MADAGASCAR/FRANCE : Un difficile retour à la normale entre Rajoelina et Macron

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Les relations diplomatiques entre la France et Madagascar sont loin d’être au beau fixe en ce moment. En effet, il y a, tout d’abord, la problématique, toujours, irrésolue des Iles Eparses, au sujet desquelles la France (forte d’une mentalité coloniale assumée) fait la sourde oreille depuis plus de 40 ans, malgré les réclamations répétées de Madagascar, sans oublier, les résolutions 34/91 du 12 décembre 1979 et 35/123 du 11 décembre 1980 de l’Assemblée générale des Nations-Unies, qui demandent, formellement, à la France, la restitution de ces îles, qui s’étaient, arbitrairement, retrouvées séparées de la Grande Ile lors de son accession à l’indépendance. 

En dehors des premières négociations, qui s’étaient tenues en 2019 entre les deux nations, ce dossier n’a plus connu la moindre avancée. La faute, selon les Français, au Covid-19 et à la mise à l’écart de l’ancien chef de la diplomatie malgache, Richard Randriamandrato, pour sa prise de position dans le vote onusien contre l’intervention militaire en Ukraine. Une initiative, rigoureusement, personnelle, qui irrita le chef de l’Etat et le poussa à prendre ses responsabilités en l’évinçant du ministère des Affaires étrangères.

Ensuite,  il y a la récente affaire « Apollo 21 » dans laquelle le président français, Emmanuel Macron, multiplie les tentatives à l’endroit de son homologue, le président de Madagascar, Andry Rajoelina, en vue d’obtenir l’extradition de Philippe François, un ancien colonel de l’armée française condamné par la justice malgache à dix ans de prison (pas moins) pour son rôle dans la tentative de coup d’état visant à déstabiliser la Grande Ile. Démocratiquement élu, Andry Rajoelina aurait pu perdre son pouvoir et se retrouver, du jour au lendemain, en prison, sinon, assassiné par les putschistes pour rendre nulles les pressions interntionales en vue d’un retour à la normale.

Mais, visiblement, le président français ne désarme pas dans ce dossier. Sa dernière tentative aurait débouché sur la visite secrète dans l’Hexagone, il y a quelques jours, de deux hauts fonctionnaires malgaches, François Rakotozafy, ministre de la Justice, et Dina Andriamaholy, secrétaire général-adjoint de la présidence de la République, pour y rencontrer deux conseillers Afrique et Justice d’Emmanuel Macron. Objectif : essayer de trouver un terrain d’entente au difficile dossier du putschiste Philippe François. Ce colonel à la retraite qui avait, volontairement, quitté la France pour aller faire un coup d’état dans le lointain Madagascar afin de ramener ce pays 30 ans en arrière.

L’occasion serait, donc, idéale pour le dynamique président de Madagascar, qui pourrait en profiter pour récupérer les Iles Eparses, qui sont un véritable scandale, chaque fois que la France déclare urbi et orbi qu’elles font partie de son territoire, comme l’Ile de la Réunion voisine.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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