Le renard Sassou et ses petits devenus grands ou de la crise en cours au sein de la tanière PCT

Date

I – PRÉLIMINAIRES

Créé le 31 décembre 1969 par feu commandant, Marien Ngouabi, le PCT (Parti congolais du travail), alors, d’obédience marxiste-léniniste, a, toujours, été un parti en crise, une tanière au sein de laquelle les grands dévorent les petits et les petits qui échappent à ce sort, se jettent sur les vieux, qui ne veulent pas prendre leur retraite. Les crises et drames au sein de cette jungle des camarades, sont donc légion ; à commencer par la révolte des « petits gauchistes », le 22 février 1972, contre le fondateur, Marien Ngouabi (Affaire Diawara). Le fondateur suspendra, pratiquement, ce parti à partir de 1973. Sassou, son ministre de la Défense et de la Sécurité, décidera de faire mieux en 1977 : il assassinera Marien Ngouabi, un jour de fête : le 18 mars et suspendra, très officiellement, le PCT « jusqu’à nouvel ordre ». Il mettra à la place un Comité militaire dirigé par un ancien membre du parti, habilement, choisi : Yhombi Opango. En 1979, celui-ci sera accusé par Sassou de tous les crimes : traîtrise, haute trahison, et le jettera en prison sans jugement, mais en faisant crier sur les toits, pendant de longs jours : « Yhombi a mené une vie de bourgeois à la tête de l’Etat ; Yhombi a trahi l’image du dirigeant exemplaire que nous a laissée le grand et immortel, Marien Ngouabi ».

Sassou remplace, donc, Yhombi Opango à la tête du pays. Il rétablit le PCT suspendu par lui en 1977, fait, officiellement, déclarer Marien Ngouabi « grand immortel » et s’épingle, en même temps, un titre qui fera le malheur du Congo pendant longtemps, jusqu’à ce jour. Ce titre, c’est : « Kaka ngé », c’est-à-dire, « l’immortel au pouvoir » tandis que Ngouabi n’est immortel que dans le monde de l’outre-tombe.

Patatras ! En 1989, le marxisme-léninisme et le monopartisme s’écroulent dans le monde. Surpris, Sassou et le PCT (ressuscité en 1979) tiennent, précipitamment, Congrès ou Assemblée Générale, et décident de ne brader que le marxisme- léninisme. Le sigle PCT, lui, est maintenu en place, par honneur à l’immortel, Marien Ngouabi, affirme-t-on à l’unanimité. Unanimité, en réalité, d’un parti fait prisonnier par Sassou. Oui, depuis l’assassinat de Marien Ngouabi par Sassou, le 18 mars 1977, le PCT ressemble à un bien de guerre entre les mains de Sassou. Fini le temps des membres ambigus à double carapace. Tous doivent être pro-Sassou avant de se dire adeptes de la social-démocratie, la nouvelle idéologie choisie, précipitamment, après l’abandon tout aussi précipité du marxisme-léninisme. Continuons d’énumérer les dates et les faits qui confirment la marche rocambolesque de ce parti.

En 1991, une Conférence nationale souveraine se tient au Congo. Elle est sereine malgré tout ce que de vilaines langues prédisaient. Le PCT, ancien parti terroriste, n’en est pas exclu. Au contraire, il y raconte plein de fables sur son passé de fauve, de dévoreur des libertés et de tueur de paisibles gens. Oui, tout le monde l’écouta parler, mentir sur tout … sans le chasser de la salle ; même quand il débita des sottises à propos de l’assassinat de son fondateur, Marien Ngouabi. Mais ce ne fut pas la même attitude de tolérance dans le pays quand vint, en 1992, le temps des urnes. Des urnes libres et transparentes. La voix du peuple balaya le PCT de tous les hauts postes qu’il s’était, toujours, octroyés jusque-là. Son chef, Sassou Nguesso, fut battu par Lissouba, à la présidentielle. Ses candidats à l’Assemblée nationale se trouvèrent devancés par ceux de deux nouveaux partis.

Ce désastre historique devant les urnes, devant le peuple avait été précédé d’un autre : la désertion des rangs du PCT par un grand nombre de ses adhérents au lendemain de l’écroulement du Mur de Berlin et de l’avènement du multipartisme là où régnait jusque-là le système de parti unique. Presque tous les nouveaux partis apparus sur la scène politique congolaise, en 1991 et 1992, furent lancés par des anciens grands membres, voire, dirigeants du PCT. Oui, de nombreux membres s’envolèrent de ses rangs à l’instar des termites quand elles se sentent pourvues d’ailes. N’est-ce pas ce à quoi on assiste, aujourd’hui, au sein de la tanière PCT ? Aujourd’hui, c’est-à-dire, devant les premiers signes du Vent de 2016.

Des renardeaux devenus grands, qui se sentent donc un pelage d’adulte sur le dos, des dents solides et pointues sur les mâchoires, des griffes acérées au bout des pattes… ne veulent plus que le vieux les traite de gamins, les nourrisse, encore, d’illusions, les nèmes, par la ruse, sur des chemins sans avenir pour eux. Bref, au sein de la tanière PCT, les choses se passent maintenant comme au fond des termitières à la saison de la poussée des aides sur certains de leurs habitants. Ces élus se sentent irrésistiblement appelés à partir, à abandonner, non seulement, le sous-sol mais le sol, la terre ; à s’envoler vers le vaste espace ; à n’être plus fourni ; à devenir oiseaux, ailés, bref à changer de nature et de destin.

Mais si au niveau des termitières, la poussée des ailes sur certains de leurs habitants est une loi de vie et donne donc lieu à des fêtes – celle notamment du beau départ des élus à la tombée de certains doux crépuscules – le phénomène provoque des réactions tout fait différentes à celui des tanières. Ici, comme nous l’avons vu à propos de la tanière PCT, on ne veut pas des jeunes qui veulent se dire grands ou appeler les vieux à « prendre la retraite ». La tanière PCT vit ce drame en ce moment. Son ancêtre, Sassou Nguesso, ne veut pas entendre un de ses renardeaux devenus grands lui rappeler qu’il doit cesser d’être maître des lieux en 2016.

Puisse le combat de ces renardeaux triompher car le temps des partis rétrogrades est révolu ! Mais pour que leur combat ait un sens historique, il ne suffit pas d’évoquer une maturité acquise au fond de cette tragique et sanglante tanière qu’est le PCT. Il faut asseoir fondamentalement la contestation du vieux renard sur d’autres considérations, sur d’autres expériences dont la toute première est, naturellement, la fin des partis tanières, creusés dans le roc des tribus, clans et autres falaises ethniques.

En d’autres termes, les renardeaux de la tanière PCT devenus grands et qui revendiquent leur maturité, doivent asseoir celle-ci non pas sur les lois et mœurs selon lesquelles ils ont été élevés au fond de cette tanière, mais à la lumière des justes jugements qu’ils entendent porter contre ce triste berceau. Parmi ces jugements, citons celui porté, tout récemment, à Addis Abeba, en Ethiopie, par le président, Barack Obama, contre les dirigeants qui se considèrent comme le centre de tout. Voici ce jugement : « Parfois, on entend un chef d’Etat qui dit : je suis seul à pouvoir empêcher cette nation d’éclater. Si c’est vrai, cela signifie qu’il a échoué à construire une véritable nation ». Qui ne reconnaît pas le Kaka ngé Sassou Nguesso dans ce chef d’Etat ? Sassou Nguesso n’entend pas quitter le pouvoir, en 2016, après plus de trente ans qu’il l’exerce. Il fonde son refus sur sa qualité de chef, de maître, de président d’or, rare, exceptionnel, incomparable. Conviction qui l’a amené à éliminer tous ceux qui lui ont dénié cette nature de semi-dieu et qu’il fait planer sous le nom Référendum à l’horizon de cette fameuse année. Un référendum aux urnes semblables aux flancs brûlants de la statue de Moloch. Sassou est un chef d’Etat qui a échoué. Il est arrivé au pouvoir par le plus grand échec qu’on puisse imaginer : l’élimination d’un concurrent par un coup de poignard dans le dos. Et quel concurrent ? Un coéquipier ; pire, le chef d’équipe (assassinat de Marien Ngouabi le 18 mars 1977. Et son tombeau officiel ne contient pas son corps. Quel monstre, Sassou Nguesso !)

II – DÉVELOPPEMENT

Première Partie.

1 – Chers compatriotes en lutte contre l’indécrottable tyran, Sassou Nguesso, appelé en langue locale « Le Kaka ngé » (l’irremplaçable) et Chers amis qui assistent le Congo dans ce combat qui va, irréversiblement, triompher (au plus tard en 2016), je vous invite à continuer notre analyse sur le « Kaka ngé » devant 2016. Et surtout, je vous prie, donc, de renouer avec tout ce que nous avons dit au cours des précédents articles parus dans le cadre de la rubrique intitulée : « Sassou Nguesso l’entêté devant 2016 ». Sans vouloir douter de la bonne mémoire de ceux qui nous ont déjà lu, il y a plus d’un mois, nous rappelons que nous traitons, dans cette rubrique, de la fin irréversible du tyran, Sassou Nguesso, en 2016, après plus de trente ans de pouvoir. Un pouvoir conquis en versant le sang du président d’alors, Marien Ngouabi, et gardé, depuis, en répandant sans cesse celui de centaines de milliers d’autres Congolais. Ruses et guerres depuis 1977. Sassou Nguesso n’est donc plus un jeune renard. C’est pourquoi j’aurais dû intituler ces pages : « Un renard qui finit par se méfier de ses renardeaux ».

2 – En effet, un des spectacles que donne le Congo, au niveau de celui qui y multiplie ruses et crimes, est la désertion galopante de cette tanière trentenaire par nombre de ceux qui ont été élevés. Pour emprunter une autre image à un colonel écrivain du régime Nguesso, le régime donne le spectacle d’une termitière qui va se vider bientôt. Ceux qui ont des ailes se préparent pour l’envol, le moment venu. C’était, déjà, le cas en 1991 quand la Conférence nationale souveraine mit à nu tout le système de ruse et de crimes du renard. Nombre de ses renardeaux abandonnèrent la tanière PCT. Il en fut de même quand Sassou fut évincé du pouvoir par les urnes en 1992. Abandonné seul au fond de sa tanière, il choisit de s’exiler presqu’en solitaire. Malheureusement, son successeur à la tête du pays ne se montra pas plus habile que lui. Le renard en profita pour revenir au pays, à la tête d’une armée de mercenaires. Ce fut la guerre civile de 1997 qu’il remporta comme un lion. Ses renardeaux se rassemblèrent à nouveau autour de lui. Mais loi de la nature : la plupart d’entre eux se considèrent comme de renards adultes, et ce d’autant plus que l’ancêtre leur a juré, en 2002, qu’il renoncerait à être à la tête de la tanière. Les jeunes renards lui ont fait confiance, ont crû à sa parole.

3 – Mais voici que depuis 2014, le vieux ne jure plus que par sa volonté de se maintenir à la tête de la tanière. Quel indécrottable rusé ! A quoi peut aboutir ce revirement du vieux renard ? Cette trahison de la parole qu’il a donnée, qu’il a jurée devant ses renardeaux devenus aujourd’hui de très grands enfants ? La réponse, c’est le spectacle que donne la tanière PCT (parti du vieux renard) depuis que les jeunes renards adultes ont découvert que leur ancêtre les a roulés ; depuis qu’ils ont vu leur ambition de jouer eux aussi, aux grands renards, rejetée traîtreusement par l’ancêtre au fond de la tanière. Le parti découvre – il était temps – qui est à sa tête, qui le conduit depuis que son fondateur – Marien Ngouabi – a été assassiné le 18 mars 1977. Oui, de nombreux jeunes renards découvrent qui est, profondément, leur vieux : un roublard qui barre la route même à ses enfants devenus adultes. Oui, des membres du PCT ont caressé l’espoir d’être candidats à la présidentielle de 2016, de l’emporter « triomphalement » (sic) sur ceux de l’opposition. Voici que le vieux leur arrache la victoire, voici qu’il décide encore, au mépris de sa parole donnée, jurée, solennellement, publiquement, être encore président au-delà de 2016, à la tête d’un 3e mandat, soit jusqu’à sa mort.

4 – Cette manœuvre du vieux renard n’est pas la seule qui trouble les esprits au sein de la tanière PCT. Souvenez-vous de l’une de nos précédentes publications : celle dans laquelle nous indiquions que le vieux renard peut choisir comme successeur, en 2016, l’un de ses enfants ou neveux, c’est-à-dire, se passer, se moquer du choix de son parti à cet égard. Cette hypothèse a fait réfléchir un certain nombre de jeunes renards adultes au sein de la tanière PCT. Pire, a révolté quelques uns d’entre eux. Résultat : la tanière PCT est bien en crise malgré les apparences. Et ceci à cause de l’esprit de roublardise et de trahison du vieux président.

Nous venons de parler de la trahison de son serment de ne point être candidat et donc, de la réduction au silence des jeunes adultes de sa tanière, qui voulaient être grands, très grands en 2016. Parlons d’un autre sujet de mécontentement au sein de la tanière PCT. Depuis 2014, le vieux renard traite ses renardeaux comme de petits valets immatures. Rappelez-vous, c’est aux « sages coutumiers » de sa tribu – les Mbosi – qu’il s’ouvrit d’abord de sa volonté de renier, en 2016, son serment de ne point être candidat à un 3e mandat. Ce ne fut que bien après cette délibération en milieu ancestral qu’il demanda à sa structure moderne – le parti PCT – de se lancer dans la bataille avec le fameux slogan : « Touche pas à mon président ». Slogan aujourd’hui abandonné, démodé. Et pour cause : le renard a, ensuite, frappé à une porte : celle des anciennes et actuelles personnalités du pays. Ce furent les fameuses « consultations » tous azimuts de juillet dernier. Certains renardeaux devenus adultes, trouvèrent ce vagabondage de leur vieux incompréhensible voire méprisant vis-à-vis des enfants de sa tanière PCT, littéralement, considérés par lui comme quantité négligeable, et peu digne d’intérêt.

5 – N’ayant point pu expliquer à aucun niveau officiel de la tanière, les raisons de ce vagabondage vers de « hautes personnalités du pays », après les conclaves avortés au niveau des « sages coutumiers », le vieux renard constata la sourde colère de ses renardeaux. Comme pour tenter de les calmer, il lança, aussitôt, l’idée d’un dialogue dit ouvert, national, mais devant se tenir, obligatoirement, hors de Brazzaville, capitale de la tanière qui ne doit abriter aucun débat périlleux. Toutes les villes de l’intérieur, en particulier, Djambala et Ouesso, lui firent savoir leur refus catégorique d’abriter un tel dialogue de simple escroquerie. Le vieux renard entra en colère, dit-on. Et décida que son dialogue national se tienne à Sibiti, ville qu’il avait visitée en 2014 et où il avait lancé une phrase sibylline : « Le sang et les larmes des autres, ça suffit ! ». Sibylline parce que jusqu’ici, personne ne peut dire à qui elle s’adressait ou intimait l’ordre d’abandonner les projets de massacre, d’empoisonnement de ses semblables.

6 – Sibiti croyait revoir Sassou Nguesso en 2015, entendre sa voix sur la paix, dans le cadre du fameux dialogue national lancé sans préparation ; on connaît la suite : Sassou n’apparut pas au dialogue national. Il en confia la charge au plus ancien des renardeaux dans le grade le plus élevé, en l’occurrence, le président du sénat. L’opposition refusa de prendre part à ce dialogue d’escroquerie. Et Sibiti a ajouté son nom aux villes où Sassou tente de faire asseoir, dialoguer les Congolais… mais sans résultat. Avant Sibiti, c’étaient Ewo et Dolisie.

« L’échec de Sibiti nous donne raison », murmurent de plus en plus haut, même au sein de la tanière, les renardeaux les plus décidés à en finir avec la politique de ruse du vieux. « Ça dure depuis le 18 mars 1977 (assassinats de Marien Ngouabi, de Massamba-Débat, du cardinal Biayenda) ». Ça dure depuis le débat dit « Sur la refondation et la conservation du parti » (Débat qui a emporté Noumazalayi dans la tombe et cloué sur un lit, sans espoir de guérison, son adversaire Lekoundzou).

7 – Mais le grand événement qui fait solidairement dresser les queues et les oreilles aux renardeaux devenus grands au sein de la tanière PCT, ce n’est pas ce que nous venons de rappeler ci-dessus car au sein du PCT, on sait depuis longtemps, que la ligne du parti et largement son programme, c’est la ruse, le mensonge. Ce qui ébranle la tanière en ce moment – et sans nul doute de façon irréversible – est venu de l’extérieur. Oui, deux événements qui ont secoué cette tanière comme un tremblement de terre. Le premier, c’est la visite du président Hollande en Afrique. Il a visité deux pays voisins du Congo : le Cameroun et l’Angola. Brazzaville, capitale de la France libre méritait bien sa visite, le peuple congolais le souhaitait. Mais malheureusement, le pays est entre les mains d’un président infréquentable, du moins à son domicile. Le peuple congolais a compris de façon profonde, c’est-à-dire, historique que Sassou Nguesso est un malheur pour lui ; qu’il doit s’en débarrasser « coûte que coûte » (sic).

Le second événement, c’est le discours du président, Barack Obama, à Addis Abeba, le 28 juillet à 13 h 30, sur la démocratie, précisément, en Afrique, plus précisément, encore, dans les pays de ce continent où certains chefs d’Etat jouent au virus Ebola avec les constitutions qu’ils y promulguent. Des constitutions qui affirment, formellement, les principes et mécanismes jusqu’au nombre de mandats présidentiels qu’on peut, limitativement, assumer mais qui, dans la réalité, sont de pures coquilles vides, sont de pures pièges à la démocratie.

8 – Rappelons quelques phrases de ce discours historique qui a secoué jusqu’au fond de la terre les trônes de ces chefs d’Etat Ebola : « Lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles du jeu en cours de route pour rester au pouvoir, cela risque de créer de l’instabilité et des conflits, comme on l’a vu au Burundi. Et c’est souvent le premier pas vers la paralysie. Parfois, on entend un chef d’Etat qui dit : je suis le seul à pouvoir empêcher cette nation d’éclater. Si c’est vrai, cela signifie qu’il a échoué à construire une véritable nation ». Phrases longuement applaudies au Congo. Non seulement au sein de l’opposition et de la population, mais dans certains recoins de la tanière PCT où l’on ne veut entendre parler de modification ou changement de la constitutionnette de 2002 où l’on veut la garder, c’est-à-dire, n’entend pas voir le vieux briscard encore régnant après 2016.

9 – Evidemment, le vieux renard a fait rapidement monter sur les toits des maisons de renardeaux très immatures afin qu’ils y clapissent des idioties, des imbécillités, précisément, celles raillées par le président Obama dans son discours lumière. Oui, Sassou Nguesso a envoyé sur les toits des idiots afin qu’il y débitent des sottises contre le brillant discours du président Obama. Des sottises du genre de celles-ci : le Congo est un pays libre et souverain ; il peut donc se donner un indécrottable Kaka ngé ; le Congo connaît la paix et le bonheur sous Sassou Nguesso, il doit donc le maintenir au pouvoir comme un don du ciel. Pour ces naïfs, la paix et la concorde et la prospérité règnent au Congo depuis 1977, année où Sassou a pris le pouvoir en assassinant le président, Marien Ngouabi, sans parler de 1997, 1998, 1999, années où il a liquidé à l’aide de forces mercenaires les acquis démocratiques apportés par une belle Conférence nationale souveraine en 1991-1992.

10 – Après avoir tout saccagé à l’aide des lois et pratiques basées sur le culte de sa personne et de caprices, Sassou fit semblant, en 1992, de se rallier à l’ordre rétabli dans le pays par une belle Conférence nationale souveraine. Il offrit sa collaboration politique au président Lissouba, démocratiquement, élu, en 1992. Lissouba ne se méfia pas du renard. Il crut, naïvement, que son nouveau pelage signifiait qu’il avait changé de cœur. Erreur ! En 1997, le renard lui sauta dessus. C’est donc cette nouvelle carrière du rusé qui doit prendre fin en 2016, l’intéressé ayant juré, en 2002, qu’il ne briguerait pas un 3 e septennat. C’est la fin de la tricherie que certains renardeaux qui y ont grandi et qui se rendent compte maintenant vers où toutes les « Nouvelles Espérances » prônées ainsi que les « Chemins d’avenir » indiqués à l’horizon, ont conduit le pays : vers le chaos.

11 – Le vieux renard qui a prudemment évité de se rendre à Sibiti, d’ouvrir en personne ce dialogue dit national, pointe maintenant son nez vers une autre direction : le référendum, le verdict du peuple par les urnes. Et pourquoi cette énième direction dans son vagabondage, après les tentatives de « dialogue coutumier » avec les chefs de tribu, après les consultations des notables modernes, en son palais, après le monologue fiasco de Sibiti ? Tout simplement parce qu’il sait que les urnes au Congo, depuis la mascarade du référendum constitutionnel qui a abouti à la constitutionnette de 2002, n’émettent qu’un seul verdict : la volonté de celui qui les consultent, qui leur demande de parler sans la moindre surprise, a fortiori, sans erreur.

Que diront, que feront les renardeaux de la tanière PCT devant le jeu de référendum auquel veut s’abandonner leur vieux renard après l’échec de Sibiti ? Après surtout l’isolement de plus en plus grand du régime de leur mentor Sassou Nguesso ?

12 – Notre réponse est simple. S’ils s’aperçoivent sincèrement que leur père du 18 mars 1977 (prise du pouvoir par lui par l’assassinat du président d’alors, Marien Ngouabi), oui s’ils s’aperçoivent que Sassou est demeuré le même, c’est- à-dire, assassin, verseur de sang pour un oui et pour un non, alors, ils doivent tirer la leçon. Cette leçon est dans l’attitude illustrée par le refus du président Hollande de visiter le Congo au cours de son dernier voyage en Afrique, ceci afin de ne pas crédibiliser un régime qui n’en est pas un, qui ne tient en place que par la terreur. Elle est aussi dans le discours du président Obama à Addis Abeba. Elle est aussi, bien sûr, dans tous les actes de Sassou par lesquels il tient, depuis le 18 mars 1977, le PCT (fondé par celui qu’il a assassiné) comme un parti à tuer, à assassiner chaque jour, malgré les apparences. Oui, la trajectoire du PCT, depuis la date de l’assassinat de son fondateur, Marien Ngouabi, est une trajectoire de mépris, d’abandon, d’agonie. Sassou le traite en réalité comme un parti marchepied. Et pour cause ! Il a assassiné son fondateur, le 18 mars 1977. Il ne peut donc se contredire en glorifiant son enfant, le PCT, en travaillant sur la base des idées et programmes que Marien Ngouabi y a inscrits.

13 – Puissent ceux qui, au sein du PCT, sont surpris de voir Sassou se comporter comme si ce parti n’existe pas, ne compte pas. Comprendre qu’il ne peut pas être à la fois celui qui a assassiné le père de ce parti et sincère continuateur des idéaux et programmes de celui-ci. En d’autres termes, en marginalisant voire en ridiculisant le PCT, en l’asservissant, Sassou continue d’assassiner Marien Ngouabi, de faire oublier son nom :

− Puissent ceux qui, au sein de ce parti devenu, en réalité, marche pied de Sassou, être clairs et francs ! C’est-à-dire, libérés du mal qui l’a toujours gangrené. Mal que son fondateur, feu Marien Ngouabi, avait vite diagnostiqué en parlant de parti aux adhérents ambigus, « d’un côté carapace et de l’autre carapace », c’est-à-dire, incompréhensibles !

− Puissent ceux qui démasquent aujourd’hui le jeu, le double jeu de celui qui été plus que tortue en son sein, s’engager à rompre avec cette gangrène ! Un parti qui a plus de 45 ans aujourd’hui et qui ne porte aucun nom vénéré par tous, et qui n’a laissé sur sa trajectoire aucune borne devant laquelle les jeunes générations s’arrêtent, méditent, apprennent à grandir et à se mettre au service de leur pays, un tel parti doit suspendre sa longue marche stérile, s’interroger sur le mal qui détruit en lui toute possibilité de construire quelque chose qui passe à la postérité. N’est-ce pas lui-même – et non seulement ses membres – qui carapace d’un côté et encore carapace de l’autre ?

− Puissent ses membres réfléchir sérieusement sur cette phrase du président Obama qui lève le voile sur les individus ou les situations, qui se masquent de grandeur, qui se drapent dans de la grandeur entretenue à son de cloche : « Parfois on entend un chef d’Etat qui dit : « Je suis le seul à pouvoir empêcher cette nation d’éclater. Si c’est vrai, cela signifie qu’il a échoué à construire une véritable nation ». Le PCT aux slogans toujours sonores ne joue-t-il ps le même jeu de ces chefs d’Etat qui se disent bâtisseurs, sauveurs alors qu’ils sont fossoyeurs, dévastateurs, destructeurs ?

− Puissent ceux qui démasquent une tricherie, une longue ruse, une permanente déloyauté dans le comportement actuel du « vieux » devant l’horizon 2016, avoir le courage supplémentaire de prôner, haut et fort, l’abandon, la fermeture de cette carrière où l’on n’apprend qu’à tricher, ruser, mentir, jurer des serments qu’on ne tient pas le moment venu !

− Puissent-ils avoir, enfin, le courage de dire haut et fort : « Dans une tanière (le PCT) on n’apprend qu’à masquer, qu’à glorifier l’échec » ! Nous rejoignons le mouvement national qui prêche la loyauté totale, qui veut que Sassou et sa tunique empoisonnée (son parti sans loyauté) s’en aillent au fond de l’histoire !

14 – Le triomphe de ces souhaits dépend, prioritairement, de ceux qui veulent remonter à la surface de leur sordide carrière afin de s’y revêtir de pureté, d’y voir pousser dans le dos de blanches ailes qui les aideront, comme des termites – pourquoi pas comme des anges – à s’envoler vers le ciel pur.

Le ciel pur, c’est-à-dire, peuplé à la fois de gens sans péché et de ceux qui ont confessé et regretté toutes leurs fautes passées, le Congo en a besoin pour ses heureux jours à venir.

Même le Kaka ngé Sassou Nguesso, s’il regrette, confesse et paye le prix de ses monstruosités passées, pourra, par le geste, aider son peuple à se remettre sur la voie du redressement, de la concorde. Or regretter, confesser, payer le prix de toutes les monstruosités, erreurs du passé, c’est ce que le Kaka ngé Sassou Nguesso ne veut pas entendre murmurer à ses oreilles, encore, moins, songer à faire. A ses yeux, le risque est trop grand au bout de cette voie. Ce serait reconnaître, avouer que c’est lui qui a assassiné son frère Marien Ngouabi, le 18 mars 1977 et monté tout le mécanisme qui a accusé à sa place, l’impérialisme international puis l’ancien président Massamba-Débat, puis le saint-cardinal, Emile Biayenda (qui aurait reçu en confidence ce que Ngouabi pensait de son ministre de la Défense et de la Sécurité, le monstre Denis Sassou Nguesso). Celui-ci avait mis le bureau de Marien Ngouabi sur écoute, sans parler des longues oreilles de Mouassiposso, homme de Sassou établi, à cette époque, comme chef du protocole, à la présidence de la République, auprès de Marien Ngouabi. Résultat, renard Sassou écoutait tout, enregistrait tout, se faisait tout rapporter. Il pouvait donc noircir, dénaturer, tordre dans tous les sens ce qui se disait ou s’échangeait en ce haut lieu.

Me Aloyse Moudileno Massengo, Ancien premier ministre, ancien ministre de la Justice

Prochain article :

Deuxième partie : Sassou joue avec son échec, donc, de notre malheur mais jusqu’à quand ?

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