et découpés en ZD ; SUD : 4 départements totalement achevés et découpés en ZD ; SUD-OUEST : 6 départements totalement achevés et découpés en ZD.

Le découpage du territoire en ZD et la production des cartes pour constituer les dossiers de dénombrement sont achevés. L’exploitation des données communautaires relatives aux villes et villages va se poursuivre. Le produit final de ces travaux constituera une base de données d’une très grande richesse sur le pays en vue des opérations futures. Concomitamment aux travaux de cartographie s’est déroulé le recensement pilote. Il permet de tester tous les aspects du recensement et notamment les documents de collecte des données, les plans et programmes d’exploitation informatique et d’analyse, le questionnaire et la logistique. Il a porté sur un échantillon de 6 zones d’équipes réparties dans 24 zones pilotes. Il a été réalisé dans sept provinces : Centre, Nord, Est, Sud-Ouest, Littoral, Ouest, Nord-Ouest. A l’issue de cette opération, le questionnaire a été revu pour tenir compte des problèmes rencontrés sur le terrain. Il a été validé par le conseil scientifique du BUCREP et le Comité technique du 3e RGPH. La sensibilisation est la prochaine étape du processus avant le dénombrement principal, étape phare du 3e RGPH. Cette phase commence par le recrutement et la formation du personnel. Ainsi pour le dénombrement, l ‘on devra procéder au recrutement d’environ 18.000 agents recenseurs ; 6.000 chefs d’équipes ; 500 contrôleurs ; 70 superviseurs départementaux ; 10 coordonnateurs provinciaux ; 70 chauffeurs ; 60 agents de bureaux ; 120 gardiens.

Au terme de tout le processus de dénombrement de la population du Cameroun, le niveau de vie de celle-ci, et d’autres indicateurs nécessaires à la lutte contre la pauvreté engagée par le Cameroun seront connus et disponibles pour l’Etat, les organisations, le secteur privé et tous les partenaires au développement. C’est dire l’impact politique économiques et social du projet.


Un projet à impact tridimensionnel

Les enjeux que revêt la connaissance des caractéristiques de la population se vérifient sur plusieurs plans :

Au plan politique : la connaissance des données démographiques permet de déterminer la population en âge de voter, de connaître l’électorat.
Au plan économique : l’implantation des activités économiques est subordonnée à la connaissance de la population laquelle constitue un marché ou une source de main d’œuvre. C’est une donnée essentielle pour les investisseurs et les planificateurs.
Au plan général : pour le gouvernement, le développement équilibré et l’offre rationnelle des services sociaux de base à la population repose sur les données de population qui résultent du recensement bien conçu, bien mené et bien exploité. Ces données permettent d’éviter les planifications sans rapport avec la réalité. La construction des écoles, des hôpitaux et des routes est mieux planifiée.

Ce recensement marque une avancée décisive en matière d’innovation. Il tranche en effet, avec les précédents, tant au niveau actuel de sa réalisation que sur plusieurs aspects.

L’aspect technique : outre l’obtention des grandes composantes de la population, le 3e recensement apportera des informations pour éclairer une politique de développement plus rationnelle et ciblée, de manière à lutter plus efficacement contre la pauvreté et la précarité au sein des populations.

Le 3e Recensement général, à la différence des précédents, s’exécute au sein d’une administration de mission à savoir, le BUCREP.

Le questionnaire : celui du 3e recensement innove avec l’introduction des variables socio-culturelles, notamment, la langue, l’ethnie et les causes des décès, facteurs déterminants pour l’identification et la localisation des populations.

Sur l’aspect technologique : le 3e RGPH intègre les nouvelles préoccupations nationales et internationales sur les nouvelles technologies. Lors de son discours à la nation le 31 décembre 2002, le chef de l’Etat a fustigé les méthodes archaïques d’identification de la population et a souligné la nécessité de les moderniser. Le 3e RGPH s’est mis à la page de la modernité : internet, ordinateur, GPS , lecteurs optiques, archivage électronique. L’opération gagne ainsi en rapidité d’exécution, de précision des données et de fiabilité des résultats.

Les opérations de cartographie sont appuyées par l’utilisation des GPS , système américain de localisation instantanée des divers éléments à la surface de la terre. Ceci contribue à rendre la couverture cartographique plus fiable, l’adressage des localités et la délimitation des zones de dénombrement plus précise. La répartition des charges de travail aux agents recenseurs en devient plus relationnelle.

Pour le 3e RGPH, le lecteur optique permettra de réaliser une saisie rapide des données collectées sur le terrain, de diminuer la marge d’erreur de saisie des données, ce qui facilitera l’exploitation des données issues de la collecte et aboutit à une publication rapide des premiers résultats.

Pour le 3e RGPH, le GPS permet de donner le positionnement des points, de faire des tracés, des routes en relevant leurs coordonnées géographiques de tous les sites habités et de tous les détails naturels du territoire, il permet enfin de délimiter les zones de dénombrement de chaque agent recenseur. Cet outil est déterminant dans les travaux cartographiques.

L’archivage électronique est une bibliothèque où sont stockées des données pour les utilisations futures. Elle se fait à l’aide du disque dur et du CD-ROM.
L’archivage électronique vise à faciliter l’échange des données entre chercheurs de manière à permettre des analyses approfondies, la réanalyse ou la consultation des sources exploitées. Pour le 3e RGPH, tous les documents sous toutes les formes seront recueillis et rangés en vue de permettre et de faciliter l’archivage électronique. Les utilisateurs auront ainsi un large éventail des données issues du 3e RGPH.

Ces outils acquis pour le 3e RGPH garantissent par leur capacité technique et leur efficacité la précision des données des résultats du 3e RGPH. Le 3e RGPH est donc assurément un projet d’envergure qui ouvre de nouvelles espérances pour le Cameroun en matière de lutte contre la pauvreté et pour le développement

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