Au Sénégal, la Cour suprême a cassé le verdict rendu par le tribunal de Ziguinchor favorable à l’opposant, Ousmane Sonko. Une décision qui a déclenché une vague de colère au point où on exclut par le retour des troubles au Sénégal.
La Cours suprême du Sénégal a cassé la décision du tribunal de Ziguinchor de réinscrire Ousmane Sonko sur les listes électorales. L’institution, qui a rendu son verdict, vendredi, 17 novembre, a renvoyé l’Etat et l’opposant devant le Tribunal de grande instance de Dakar, dans un délai qui ne permettra pas à Ousmane Sonko de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de février 2024. Macky Sall qui tient Ousmane Sonko responsable de sa décision de ne pas briguer un troisième mandat à cause des troubles qu’il avait provoqués, tient, donc, sa revanche sournoise. Il a activé le système judiciaire pour étouffer dans l’oeuf, les velléités de succession de Sonko. Mais, c’est un jeu dangereux car les troubles sont devant nous.
« C’est triste ce qui se passe actuellement dans ce pays. C’est tellement flagrant que Macky Sall est derrière toute cette pagaille. Le président continue de combattre Ousmane Sonko avec ses dernières énergies. Il est en train d’user de tous les moyens pour empêcher Ousmane Sonko d’aller à l’élection présidentielle de février. Quitte à faire usage de l’appareil judiciaire. C’est honteux ce que nous vivons en ce moment. Le Sénégal ne mérite pas un tel scénario », se désole Ousmane Diagne, enseignant, casquette bien vissée sur la tête. Ses lunettes de soleil cachent mal la colère qui se lit dans ses yeux.
Même son de cloche chez Aliou Diop, menuisier qui cache mal sa colère, après le verdict rendu par la Cour suprême. « Je trouve que c’est très lâche de la part des autorités de s’acharner de la sorte contre un candidat à la présidentielle. Tout ceci est l’œuvre de Macky Sall, qui continue de tisser sa toile. Il prouve, encore une fois, qu’il ne veut pas d’adversaire de rang lors d’une élection. En 2019, il avait écarté des poids lourds comme Khalifa Sall et Karim Wade. Aujourd’hui, c’est au tour de Sonko », dénonce-t-il. C’est donc cela, la démocratie à la Macky Sall ?
Macky Sall a son petit calcul dans la tête : il pousse son actuel premier ministre, Amadou Ba, à se présenter afin qu’une fois élu, il ne fasse qu’un mandat avant de lui céder à nouveau le fauteuil, dans cinq ans, comme Medvedev l’avait fait pour laisser Vladimir Poutine. Macky Sall sait que si Ousmane Sonko se présente, il a de fortes chances d’être élu, dès le premier tour même, et ce serait adieux à son plan de retour au pouvoir. Il espère contenir Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, et Karim Wade, le candidat naturel du PDS, ce qui serait beaucoup plus difficile avec Ousmane Sonko à cause de sa capacité de mobilisation, s’il le laissait se présenter.
Mais, « l’homme propose, Dieu dispose. Macky a beau faire ses calculs politiciens pour maintenir son camp au pouvoir, s’il doit perdre les élections, il les perdra. Depuis qu’il est au pouvoir, Macky Sall ne fait que des calculs purement politiques. Peu importe le volet social, il n’a d’yeux que pour les résultats politiques », critique un Sénégalais qui suit la vie politique nationale.
La décision de la Cour suprême reste une pilule difficile à avaler pour bon nombre de Sénégalais. Personne ne sait comment cette affaire va se terminer, la rue n’ayant pas encore dit son dernier mot. Le pire est à craindre pour le Sénégal.