MALI : LES SANCTIONS DE L’UE PEUVENT-ELLES FAIRE RECULER BAMAKO ET LE GROUPE WAGNER ?

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L’Union européenne (UE) commence, enfin, à se rendre compte qu’elle n’est plus le centre du monde et que, même en Afrique, on peut lui dire Non. Après avoir mis fin, unilatéralement, à sa coopération militaire avec le Mali en fermant certaines bases militaires dans le Nord du Mali, la France cherche à fermer la porte à ceux qui pourraient la remplacer comme le Groupe Wagner sous le prétexte que ce dernier utilise des mercenaires qui se font payer sur le  sous-sol malien (pétrole, or, etc.). Sa voix ne comptant plus en Afrique comme avant, elle est partie demander le soutien de l’UE afin que cette dernière non seulement impose des sanctions aux colonels au pouvoir à Bamako, mais aussi, au Groupe Wagner. C’est une attitude néocoloniale de l’UE qui a du mal à accepter que le Mali, pays indépendant, puisse disposer de lui-même. Ce n’est malheureusement pas un tel activisme qui empêchera les Maliens et les mercenaires de Wagner de collaborer puisque la nature a horreur du vide laissé par la Force française Barkhane au Nord du Mali.

L’UE a trouvé « un consensus » parmi ses 27 Etats membres pour sanctionner Wagner, dont les Occidentaux craignent une intervention au Mali. La junte au pouvoir à Bamako menace de recourir aux services de cette société privée.

« Il y a un consensus pour prendre des mesures restrictives contre ce groupe. Elles seront décidées dès que le travail au niveau technique aura été achevé. Des propositions spécifiques pour désigner des individus et des entités vont être évaluées », a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, à l’issue d’une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles (sur notre photo, Josep Borrell avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov).

Il a évoqué une possible adoption de ces mesures, réclamées notamment par la France, lors de la prochaine réunion des ministres prévue le 13 décembre. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a expliqué qu’il s’agissait à la fois de « sanctions contre les membres de la société Wagner et contre les sociétés qui travaillent directement avec » elle. « Il y a une menace au Mali », a-t-il souligné.

La France a averti Moscou que le déploiement de mercenaires russes dans la bande sahélo-saharienne serait « inacceptable », lors d’une rencontre vendredi des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des deux pays à Paris. « Les exactions commises en toute impunité (par ces mercenaires) dans d’autres pays sont largement documentées », avait souligné la porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, en référence notamment à la Centrafrique.

Leur présence a été rapportée en Ukraine, en Syrie et en Afrique. Pour nombre d’ONG et de journalistes, la Russie utilise le groupe Wagner et ses mercenaires pour servir ses intérêts à l’étranger, ce que nie le Kremlin. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov, est d’avis que la société avait un droit « légitime » à se trouver au Mali à l’invitation du gouvernement de transition, insistant que le gouvernement russe n’est pas impliqué.

Les 27 Etats membres de l’UE se sont en outre mis d’accord, lundi, 15 novembre, pour adopter un cadre légal de sanctions contre la junte au pouvoir au Mali, dans la foulée de celles annoncées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La CEDEAO a imposé le 7 novembre des sanctions individuelles aux membres de la junte en raison du retard pris dans l’organisation des élections, qui doivent consacrer le retour du pouvoir aux civils après le double putsch d’août 2020 et mai 2021.

Au même moment, le pouvoir de transition est conforté par la société civile et les religieux qui demandent que la transition dure de 5 à 10 ans, c’est-à-dire, le temps de remettre le pays sur les rails, après avoir éradiqué le djihadisme, ce qui permettra d’organiser des élections libres et transparentes sur l’ensemble du vaste territoire malien.

Après avoir renvoyé le représentant de la CEDEAO au Mali pour ingérence dans les affaires intérieures de l’Etat malien, la CEDEAO est en perte de vitesse dans ce pays. Et ce ne sont pas ses sanctions additionnées à celles à venir de l’UE qui feront fléchir la volonté du peuple malien de prendre son destin en main, malgré la volonté manifeste de la France et de l’Europe de maintenir leur mainmise coloniale sur ce pays. Ce qui, elles devraient le comprendre, ne marche plus.

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