LEGISLATIVES AU SENEGAL : Report du scrutin et dialogue avec l’opposition, conseille-t-on à Macky Sall

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Un Sénégalais de la diaspora vient d’envoyer une lettre au président, Macky Sall. Il le connait, depuis plusieurs années, pour l’avoir suivi, très tôt, et même soutenu, quand peu de personnes pouvaient miser sur l’actuel président de la République. Voici le contenu de sa lettre :


Monsieur le Président de la République du Sénégal, Son excellence Macky Sall,
Aujourd’hui, permettez-moi de vous appeler Mon Frère Macky Sall, comme vous me l’aviez dit à Denver
(Colorado) en 2008 lorsqu’on s’est croisés là-bas à l’occasion de l’investiture par le parti démocrate
américain du candidat Barack Obama.


Vous saviez à l’époque en 2008, vous étiez le Président de l’Assemblée nationale du Sénégal qui subissait
l’injustice d’un pouvoir libéral aveugle finissant, en l’occurrence, le pouvoir du Président Abdoulaye Wade.
Vous étiez le Président de l’Assemblée nationale quand on a parlé Monsieur le Président, rappelez-vous.
Monsieur le Président, aujourd’hui, le Sénégal est meurtri.


Beaucoup de morts comptabilisés, une trentaine, depuis l’alternance de 2000 jusqu’à nos jours.
Même un Sénégalais de tué, c’est beaucoup car je me rappelle Monsieur Macky Sall, quand on a parlé et que
je vous ai demandé comment vous soutenir face à votre injustice, vous m’aviez répondu qu’on n’avait qu’à
prendre la voie libérale et républicaine, par la République, qui veut dire par le droit constitutionnel.
C’était sage.


Vraiment, j’étais étonné qu’un homme qui est bousculé, un homme qui est insulté, calmement, puisse
prendre le chemin droit, le chemin de la Constitution pour faire face à la machine libérale, très puissante à
l’époque.


Monsieur le Président, juste après, vous aviez été convoqué à la DIC. On avait gardé votre passeport.
De New York, j’avais été le premier à écrire au Secrétaire Général des Nations-Unies, Monsieur Ban Ki-moon, et à
la Secrétaire d’Etat français aux droits de l’Homme, Madame Rama Yade, pour exiger que le gouvernement
dictatorial puisse vous rendre votre passeport et votre liberté, ce qui n’a pas tardé car vous n’avez pas
passé la nuit dans les mains de la DIC, la Division de l’investigation criminelle.


Monsieur le Président, aujourd’hui, vous êtes face à l’histoire.
Aujourd’hui, une situation inédite s’est produite au Sénégal car les Sénégalais n’ont plus les mots pour
parler de leur souffrance. Les Sénégalais sont aliénés jusqu’à utiliser des casseroles.


Monsieur le Président, on voit des enfants avec des casseroles à 20h pour le dîner, des casseroles vides,
pour vous montrer à quel point ils sont dans le désespoir et, Monsieur le Président, le désespoir est
mobilisateur. Quand il mobilise, il devient très dangereux.


Il n’est pas trop tard, Monsieur le Président, cela ne coûtera rien du tout à votre magistère, à votre
présidence, à votre statut d’homme d’Etat, au contraire, il suffit juste, Monsieur le Président, de reporter
les élections législatives du 31 juillet, de revenir à une élection normale sans parrainage.


Il suffit juste, Monsieur le Président, de libérer tous les prisonniers politiques, de les amnistier, il suffit
juste, Monsieur le Président, de rendre à ceux qui ont été jugés, leurs droits civiques, des prétendants aux
postes électifs tels que Karim Wade, Khalifa Sall.


Monsieur le Président, cela ne vous coûtera rien du tout.
Oeuvrer pour la paix est une affaire de grandeur d’âme.
S’asseoir autour d’une table avec cette opposition, qui aujourd’hui, il faut le dire, Monsieur le Président,
incarne la voie chaotique d’un peuple désorienté, affamé, aveuglé.


Monsieur le Président, des morts pour le 29 juillet ? Non, pas question.
Monsieur le Président, des arrestations pour le 29 juillet ? Non, pas question.
Monsieur le Président, il est encore temps de prendre les mesures qu’il faut pour que le Sénégal puisse
traverser ce 29 juillet dans la paix, le calme. Pour que le Sénégal puisse rayonner à nouveau dans le
concert des nations.


Monsieur le Président, beaucoup de pays africains ont commencé par là où nous sommes aujourd’hui et
aujourd’hui ils brillent. Regardez le Rwanda, génocide hutu, tutsi, regardez le Zaïre, la République
démocratique du Congo.


Monsieur le Président, le Sénégal mérite mieux.

A quoi sert ce pouvoir ?
Monsieur le Président, où est Léopold Sédar Senghor aujourd’hui ?
Monsieur le Président, où est Nelson Mandela aujourd’hui ? Il ne s’est pas agrippé au pouvoir, il a su
pardonner.


Pardonnez Monsieur le Président, pardonnez à vos insulteurs, à cette jeunesse, à vos enfants, donnez-leur
la chance démocratiquement d’élire les députés de leur choix, la chance de travailler.
C’est possible, Monsieur le Président, c’est possible d’offrir du travail aux jeunes, d’éviter un bain de sang,
de faire rayonner la démocratie.


Parlez avec les Sénégalais, il est temps. La plupart des Sénégalais vous ont soutenu depuis la diaspora, moi
également avec Nadems, je vous ai offert un soutien incontestable sans contrepartie, d’une façon
inconditionnelle comme beaucoup d’autres Sénégalais qui voient en vous un Thomas Sankara, un Nelson
Mandela, un jeune né après l’indépendance qui puisse relever le défi.


C’est bien beau, Monsieur le Président, le Plan Sénégal Emergent, ça fait plaisir, Monsieur le Président,
nous qui vivons dans la diaspora, d’emprunter des autoroutes à péage comme à New York ou à Paris, de
survoler Dakar et de voir toutes ces lumières mais, Monsieur le Président de la République, le Sénégal fait
20 millions d’habitants et pourtant, sur ces 20 millions d’habitants, ce n’est pas plus de 2 ou 3 millions qui
ont voté pour vous et pourtant, ce n’est pas plus de 7 millions d’habitants qui sont inscrits sur le fichier
électoral. Vous dire qu’il y a une grande masse qui est derrière et c’est cette masse là aujourd’hui qui est
vouée aux gémonies, qui ne sait pas où donner de la tête.

Le bruit des casseroles n’est pas juste pour une coalition de l’opposition, non, c’est le bruit d’un Sénégal qui n’en peut plus de ce système.
Pour changer ce système, Monsieur le Président, le dialogue, le vrai dialogue c’est maintenant, pas celui
d’avant ni celui d’après.
C’est aujourd’hui, maintenant, que le dialogue est possible. Mais pour cela, il y a des préalables.
D’abord, libérer les prisonniers politiques, deuxièmement, ramener Karim Wade dans son pays,
troisièmement, Président, faites-en sorte de reporter ces élections législatives, faites-en sorte que l’esprit
du parrainage disparaisse de la démocratie sénégalaise.


Avec le plus grand respect, Monsieur le Président de la République du Sénégal, j’espère que cette lettre
ouverte aura son répondant et sera bien accueillie par vous-même.
On ne vous haît pas Monsieur le Président, on veut juste vous faire savoir que le Sénégal n’a pas de prix
pour nous, que personne, personne, ne mérite de se mettre à dos tout un peuple. Personne ne mérite,
après 10 ans de règne d’être vomi par le peuple. Monsieur le Président, on n’a pas la mémoire courte.
Où est Alpha Condé ? Moubarak ? Khadafi ? Laurent Gbagbo ? Etc….


Sur ce, Monsieur le Président, je compte sur votre patriotisme, pour faire au moins, un geste salutaire.
Il faut que cela puisse être un dernier appel à la raison pour sauver la paix, la stabilité nationale, et la
cohésion sociale.
Sans parti pris, mais au nom des 99 noms d’Allah SWT YA SALAM.


Samba Kara Ndiaye
Président du Mouvement de la Troisième Voie du Sénégal

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