NIGER : Le fiasco des Etats-Unis réjouit la France

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Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres. Tel est certainement l’état d’esprit actuel de la Russie par rapport à la situation des Etats-Unis au Niger, ce dernier ayant dénoncé les accords prévoyant la présence militaire américaine sur son sol. Si l’on peut considérer que cette nouvelle a dû ravir Vladimir Poutine, fraîchement, réélu pour un cinquième mandat présidentiel, il est, également, fort probable qu’elle ait fait sourire son homologue de la France, Emmanuel Macron.

Déterminé à employer la force pour déloger la junte, qui a renversé Mohamed Bazoum, le dirigeant français n’avait reçu le soutien d’aucun de ses alliés traditionnels, notamment, les Etats-Unis, ceux-ci privilégiant leurs intérêts stratégiques au Sahel. Seulement, il faut bien croire que toutes ces puissances néocolonialistes ont du mal avec la pilule de souveraineté que sont pourtant décidées à leur faire avaler les nations africaines, telles que le Mali, le Burkina Faso, le Centrafrique ou le Niger. Car, malgré que ces pays aient martelé ne plus tolérer l’ingérence étrangère, leurs propos continuent de tomber dans des oreilles, volontairement, sourdes.

Les Etats-Unis viennent d’en être la parfaite illustration lors d’un récent déplacement à Niamey. En effet, ayant décidé de faire part de leur préoccupation quant au rapprochement entre les autorités nigériennes et leurs consœurs russes et iraniennes, la délégation américaine s’est attirée l’ire de ses hôtes. Un incident qui éloigne Washington et Niamey, alors que la première jouissait, jusqu’à lors, d’un certain crédit auprès de la seconde, bien qu’elle ait brusquement cessé de verser l’aide à la coopération, sans que cela n’entraîne de sursaut de la part de l’autre.

Donc, en plus de fermer les vannes financières, Joe Biden estime que son homologue du Niger, Abdourahamane Tiani, doit lui rendre des comptes sur les alternatives de financement qu’il recherche activement pour relancer son pays. Une telle attitude ne pouvait mener qu’à une seule réaction, surtout, lorsque les interlocuteurs en question sont des militaires, d’où l’annonce choc adressée par le colonel, Amadou Abdramane, le porte-parole de la junte de Niamey, ce weekend.

En quelques jours, les Américains ont bousillé leurs efforts consentis dans la sous-région, c’est-à-dire, de jouer les équilibristes entre les relations avec la France, leur alliée de toujours, et leur présence militaire stratégique au Sahel, qui leur avait coûté la bagatelle de 100 millions de dollars. Maintenant que la décision du général-président, Tiani, est prise, Joe Biden est obligé de transférer ses bases militaires dans un autre pays d’Afrique. Pour le moment, on ignore lequel ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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