L’acquisition par l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de deux nouveaux satellites russes à usage multiple pourra-t-elle faire taire les remarques désobligeantes à l’égard de l’influence de la Russie en Afrique ? Au regard de leur manque d’objectivité habituel, il ne faut pas trop s’y attendre.
Ces mauvaises langues nous ont tellement habitués à cantonner les relations bilatérales entre la Russie et ses homologues africaines à des rapports sécuritaires, au sens strict du terme, au point que l’on peut s’interroger sur ce qu’elles débiteront cette fois.
Avec ces deux bijoux technologiques, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, vont, conjointement, et considérablement, renforcer leurs capacités dans le domaine des télécommunications, de l’agriculture, de la gestion des catastrophes naturelles, de l’éducation et de la sécurité nationale.
Un accord dans ce sens a été signé à Bamako, ce 23 septembre, entre Ilya Tarasenko, le patron de Glavkosmos, l’agence spatiale russe, et Assimi Goita, le colonel-président du Mali et actuel dirigeant de la présidence tournante de l’AES, en compagnie de représentants nigériens et burkinabè.
Il constitue un grand pas pour l’Alliance dans sa volonté de sécuriser le Sahel. Grâce à ces équipements, l’AES devrait pouvoir mieux répondre aux incursions djihadistes, mettant ainsi en évidence l’inutilité des bases militaires occidentales, pourtant, suréquipées, qui ont été chassées, et le fait qu’elles ne servaient que leurs propres intérêts.
Le trio militaire du Sahel est en pleine marche vers sa souveraineté. La Russie continuant de jouer sa partition dans cette quête, et confortant le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans leur choix de se rapprocher d’elle. Il faut maintenant attendre la publication de chiffres officiels reflétant l’amélioration du quotidien des sociétés civiles concernées.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)