SCIENCES PO PARIS : LE DIRECTEUR FRÉDÉRIC MION EMPORTÉ PAR L’AFFAIRE OLIVIER DUHAMEL

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« J’ai décidé de présenter ma démission aux membres de nos conseils et à la Ministre de l’Enseignement supérieur ». Dans une lettre adressée à la communauté éducative et aux étudiants, mardi, 9 février, qu’Afrique Education a pu consulter, le directeur de Sciences Po (Paris), Frédéric Mion, annonce sa démission, après la polémique dans l’Affaire Olivier Duhamel

Des étudiants de la prestigieuse école demandaient son départ. Frédéric Mion avait reconnu, mercredi, 6 janvier, avoir été informé, dès 2018, des accusations d’inceste visant le politologue, Olivier Duhamel, président de la Fondation nationale des sciences politiques, qui chapeaute Sciences Po. Dans le livre, La Familia Grande, la juriste, Camille Kouchner (fille de Bernard Kouchner avec Evelyne Pisier), a accusé Olivier Duhamel d’avoir violé son frère jumeau quand il avait 14 ans. Une enquête a été ouverte depuis alors que son frère venait de déposer une plainte en bonne et due forme contre son beau-père. Décédée, il y a quatre ans, Evelyne Pisier fut la première française agrégée de droit public et science politique. Elle fut aussi la première femme à diriger le DEA de philosophie politique (Science Po) de l’Université de Paris 1 (Panthéon-Sorbonne) avant de devenir la directrice du livre et de la lecture au ministère de la Culture sous le meilleur ministre français de la Culture de tous les temps, Jack Lang (présidence de François Mitterrand). Après avoir été l’épouse du french-doctor, Bernard Kouchner, dans les années 80 (après une idylle avec l’ex-lider maximo Fidel Castro), elle avait épousé le très rangé professeur de droit public, Olivier Duhamel, en secondes noces, avec qui elle adopta deux enfants. Il faut ajouter que cette affaire d’inceste n’aurait jamais éclaté de son vivant car elle tenait à l’unité entre ses enfants et leur beau-père c’est-à-dire son mari.

« J’ai jugé en conscience que mon devoir était de ne pas quitter mon poste avant que soit menée à bien l’enquête diligentée (…) par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la jeunesse. Le rapport provisoire de cette inspection (…) confirme qu’aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de notre établissement », écrit Frédéric Mion.

« Le rapport pointe toutefois de ma part des erreurs de jugement, dans le traitement des allégations dont j’avais eu communication en 2018, ainsi que, des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu’elle a éclaté. Je mesure le trouble qui en résulte et j’en assume l’entière responsabilité », poursuit-il, espérant que sa démission « permettra le retour à la sérénité si nécessaire au travail de toutes et de tous ».

L’hebdomadaire Marianne a rapporté mardi, 7 février, que Marc Guillaume, l’ancien secrétaire général du gouvernement et actuel préfet d’Ile-de-France, avait « reconnu auprès des enquêteurs de la mission de l’Education nationale, qu’il avait été informé à deux reprises de ‘problèmes sexuels’ concernant Duhamel ». La première alerte lui avait été donnée en 2018 par Frédéric Mion, lui-même, « mis au courant par l’ex-ministre de la Culture Aurélie Filipetti ».

Le magazine ajoute que Frédéric Mion a appelé cette dernière (qui est également enseignante à Sciences Po) à deux reprises après la publication du livre de Camille Kouchner. L’objet de ses appels : lui « demander de ne pas davantage partager l’information », d’après l’hebdomadaire.*

Le professeur de droit Olivier Duhamel voit sa réputation fortement entamée.

Les « incohérences » évoquées par Frédéric Mion dans sa communication font référence à ce qu’il a déclaré en janvier. Dans un premier temps, il avait exprimé dans un communiqué sa « stupeur » face à ces accusations. Il « nous a confirmé qu’il n’était pas au courant et qu’il trouvait infamant qu’un membre du conseil puisse dire le contraire », a précisé le président de l’Unef (Union nationale des étudiants de France, étiquetée à gauche) Sciences Po et l’un des deux représentants des étudiants dans cette instance de direction. Mais, il avait ajouté : « J’ai été inconséquent et j’ai manqué de discernement. Je suis prêt à l’entendre et à en subir les conséquences », avait-il prévenu.

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