L’Europe et l’Afrique doivent se donner la main

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A l’allure où vont les choses, le continent africain risque de devenir, rapidement, une zone peu sûre, si une action énergique n’est pas entreprise pour combattre efficacement les groupuscules terroristes qui commencent à y faire la pluie et le beau temps. Je parle de groupuscules parce qu’en dehors d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), les autres menaces sont constituées par la secte Boko Haram dont la dangerosité devient inquiétante, et les Shebab en Somalie. Si ces organisations opèrent en Afrique, elles ne ciblent pas uniquement les intérêts des pays concernés. Personne n’est à l’abri de leurs actions.

Dans la nuit du 23 au 24 novembre 2011, deux géologues français ont été enlevés par des hommes armés, dans le Nord du Mali, une action qui porte la marque d’AQMI. Ce dernier forfait qui laisse les autorités maliennes sans voix, a été perpétré par une dizaine d’hommes armés qui ont enlevé, dans leur hôtel de Hombori, localité située entre Mopti et Gao, les deux Français qui travaillaient pour une cimenterie de la région. Un enlèvement fait dans les règles de l’art (terroriste), et qui s’est produit vers 1h00 GMT, alors que les 

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deux hommes venaient de faire un compte-rendu de leur journée de travail à leurs collègues maliens.

Ces deux otages ont été emmenés vers le Grand Nord du Mali, qui abrite plusieurs bases d’AQMI, d’où cette organisation commet au Mali et dans d’autres pays du Sahel (Niger, Mauritanie et Algérie) des attentats, et procède à des enlèvements d’Occidentaux tout en se livrant à différents trafics.

Il faut ajouter que l’enlèvement de ces deux Français porte à six, le nombre de ressortissants français retenus au Sahel. Aujourd’hui, ce sont les Français. Hier, c’étaient des Espagnols. Demain, à qui le tour ?

Cela commence à faire beaucoup, surtout, dans une région où les habitants n’ont pas une tradition de prise d’otages, ni de paiement de rançons. Ces faits, les Africains, jusque-là, les regardaient dans les films. Maintenant, ils sont obligés d’y faire face, sinon, c’est la « somalisation » assurée de cette zone sahélo-saharienne. En échange de ces prisonniers français, AQMI, qui a fait allégeance à Al-Qaïda en 2006, exige le retrait des troupes françaises d’Afghanistan et, selon des sources proches de la médiation qui tente de les faire libérer, de payer une rançon de 90 millions d’euros. Le coût politique et financier de leur libération serait donc énorme. Même si cette condition dissimule le chantage qu’AQMI exerce sur les autorités françaises, le président Nicolas Sarkozy a annoncé que le retrait français d’Afghanistan commencera « dès cette année et s’étalera jusqu’en 2013. Autant dire que la France, à entendre ses dirigeants, ne négocie pas avec des terroristes.

Le rapt de ces deux personnes montre que la situation s’aggrave. En effet, c’est la première fois que des enlèvements ont lieu dans cette région située au Sud du Grand Nord désertique malien, près du pays Dogon, une zone touristique malienne et du Burkina Faso. Déjà, le Nord malien est classé en zone rouge par la France et orange dans sa partie la plus au Sud. Jusqu’à maintenant, Hombori était en zone orange. Il faudrait, désormais, se garder d’entreprendre des actions qui pourraient contribuer à la dégradation de la situation.

La chute de Kadhafi et la destruction de la Libye, c’est visiblement du pain béni pour les terroristes. Conséquence, des armes de guerre de toutes sortes y compris des missiles sol-air se retrouvent aujourd’hui sur le marché libre dans cette zone où l’activité touristique est complètement au point mort.

Certes, pour tenter de contrer les activités d’AQMI, la Mauritanie, le Niger, le Mali et l’Algérie, ont créé en avril 2010, un Comité d’états-majors conjoint (CEMOC), basé à Tamanrasset, dans le Sud de l’Algérie, et disposent d’un centre de renseignement à Alger. Malheureusement, cette belle organisation (sur le papier) n’a aucune réalité opérationnelle. Après une vingtaine de mois d’existence, le CEMOC n’arrive encore à revendiquer aucune action commune contre AQMI. Force est, donc, de reconnaître que face à un ennemi transnational bien organisé et disposant de moyens financiers et matériels énormes, il faudrait développer davantage les capacités à mener des opérations conjointes multinationales.

On risque d’assister, si on reste les bras croisés, à la multiplication de rapts d’Occidentaux. Ceci montre que les intérêts des pays africains sont étroitement liés à ceux des pays occidentaux, et que, ce qu’il faudrait faire pour la préservation des intérêts de tous, c’est une concertation permanente entre les uns et les autres.

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