MIGRATIONS : Bientôt des « centres d’accueil » (rétention) au Niger après la visite d’Issoufou à Berlin

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Un des cinq pays les plus pauvres au monde, le Niger se trouve face à des défis de taille dans la lutte contre la pauvreté, les problèmes climatiques tels que la sécheresse, ou encore, le terrorisme. Afin que ces problèmes ne s’aggravent pas, davantage, l’Allemagne veut aider le Niger, a déclaré la chancelière fédérale, Angela Merkel, à l’issue de son entretien avec le président, Mahamadou Issoufou : « Nous veillerons à ce que l’Allemagne ne soit pas la seule à augmenter son aide humanitaire et, par conséquent, à ce que le Programme alimentaire mondial, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) et d’autres organisations qui travaillent au Niger disposent également de moyens suffisants », a-t-elle souligné. Justement, la chancelière sait pourquoi elle tient ce langage. En effet, contrairement, à l’Algérie et à la Libye qui compte deux ou trois gouvernements, le Niger, maillon faible de la chaîne, a accepté le sale boulot qui consiste à bloquer avant de rapatrier les migrants venant d’Afrique noire, dans leur pays. Pour cela, il devra être récompensé par d’autres pays de l’Union européenne. Toutes proportions gardées, comme la Turquie qui venait d’obtenir 3 milliards d’euros pour bloquer les Syriens et les Iraquiens désireux d’aller trouver refuge en Europe.

Le séjour du président nigérien en Allemagne a été initié, pendant le Sommet de la Valette (Malte), sur l’immigration, en novembre 2015 (notre photo montrant Issoufou et Merkel en entretien en marge de ce Sommet, le 13 novembre 2015, à Malte).

Pays voisin du Mali et du Nigeria, le Niger est, fortement, concerné par les flux de réfugiés en tant que l’un des pays de transit les plus importants : « Le Niger constitue la route principale pour les migrants qui cherchent à rejoindre la Libye. Cela représente quelque 120 000 personnes par an », a souligné la chancelière. C’est pourquoi la mise en place de centres d’accueil, conformément, au plan d’action de la Valette adopté lors du dernier sommet UE-Afrique, est une bonne chose pour ouvrir des possibilités de retour aux réfugiés et aux migrants. « Trois centres doivent être créés mais nous sommes encore loin du but », a déclaré la chancelière. Après ce voyage du président du Niger, à Berlin, les constructions de ces trois centres d’accueil (centres de rétention) vont bientôt démarrer, puisque l’argent est sur la table.

C’est une bonne affaire pour l’Allemagne et l’Europe. L’Allemagne a, largement, ouvert ses frontières, l’année dernière, suscitant même l’admiration du pape François, pour accueillir les réfugiés syriens, irakiens, considérés, comme bien qualifiés, et nécessaires à son économie. Après avoir satisfait ses besoins, la chancelière ferme la porte à l’immigration africaine, très coûteuse, car non formée et, surtout, économique. Voilà pourquoi le gouvernement fédéral entend, aussi, renforcer, au Niger, ses aides en matière d’éducation, surtout, des jeunes filles : « C’est un thème majeur si l’on veut que les Nigériens profitent de la croissance économique et que les mariages de filles trop jeunes cessent », a indiqué Angela Merkel.

C’est la deuxième fois que Mahamadou Issoufou se rend en Allemagne. En effet, il avait, déjà, été reçu par la chancelière, en mai 2013, à Berlin. Avant son entretien avec Angela Merkel, le président Issoufou a rencontré des représentants de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW – Institut de crédit pour la reconstruction). A l’issue de son entrevue avec la chancelière, ce dernier s’est entretenu avec le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.

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