Le maréchal-président, Mahamat Idriss Déby Itno (MIDI), et son homologue de l’Hexagone, Emmanuel Macron, se livrent une bataille sans merci. Très proches hier, et ennemis aujourd’hui, les deux chefs d’Etat ont vu leur relation changer de manière dramatique lorsque le premier s’est rendu qu’il se faisait manipuler par le second. Dans sa suffisance naturelle, ce dernier n’a vu venir aucun changement que le maréchal-président avait prescrit pour que demain ne soit plus comme hier. Car comme dirait l’autre en Côte d’Ivoire, « Trop c’est trop ».
Depuis l’amorce de son éloignement vis-à-vis de Macron, MIDI a prouvé qu’il faisait partie des dirigeants africains qui veulent rompre avec le néocolonialisme, en particulier, celui venant de la France (sur notre photo, Emmanuel Macron et Mahamat Idriss Déby Itno en 2021 au Palais rose à Ndjaména). Raison pour laquelle, il est, aujourd’hui, pris à parti par l’Elysée, au même titre que ses voisins, à savoir, Ibrahim Traoré (Burkina Faso), Abdourahamane Tiani (Niger), et Assimi Goïta (Mali), qu’il devrait d’ailleurs rejoindre au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), sous peu.
Fin février dernier, Emmanuel Macron avait surpris en invitant, à Paris, le maréchal, Khalifa Haftar, qui contrôle l’Est de la Libye, afin de lui adresser deux requêtes hostiles envers le Tchad et le Niger. La première portait sur une demande d’exploitation de la Base militaire d’Al Wigh située dans le Sud libyen, frontalier avec le Tchad. Et, la seconde sur l’opposition à l’extradition du rebelle nigérien, Mahmoud Salah, vers la junte de Niamey, après son arrestation quelques jours plus tôt.
Un avis favorable d’Haftar à la première requête permettrait à l’Elysée de coordonner les rebelles au pouvoir de N’Djamena postés à la frontière tchado-libyenne, et, qui, selon certaines sources locales, seraient impliquées dans l’attaque qui avait coûté la vie au défunt maréchal du Tchad. Pour ce qui est de Mahmoud Salah, sa remise aux autorités militaires de Niamey aurait davantage affaibli l’opposition nigérienne, actuellement, composée d’anciens proches de l’ami d’Emmanuel Macron, le président déchu Mohamed Bazoum.

Toutefois, ces manœuvres du pouvoir parisien ne peuvent pas être de nature à inquiéter la sérénité de MIDI. Pourquoi ? Parce que pour avoir côtoyé Emmanuel Macron, le dirigeant tchadien sait exactement à qui il a à faire et comment lui répondre. Il l’a démontré en recevant Marine Le Pen en visite au Tchad en mars dernier, et en renouant diplomatiquement avec le régime de Tripoli, reconnu sur la scène internationale, en guise de contrepoids aux actions déstabilisatrices menées par l’Elysée.
Cette hostilité injustifiable de Paris n’est que l’expression de l’appétence du gouvernement français pour plus d’instabilité dans le Sahel. Cependant, elle milite parallèlement pour une coopération renforcée, dans un premier temps, entre Niamey et N’Djamena dont la proximité n’est plus un secret pour personne, mais, qui, peut également s’élargir à leurs voisins respectifs, lesquels ne découvrent rien de nouveau dans les attitudes troubles d’Emmanuel Macron et de la France.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)