Il n’est, aujourd’hui, plus possible de douter de la duplicité d’Andry Rajoelina envers le peuple malgache. Bien que toutes ces dernières années, il se soit présenté, avant tout, comme étant un citoyen malgache, son exfiltration, le 12 octobre, par l’armée française a clarifié les zones d’ombre, et permet de mieux comprendre les raisons du statu quo observé dans les relations entre l’Hexagone et la Grande Ile.
En effet, le régime du président déchu, Rajoelina, avait pour habitude d’agiter la carte du nationalisme, en particulier, sur la question des Iles Eparses, ce qui avait pour effet de calmer, temporairement, l’ardeur de ses opposants. Mais, la visite d’Emmanuel Macron à Madagascar en mai dernier mit fin à ce sketch, le dirigeant français répondant sèchement à son hôte, et devant des dizaines de journalistes, que la restitution des quatre îlots querellés était inenvisageable.
Cet épisode, qui aurait dû sonner la révolte chez ceux qui croyaient aveuglément en la volonté et la parole de Rajoelina de se battre pour cette cause juste, comme l’a fait l’Ile Maurice avec succès contre l’Angleterre pour récupérer les Iles Chagos, est passé inaperçu. Pourtant, il était révélateur d’une réalité implacable. Celle de la soumission du leader malgache vis-à-vis de son homologue français, et de l’acceptation par Rajoelina de son infériorité.
Dans la seule journée du 12 octobre, Andry Rajoelina et son ancien premier ministre, Christian Ntsay, ainsi qu’un de ses riches soutiens, Maminiaina Ravatomanga, ont réussi à s’enfuir de Madagascar. Mais, contrairement, à l’exfiltration de celui qui fut maire de Tananarive, celle de ses deux acolytes vers l’Ile Maurice a, fortement, déplu aux autorités locales, qui redoutent d’être accusées d’ingérence étrangère par le nouveau pouvoir à la Grande Ile, et l’ont fait savoir.

Maintenant qu’Andry Rajoelina a été destitué par l’Assemblée nationale, malgré une vaine tentative de la dissoudre, qui n’a pas empêché les législateurs d’acter sa vacance du pouvoir, l’ancien chef d’Etat devrait faire l’objet de poursuites, notamment, pour haute trahison. En effet, il aura du mal à expliquer l’écart entre sa position officielle envers la France et les actes illustrant ses liens très étroits avec celle-ci, dont la grâce présidentielle accordée aux deux Français écroués pour avoir voulu le renverser.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)