SOMMET EXTRAORDINAIRE DE LA CEMAC : F CFA et fusion CEMAC/CEEAC à l’ordre du jour

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Lors de ce Sommet extraordinaire de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) qui regroupe le Cameroun, le Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, les choses ne vont pas tirer en longueur. La ministérielle tenue en amont a balisé le terrain, ce qui va permettre aux chefs d’Etat, réunis à huis clos, vendredi, 22 novembre, dans la matinée, au Palais d’Etoudi, de formaliser ce qui a été arrêté par les ministres. Si le budget va être voté, l’attention des chefs d’Etat sera orienté vers deux sujets majeurs : la fusion attendue de la CEMAC et de la CEEAC (Communauté des Etats de l’Afrique centrale) et la question du F CFA dont le remplacement a d’ores et déjà été acté à l’UEMOA au profit de la monnaie ECO que vont, dès 2020, utiliser les 15 pays de la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Du moins, pour ceux des pays qui auront satisfait aux trois critères de convergence.

De manière générale, la CEMAC est un élève médiocre en matière de réformes économiques. On n’a qu’à voir comment piétine la mise en œuvre des programmes d’ajustement du FMI dans certains pays, notamment, le Congo-Brazzaville, et dans une moindre mesure, le Tchad, pour s’en convaincre. Les taux de croissance, eux aussi, sont moins bons : 3,2% en 2019, 3,5% en 2020 contre 1,8% en 2018. A l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Bénin et la Guinée Bissau, le taux de croissance moyen sera de 6,7% en 2019.

Très bons élèves sur le plan des réformes, l’UEMOA et la CEDEAO ont, ensemble, oeuvré à la mise en place de la monnaie ECO qui va remplacer le F CFA. Pour parvenir à l’ECO (qui est un consensus), trois banques centrales, à savoir, la BCEAO, la Banque centrale du Nigeria et la Banque centrale du Ghana, sous la supervision des présidents du Niger, Mahamadou Issoufou, et du Ghana, Nana Akufo Addo, se sont attelés à examiner tous les contours techniques nécessaires à la création d’une monnaie crédible. Un expert international sur les questions monétaires avait, aussi, été recruté à cet effet. Les études ayant abouti, les chefs d’Etat de la CEDEAO réunis, à Abuja, en juin dernier, ont acté, ensemble, la création de l’ECO en lieu et place du F CFA. Actuellement, seuls les huit pays de l’UEMOA et le Ghana, remplissent les critères de convergence (déficit budgétaire à 3% maximum, taux d’inflation au plus à 10% et taux d’endettement public ne dépassant pas 70% du PIB). C’est cette première catégorie de pays, qui fera partie du contingent de l’ECO (on espère) courant 2020. Les autres pays prendront le train en marche en fonction du respect des trois critères de convergence par leurs économies.

La CEMAC et la CEEAC devront, absolument, emprunter le même chemin que l’UEMOA et la CEDEAO. Mais, avant de les lancer sur cette voie, il fallait que la CEMAC se réunisse pour se mettre d’accord sur la façon dont devra se faire cette fusion avec la CEEAC et les éventuelles conséquences de celle-ci sur les pays membres de la CEMAC.

A noter que la CEEAC se compose des six pays de la CEMAC auxquels il faut ajouter la RDCongo, Sao Tome et Principe, le Burundi, le Rwanda et l’Angola. La fusion CEMAC/CEEAC entraînera de facto la mise sur pied d’une monnaie différente du F CFA. Cela va de soi (sur notre photo quelques chefs d’Etat présents au Sommet extraordinaire de la CEMAC tenu fin décembre 2016 à Yaoundé en présence de la directrice générale du FMI Christine Lagarde et du ministre français des Finances Michel Sapin : les chefs d’Etat refusèrent à cette occasion la dévaluation du F CFA qui leur était proposée par les deux Français et acceptèrent la mise en place des programmes d’ajustement avec le FMI).

Présidée par Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, la CEEAC est, déjà, en mouvement. Pendant l’été, son secrétaire général, le Tchadien, Alam Mi, a effectué une tournée dans les onze pays membres avec le ministre gabonais des Affaires étrangères, Alain Claude Bilié-By-Nzé, pour sensibiliser les chefs d’Etat aux réformes qui seront adoptées, dans un futur très proche.

Tout ce processus de l’appropriation de l’Afrique se fait sous la supervision de l’Union africaine, qui encourage la fusion des organisations sous-régionales, dans le cadre de son Agenda 2063. Pour plus de pragmatisme, certains observateurs suggèrent que la CEEAC (qui va absorber la CEMAC) devrait prendre un statut d’observateur au sein de la CEDEAO afin de suivre de très près la mise sur pied de l’ECO. Il y en a même qui pensent que la CEEAC ne perdrait rien à adopter, elle aussi, la monnaie ECO et travailler juste à l’harmonisation des critères de convergence de ses pays membres.

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