RWANDA : Macron chez son nouvel ami Kagame le 7 avril à Kigali ?

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D’Emmanuel Macron et de Paul Kagame, qui des deux a mis l’autre dans sa poche ? Les Français, en général, n’ont pas beaucoup apprécié que le secrétariat général de l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) soit confié à un pays qui a relégué l’enseignement du français, au moins, au troisième rang, après l’anglais et le kinyarwanda. En Afrique, on commence à se questionner sur l’indépendance dont Paul Kagame savait faire montre devant les dirigeants français qu’il accuse d’avoir plus ou moins provoqué le génocide qui fut plus de 800.000 morts en 1994. Et pour cause : la position de Paul Kagame, à l’époque, président en exercice de l’Union africaine (UA), qui avait demandé aux autorités électorales de la RDCongo de suspendre la proclamation des élections, qui annonçaient la victoire de Félix Tshisekedi, a, profondément, étonné. En agissant ainsi, Paul Kagame était-il, secrètement, missionné par la France qui avait, activement, souhaité l’élection de Martin Fayulu, ou tout le moins, avait-il été encouragé par Paris dont le chef de la diplomatie ne cachait pas qu’il avait saisi le Conseil de sécurité des Nations-Unies et les responsables de l’UA pour faire prévaloir la vérité des urnes ? Pour mémoire, c’était la première fois que l’UA s’ingérait, de cette façon, dans le processus électoral d’un pays.

Pour poursuivre sur la même lancée, Paul Kagame a, donc, invité Emmanuel Macron à assister, le 7 avril, à Kigali, à la commémoration du 25e anniversaire du génocide, l’événement à l’origine d’un quart de siècle de tensions entre les deux pays (sur notre photo Paul Kagame à l’Elysée le 23 mai 2018).

Le chef de l’Etat français, en visite, cette semaine, à Djibouti, en Ethiopie et au Kenya, n’a pas, encore, (officiellement), fait connaître ses intentions. Mais, officieusement, les diplomates de l’Elysée et du Quai d’Orsay se frottent les mains pour cette opportunité. C’est, donc, avec joie qu’Emmanuel Macron empruntera l’Airbus présidentiel pour se rendre à Kigali, comme Nicolas Sarkozy, en février 2010. Ce voyage fut, méticuleusement, préparé par Bernard Kouchner, l’atlantiste du pouvoir français de l’époque. Sarkozy avait admis des « erreurs d’appréciation » dans le dossier rwandais, pendant ce voyage. Qu’en sera-t-il d’Emmanuel Macron ? Aura-t-il le courage politique d’annoncer les réparations pour permettre une réelle réhabilitation de la France au Rwanda ?

La visite de Nicolas Sarkozy avait scellé le rapprochement entre les deux pays après une rupture diplomatique entre 2006 et 2009, liée à une enquête judiciaire en France sur les événements qui ont marqué le début du génocide.

Emmanuel Macron qui rencontre énormément de difficultés dans sa gestion (solitaire) du pouvoir en France, a besoin, de succès en politique étrangère pour équilibrer ses déconvenues de politique intérieure. C’est la raison pour laquelle il évite, soigneusement, les pays d’Afrique (à problèmes) où il ne recevrait que des coups. Sauf quand il s’agit du Tchad où il compte un réservoir militaire important pour la lutte contre les djihadistes en Afrique de l’Ouest.

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