POUTINE-PRIGOJINE : Une rupture (qu’on applaudit à Kiev et que l’Occident observe en croisant les doigts)

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Vladimir Poutine se sent trahi par Evgueni Progojine qui est sa création. La réaction du chef de Wagner (nommé par Poutine) est incompréhensible. Est-il devenu déphasé pour se croire suffisamment fort et défier le système mis en place ? Ce désordre interne fait les affaires de Volodymyr Zelensky qui pourrait, si son armée n’était pas très affaiblie par l’échec relatif de sa contre-offensive, en profiter pour défoncer les lignes russes sur le front de guerre. Mais, en a-t-il la capacité ? A Washington comme à Paris, Londres et à Bruxelles qui abrite le siège de l’OTAN, on observe l’évolution de la situation en souhaitant que Prigojine ait le dessus.

« C’est un coup de poignard dans le dos de notre peuple » ; « Ce coup d’état peut mener notre pays à une guerre civile fratricide » ; « Toute fronde intérieure est une menace mortelle pour notre Etat » ; « Notre réponse sera très ferme et ils seront sévèrement punis ». Ces extraits sont tirés du discours à la nation que vient de prononcer Vladimir Poutine ce samedi, 24 juin, matin. C’est hier, vendredi, 23 juin, soir, que le chef de Wagner, Evgueni Progojine, a lancé ses diatribes contre le chef d’état major des armées russes ainsi que le ministre de la Défense, le général, Choïgou. On savait que les trois hommes ne pouvaient pas aller ensemble en vacances à cause de la haine que Prigojine leur voue, mais, on était à mille lieux de penser que Prigojine avait contre eux une haine (et vice versa) qui pourrait distraire l’armée qui combat en Ukraine et menacer même la sécurité de l’Etat russe.

Puisque Poutine lui-même parle d’un « coup d’état ». Prigojine annonce 25.000 mercenaires qu’il pourrait lancer sur Moscou et 25.000 autres qui sont en réserve. Compte-t-il des éclaireurs et mercenaires déjà postés en embuscade à Moscou ? Les services de renseignement le diront dans les prochaines heures. Au final, que cherche-t-il ? Dégager le chef d’état major, Valéri Guerassimov, et le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, ou lorgne-t-il le fauteuil de Poutine ? Poutine a vite fait de siffler la fin de la récréation, bien que assez tard car les déclarations de Prigojine ne datent pas du vendredi, 23 juin. Poutine avait laissé faire alors que critiquer le chef d’état major et le ministre de la Défense, c’était critiquer en fait Poutine lui-même car rien ne peut se passer sur le front ukrainien sans son aval. Cela dit, mieux vaut tard que jamais. Il a enfin pris position en lâchant Prigojine. Mais tout laisse penser que les choses se passeront dans la violence et il n’est pas exclu qu’il y ait un bain de sang car Prigojine est considéré, désormais, comme un traître au moment où Poutine déclare que la Russie lutte pour sa souveraineté économique et informationnelle contre l’Occident. Il a dû bien écouter les déclarations d’Emmanuel Macron lors du Sommet des 22 et 23 juin, à Paris, qui faisait état de la marginalisation de Poutine des affaires du monde. Autrement dit, pour Poutine, Prigojine fait le jeu des ennemis de la Russie. Certains de ses mercenaires auraient-ils changé de camp après avoir été achetés par Kiev car le principe d’un mercenaire, c’est de livrer ses services au plus offrant ?

Cela dit, Prigojine risque d’être rapidement isolé avec quelques centaines ou milliers d’hommes. Poutine leur a demandé de rejoindre le camp de la Russie sinon ils seront considérés comme des traîtres. Beaucoup vont saisir cette opportunité car l’aventure de Prigojine est sans issue. Wagner qui est militairement dirigé par le colonel, Dmitri Outkine, risque d’être restructuré dans son fonctionnement. La grosse interrogation sera l’Afrique où Wagner épaule directement les armées malienne et centrafricaine, avec des gros intérêts miniers à la clé. Que se passera-t-il dans ces deux pays si le patron de Wagner a des soucis sérieux avec le maître du Kremlin ?

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