PRESIDENTIELLE AU SENEGAL : Le dictateur Macky Sall fait le tri des candidats (Sonko et Wade écartés)

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Macky Sall, le président sortant, a la rancune tenace. De quoi parle-t-il avec son imam, quand ils se voient, si son cœur reste habité par la haine ? C’est connu qu’il voulait briguer un troisième mandat et l’opposant, Ousmane Sonko, l’en a empêché. Le bras de fer entre les deux hommes a coûté quelques dizaines de morts pendant les manifestations au Sénégal, plaçant Macky Sall dans une position très fragile. Malgré le souhait de sa majorité qu’il se présente, il a sagement décliné l’offre, mais, a pris Ousmane Sonko en grille en l’empêchant de se présenter car il avait toutes les chances de lui succéder. C’était une double peine inacceptable pour son ego surdimensionné. Quant à Karim Wade, il a refusé de lui donner toute chance d’être président pendant que son père, Abdoulaye Wade, mentor des deux hommes, est encore en vie.

Le Conseil constitutionnel sénégalais a publié, samedi, 20 janvier, une liste définitive de 20 candidats à la présidentielle du 25 février sur laquelle ne figurent pas les deux opposants notables : Ousmane Sonko, actuellement emprisonné et Karim Wade, fils et ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade. C’est un nom que Sall voudrait bannir des candidats à la magistrature suprême.

La liste définitive comprend le candidat du pouvoir, le premier ministre, Amadou Bâ, les anciens chefs de gouvernement, Idrissa Seck et Mahammed Boun Abdallah Dionne, et Bassirou Diomaye Diakhar Faye, présenté comme le candidat de substitution d’Ousmane Sonko.

Populaire parmi les jeunes, Ousmane Sonko était donné parmi les favoris de la présidentielle. Le Conseil a, après un dernier recours de M. Sonko, écarté sa candidature en raison d’une condamnation définitive pour diffamation à six mois de prison avec sursis le 4 janvier qui le rend «inéligible pour cinq ans», une affaire l’ayant opposé à un ministre.

La liste définitive inclut deux femmes, Rose Wardini, gynécologue et actrice de la société civile, et l’entrepreneure, Anta Babacar Ngom. C’est la première fois que le Sénégal organise une présidentielle avec autant de candidats. Cinq candidats avaient été retenus lors de la présidentielle de 2019, remportée par le président, Macky Sall.

L’opposant, Karim Wade, fils et ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), a vu sa candidature jugée «irrecevable» en raison de sa double nationalité française et sénégalaise, selon le Conseil. Tout candidat à la présidence «doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques», dit la Constitution.

Karim Wade, 55 ans, né en France d’un père sénégalais et d’une mère d’origine française, a produit une déclaration sur l’honneur datée du 21 décembre selon laquelle il a, exclusivement, la nationalité sénégalaise, a indiqué le Conseil.

Or, le document de preuve qu’il a présenté est un décret daté du 16 janvier publié le lendemain au Journal officiel de la République française. La juridiction estime que les effets du décret consacrant la renonciation par M. Wade à sa nationalité française «ne sont pas rétroactifs» et que sa déclaration sur l’honneur a été «inexacte» au moment de son dépôt. Un autre bon débarras pour Macky Sall.

Il avait été empêché de concourir à la présidentielle de 2019 du fait de sa condamnation en 2015 à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite. Détenu pendant plus de trois ans, il avait été gracié en 2016 par le président, Macky Sall, et vit depuis en exil au Qatar. L’Assemblée nationale avait voté en août une loi lui rendant son éligibilité. Mais était restée muette sur sa double nationalité sachant qu’elle allait le coincer le moment venu.

A moins d’un mois et demi de l’échéance, l’incertitude est totale quant à l’issue de l’élection à deux tours. Le Sénégal organise, pour la première fois, une élection présidentielle sans la participation du président sortant. Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019, a déclaré en juillet qu’il ne se représenterait pas en février 2024. Il a alors choisi le premier ministre, Amadou Bâ, pour lui succéder.

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