La récente expulsion par les autorités sénégalaises de 79 ressortissants guinéens est un mauvais présage pour les étrangers vivant, actuellement, en situation irrégulière dans ce pays.

C’est en effet ce qu’il faut retenir des déclarations simultanées des chefs de la diplomatie sénégalaise et guinéenne, Aïssata Tall Sall et Dr. Morissanda Kouyaté, qui s’en sont suivies au lendemain de la décision prise par Dakar. 

Mais, cette mesure gouvernementale, qui, à première vue, semblait dirigée contre les seuls ressortissants guinéens, serait en réalité d’ordre général puisque de nombreux récits de migrants originaires d’autres nations de la sous-région font, également, état d’une augmentation fulgurante du nombre de contrôles et de rafles par les forces de sécurité sénégalaises.

Initialement présentés comme ayant pris part aux manifestations du 1er et 2 juin derniers en soutien à l’opposant Ousmane Sonko (ce qui n’est pas prouvé et l’opposition ainsi que la société civile contestent cette allégation), les Guinéens expulsés auraient plutôt été arrêtés bien après dans le cadre de contrôle de pièces d’identité, en particulier, celui de la carte consulaire. Une version qui semble logique compte tenu des 12 enfants et 30 femmes figurant dans le décompte des 79 ressortissants énoncé par le ministre guinéen des Affaires étrangères.

Ce qui amène, donc, à s’interroger sur les motivations réelles derrière cette traque soudaine des ressortissants étrangers. Le président sénégalais, Macky Sall, serait-il aujourd’hui dans un état d’insécurité si profond qu’il soit enclin à créer des brouilles diplomatiques avec ses voisins?

Quoiqu’il en soit, le fait qu’il s’en prenne ouvertement aux migrants africains ne peut être perçu que comme un aveu supplémentaire d’impuissance face à son impopularité grandissante au Sénégal, en Afrique, et dans le monde.

Paul Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)