Au Niger, le maire de Niamey a interdit une manifestation publique contre la présence militaire française. Si les autorités peuvent expliquer un tel refus, aujourd’hui, il n’en sera pas de même demain ou après-demain si une autre autorisation leur est refusée. Pays démocratique par excellence, qui vient de connaître une alternance exemplaire à la tête de l’Etat, le Niger ne peut pas faillir sur le plan de la liberté syndicale et de manifester, surtout, dans un domaine où la souveraineté nationale questionne. D’autre part, la Force Barkhane pourra-t-elle mieux faire au Niger là elle a échoué chez le voisin malien alors que les djihadistes, toujours, invincibles se retrouvent au-delà des deux frontières du Mali et du Niger ? Le Mali a choisi, après neuf ans de coopération, de se séparer de Barkhane pour inefficacité dans la lutte contre le terrorisme. L’armée française a été chassée par les colonels maliens. Avec moitié moins d’effectifs, cette même force repliée au Niger, pourra-t-elle faire ce qu’elle n’a pas pu réaliser au Mali ? L’opinion nigérienne pose, clairement, ces différentes questions à leur gouvernement. Celui-ci répond en tentant de la baîllonner. Cela risque de donner lieu à des troubles dans les prochains mois. Et de façon générale, il est temps que le président français, Emmanuel Macron, songe, courageusement, à rapatrier ses soldats présents en Afrique et à fermer les bases qui s’y trouvent. Car celles-ci contribuent à la mauvaise image de la France en Afrique.
Prévue le mercredi 17 août, la manifestation contre la présence de Barkhane est interdite par les autorités nigériennes. « La marche suivie d’un meeting que projette d’organiser le Réseau panafricain pour la paix, la démocratie et le développement (Reppad) le 17 août 2022, est interdite pour raisons sécuritaires, risque d’infiltrations et risque de troubles à l’ordre public« , a déclaré le Maire central de la capitale, Niamey, Oumarou, dans un arrêté signé, lundi, 15 août, soir.
Les organisateurs de cette manifestation ont dénoncé une violation de la Constitution nigérienne et promis attaquer la décision en justice. Lancé le 3 août courant à l’occasion de la célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance du Niger, la Commission nationale des droits humains (CNDH) a appelé les Nigériens à « une union sacrée » pour la sauvegarde de la souveraineté et de la dignité du peuple.
Cette annonce intervient alors que les derniers soldats français ont quitté, lundi, 15 août, la ville malienne de Gao pour rejoindre le Niger. Un départ, qui met fin à 9 ans de présence militaire française. Paris, qui a annoncé une réarticulation de ses forces au Sahel, considère le Niger comme le nouvel partenaire privilégié. Sauf que cette présence expose, dangereusement, le président, Mohamed Bazoum, qui devient, ainsi, le porte-douleur des reproches faits au président français. On se demande s’il tiendra, longtemps, cette position dans une zone où l’hostilité de la France n’est contestée par personne.