PRESIDENTIELLE BENINOISE : Pourquoi Olympe Bhêly-Quénum roule pour Lionel Zinsou

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Il y a plus de soixante ans que je n’ai pas rouvert L’Évolution créatrice, ouvrage du grand philosophe français qu’était Henri Bergson ; le 18 février dernier, à Paris, Lionel Zinsou, candidat à la présidentielle au Bénin, pays de son père, le professeur, René Zinsou, et de son oncle, Emile Derlin Zinsou, ancien président de la République, planchait à la Mutualité surpeuplée ; c’était la première fois que je voyais de près ma préférence pour la présidentielle que je soutiens, résolument, décidé de me battre pour lui ; on m’avait sollicité pour un autre en faisant miroiter d’alléchantes possibilités ; lui ne m’a rien demandé ; à l’occasion de nos rares appels téléphoniques, René Zinsou, son père que je connaissais depuis ma scolarité à l’école régionale de Gbéto, à Cotonou, n’a jamais fait la moindre allusion à ce fils surdoué candidat à la présidentielle.

En écoutant le candidat de ma préférence, en l’entendant répondre aux questions dont quelques-unes étaient, délibérément, incongrues, j’ai eu la mémoire fraîche du concept d’élan vital qui m’avait cristallisé dans L’Évolution créatrice ; in petto, j’ai répété le terme bergsonien parce que le candidat me faisait l’impression de l’aigle, qui, déployant ses ailes, prend son essor et monte, altitudinal, mu par son énergie et la volonté d’atteindre le point d’où il visera, mieux, la cible qu’il veut atteindre sans faille. Bien sûr, l’imagination du romancier était à l’œuvre, mais, je suis convaincu que l’élan vital est le noyau dur du désir et du devoir du technocrate, Lionel Zinsou, de rendre heureux les peuples du Bénin, pays de son grand-père, Emile Zinsou Bodé, que j’ai connu parce qu’il fréquentait mon grand-père et mon père ; qu’on se rassure : il n’y a, absolument, rien d’affectif, rien de sentimental dans mon soutien.

On s’en souvient, peut-être, la conclusion de ma brève intervention était : je me battrai pour lui. C’est ce que je fais en écrivant ce texte ; c’est, aussi, pour répondre à ceux et celles qui m’ont écrit : « vous avez improvisé alors que vous aviez un texte » ; « Qu’est-ce qu’il y a dans le texte que vous n’avez pas lu ? » etc. Le texte, on le lira ci-dessous ; en outre, je répondrai à trois des questions dont la bassesse a confirmé l’image de nombre de Béninois, clients de la politique du ventre.
*
POURQUOI JE PREFERE LIONEL ZINSOU ?

« Je ne m’attendais guère à ce qu’il y ait tant de candidats ; certains ont dû se soupeser ou vérifier l’état de leurs comptes bancaires dans un paradis fiscal. J’ai lu ou écouté des discours de personnalités qui ont pignon sur rue, j’ai épluché les textes de leurs thuriféraires à la recherche de créneaux ; sans vergogne, on a exhibé des autoportraits en pied. De quoi rire ou vomir.

Parmi les candidats, j’ai préféré et préfère Lionel Zinsou parce que je n’ai lu nulle part qu’il avait financé – par pur altruisme ? – la campagne électorale d’untel, ni gagné un procès contre un homme politique en vue ; on ne le soupçonne pas de corruption, ni de détournement de fonds destinés à soulager la misère du peuple. Qui parmi ses concurrents a jamais eu l’idée de doter le Bénin d’une fondation culturelle dont l’impact est urbi et orbi ?
Enfin, il y a la formation intellectuelle et la renommée internationale d’un candidat généreux sans qui le trône du roi Béhanzin ne serait jamais revenu au Bénin.

J’exècre la politique du ventre ; « la poule de réforme sert à la fabrication de nourriture pour les chiens et les chats ; les vendre congelées au Bénin où l’on pourrait faire le commerce de poulets-bicyclette est un crime ; c’est aussi nuire à l’agriculture dans son propre pays » ; je hais ceux qui s’empiffrent alors que des gamins au ventre vide vont à l’école pour y être acculturés ; le pire serait leur lot si une société étrangère ne leur fournissait pas un repas par jour. Croyez-moi, je ne suis pas venu d’un petit village de la France profonde pour égrainer les cas d’espèce et les agissements politiques, ni les saloperies qui ont cours dans mon pays natal, accentuent mon ipséité de rebelle et me révoltent.

Je préfère le candidat, Lionel Zinsou (les deux sur notre photo), aux autres parce que je suis convaincu qu’élu, il ne s’encombrera pas d’émoras ni de rats, ni de requins, de vipères ou de boas et qu’il mettra, radicalement, un terme à la gabegie en cours, à la pauvreté qui calcine le peuple, aux faits du prince qui ostracisent du programme scolaire le livre d’un écrivain; je le répète : l’assassinat d’Homme debout est un crime contre la culture : détruire un objet d’art culturel, c’est tuer l’économie, c’est porter atteinte au social ; je veux qu’on en finisse avec le déni de justice et de démocratie, qu’il y ait trêve de l’inculture qui déstabilise le Bénin ; pour avoir lu et relu l’édition princeps du livre d’Emmanuel Mounier préfacé par Jean-Paul Sartre, j’affirme que le philosophe personnaliste n’a, jamais, écrit que le Dahomey était le quartier latin d’Afrique, mais, de ce qu’on appelait Afrique occidentale française.

Mon soutien a « surpris », « déçu », « écœuré » ; on est « incapable de comprendre que le doyen ait choisi Lionel Zinsou, colon, lobby de FrançAfrique ».

Je ne vais pas ajouter les insultes, idiosyncrasie de ceux qu’en langue fon, on appelle NIN KOU NON. Explication de texte ? Je la dois à Iyaagba, ma grand-mère maternelle, originaire d’Abeokuta (Nigeria) ; « nin kou non – disait-elle dans ses colères – n’est pas turgide ; par-dessus le marché, il est stérile ; mieux vaut être eunuque ».

Une personne présente dans cette salle m’a communiqué la déclaration que voici :

« Il faut se méfier de cette jeune génération des Lionel Zinsou et des Tidjane Thiam, qui se dit française, mais, qui fera le choix de l’Afrique, quand bien même ils ont été portés par la République ». L’auteur ? Monsieur Foccart, idéologue de Françafrique.

Eh bien ! Je soutiens Lionel Zinsou parce que, outre les motifs que j’ai déjà exposés sans ambages, il a fait le choix de l’Afrique sans rien renier son ancrage français ; c’est dire que, par-delà sa mort, Monsieur Foccart s’était, lourdement, trompé ; il voulait me voir après ma critique de l’ouvrage intitulé : Les Accords de coopération entre la France et les Etats africains et malgache. J’ai refusé ; l’intervention de mon oncle, Maximilien Quenum (auteur de Au Pays des Fons, lauréat de l’Académie française en 1939, il écrivit aussi : L’Afrique Noire, rencontre avec l’Occident), me fit accepter l’invitation. Courtoisie et fermeté étaient de rigueur. Aujourd’hui, les faits me donnent raison : quinze ans après notre rencontre, de solides personnalités françaises ont fait les mêmes observations que moi. L’Histoire dira si j’avais raison de préférer Lionel Zinsou à tous les autres candidats à la présidentielle.

Je vous remercie de m’avoir prêté attention ».
Olympe BHÊLY-QUENUM.

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