SÉNÉGAL : Le retour de Wade à Dakar accroît la pression sur Macky Sall

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Après avoir gardé le silence, pendant deux ans, pour permettre à son successeur, Macky Sall, de se concentrer sur les problèmes des Sénégalais pour lesquels il a été élu, en mars 2012, Abdoulaye Wade n’a pas apprécié le mauvais jeu du pouvoir, qui a tout fait pour qu’il soit accueilli par ses partisans, vendredi 25 avril, tard dans la soirée. Conséquence, c’est à un bain de foule nocturne qu’il a eu droit alors que son arrivée, au départ, était prévue dans l’après-midi. L’ancien président a tellement peu apprécié que son voyage soit décalé de deux jours, par un manque d’élégance du nouveau pouvoir, qu’il est resté sourd à l’appel des sirènes officielles qui voulaient lui rendre, dès l’atterrissage de son avion, les honneurs dus à son rang. Ce sera pour une autre fois.

Avocat de profession, bien qu’il ne fréquente plus le barreau depuis plusieurs années, Me Abdoulaye Wade, par ailleurs, agrégé des sciences économiques, vient pour voler, lui- même, au secours de son fils, l’ancien ministre d’Etat, Karim Wade, qui est séquestré, en prison, depuis un an, et dont le jugement est prévu, en juin 2014, à moins d’un report du procès. Malgré les multiples médiations et intercessions de toutes sortes de personnalités de ce monde, africaines, arabes et occidentales, Macky Sall n’a pas cédé. La raison de son refus est vite analysée par certains observateurs : il joue sa peau de président. S’il laisse Karim dehors, soutient-on dans ces différents milieux, Karim, qui a vu son étoffe de présidentiable grandir en prison, risquerait de l’affronter, en 2017, avec de for tes chances de l’écarter ou de le faire écarter du pouvoir. Il apparaît, donc, de plus en plus, clairement, qu’il s’agit d’un procès politique. Déjà, les près de 700 milliards de F CFA (plus d’un milliard d’euros) qu’on lui reprochait d’avoir détournés, quand il était appelé le « Ministre du Ciel et de la Terre » par ses détracteurs, n’ont pas été prouvés par le procureur. Cette accusation a, considérablement, fondu comme neige au soleil dans la mesure où, maintenant, la justice parle de moins de 200 millions d’euros (130 milliards de F CFA). Et encore ! Les avocats sont, d’ores et déjà, montés au créneau pour dire que le dossier de leur client est vide, et qu’il devrait être libéré.

Abdoulaye Wade est, donc, rentré à un moment calculé. Il est en position de force ou plus, exactement, le pouvoir de Macky peine à justifier l’emprisonnement de Karim Wade. A un moment où sa gouvernance bat de l’aile, avec le mécontentement grandissant des Sénégalais et l’implosion de la coalition qui le porta au pouvoir, le score aux élections locales du 29 juin, sera scruté à la loupe et donnera une première tendance par rapport à la future recomposition du paysage politique sénégalais, maintenant, qu’il commence à être clair, pour beaucoup de Sénégalais, que Macky n’est pas à la hauteur des enjeux, au Sénégal. S’il était un bon premier ministre, il peine à porter les habits de chef d’Etat. Avec Abdoulaye Wade, son très rusé ancien « maître », en embuscade, il n’est pas inintéressant de s’intéresser, à nouveau, à l’actualité politique sénégalaise, dans les prochains mois.

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