SOMMET CEDEAO/CEEAC SUR LE TERRORISME ET L’EXTREMISME VIOLENT : Les deux organisations sous-régionales vont marcher main dans la main

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Le Sommet tant attendu a, enfin, été tenu ce lundi, 30 juillet, à Lomé, sous la co-présidence de Faure Gnassingbé, président du Togo et président en exercice de la CEDEAO, et d’Ali Bongo Ondimba, président du Gabon et président en exercice de la CEEAC. Pour la première fois, les deux organisations sous-régionales (soeurs) ont décidé de mutualiser leurs moyens et de faire front commun contre le terrorisme, la radicalisation et l’extrémisme violent.

Pour le président du Niger, Mahamadou Issoufou, « Cette réunion est la preuve de la prise de conscience des menaces multiples qui pèsent sur les pays des deux sous-régions. Pour y faire face, nous avons créé la Force multinationale mixte autour du Lac Tchad (qui regroupe le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun) » tandis que la Force conjointe du G5 Sahel pérennise l’approche consensuelle. « Nous voulons que cette Force (du G5 Sahel) soit placée sous le chapitre 7 de la Charte des Nations-Unies. Nous attendons un appui à ce niveau pendant ce Sommet », a souhaité le président du Niger. Un appui qu’il a, facilement, obtenu de ses pairs de la CEDEAO et de la CEEAC d’autant plus qu’il parlait au nom des présidents du Burkina Faso, du Mali, du Tchad et de la Mauritanie, tous membres de la Force G5 Sahel.

La lutte contre le terrorisme est militaire, mais aussi, idéologique, a-t-on l’habitude de dire, ce qui a fait réagir le président du Niger : « Nous sommes bien armés (dans le G5 Sahel) pour contrer leur idéologie. Nous sommes confrontés, cependant, à un trafic de drogue qui est la principale source de financement du terrorisme. (Et n’oublions pas que) « La source de tous nos malheurs, vient de la Libye » qui fut détruite par une violente intervention militaire de l’OTAN à l’initiative de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy.

Pour le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, « Cette réunion aurait dû se tenir plus tôt pour affronter les problèmes. Le Nigeria partage ses frontières avec le Cameroun, le Bénin, le Niger, le Tchad et la Guinée équatoriale. Ces pays appartiennent à la CEDEAO ou à la CEEAC. Il faut donc que la CEDEAO et la CEEAC puissent travailler ensemble. La Force multinationale mixte est un résultat de mes efforts, dès mon élection en 2015. La collaboration entre les quatre pays qui la composent (Nigeria, Niger, Tchad et Cameroun) est exemplaire. La coopération avec la CBLT (Commission du Bassin du Lac Tchad) est existentielle. Le Lac Tchad se rétrécit, ce qui devrait nous pousser à intensifier la coopération dans la lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de petits calibres, etc. L’Union européenne a dit, aussi, que 2018 est l’année contre la corruption. C’est tout à fait essentiel pour la transformation de l’Afrique. Mettons-nous ensemble pour que le succès dans tous ces domaines, soit effectif », a-t-il plaidé.

Beaucoup plus concrètement, le président du Tchad, Idriss Déby Itno, a, plutôt, évoqué la question libyenne qu’il connaît bien en tant que voisin : « Si elle n’est pas jugulée, elle n’épargnera aucun de nos pays. Ceux qui sont en sécurité aujourd’hui ne le seront pas demain », a-t-il assuré en connaissance de cause. Voilà pourquoi le président du Ghana, Nana Akufo-Addo propose « Une coopération dans le renseignement de manière intense (comme c’est le cas) entre le Ghana et tous ses voisins ». Et de recommander que « Les autres pays de la CEDEAO et de la CEEAC devraient faire la même chose car le terrorisme tire son essor dans la pauvreté. Il faut donc développer des programmes qui donnent de l’emploi à nos jeunes ».

Prenant la parole à son tour, le président congolais, Denis Sassou-Nguesso, a mis l’accent sur la Libye, la RDCongo et le Centrafrique, appuyant, fortement, les propos des présidents, Idriss Déby et Mahamadou Issoufou. « La RDCongo au niveau de sa position et de sa grandeur, est primordiale. En Centrafrique, beaucoup d’efforts ont été fournis. Ces efforts ont permis l’organisation des élections présidentielle, législatives, avec la formation d’un gouvernement. A l’heure actuelle, la CEDEAO et la CEEAC doivent se demander comment un Etat comme le Centrafrique réussit à organiser les élections et les Nations-Unies malgré cette situation continuent à maintenir un embargo qui l’empêche de se doter d’une armée. Près de 60% de ce pays se trouve entre les mains des rebelles et l’embargo fait que l’Etat ne peut pas se défendre correctement. Comment la CEEAC et la CEDEAO se réunissent sans avoir une position claire dans ce domaine ? Nous devons demander aux Nations-Unies de revoir cette position », a soutenu le président congolais. Lui donnant raison sur toute la ligne, le co-président du Sommet et modérateur des débats, Ali Bongo Ondimba, au nom de la CEEAC et de la CEDEAO, a chargé l’Union africaine (dont le président participait aux travaux) de se saisir de cette question pour la porter auprès du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Les chefs d’Etat se sont séparés après avoir décidé de se réunir désormais tous les deux ans de façon alternée et chaque année, en marge du Sommet de l’UA, tandis que le futur Sommet sera organisé, en 2020, à N’Djamena, au Tchad.

D’un de nos envoyés spéciaux
à Lomé (Togo)

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