SOUDAN : Première condamnation pour corruption pour l’ancien président Omar el-Béchir

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Omar el-Béchir, destitué en avril par l’armée sous la pression de la rue après 30 ans au pouvoir, a été condamné, samedi, 14 décembre, à deux ans en centre correctionnel pour corruption, première condamnation pour l’ex-dictateur soudanais, dont les ennuis judiciaires pourraient continuer.

Outre les graves accusations de crimes dans le conflit du Darfour portées contre lui par la Cour pénale internationale (CPI), Omar el-Bachir Béchir, pourrait avoir à répondre d’autres affaires devant la justice de son pays.

Il fait l’objet d’une enquête, et se trouve sous le coup d’un mandat d’arrêt, pour son rôle dans le coup d’Etat de 1989 qui l’a porté au pouvoir.

L’ancien homme fort du Soudan est apparu samedi matin devant le « tribunal spécial » et a écouté le verdict debout dans une cage métallique, vêtu de sa robe blanche traditionnelle et de son turban, après avoir été amené de la prison de Kober à Khartoum où il est détenu depuis son éviction du pouvoir (notre photo).

Il restera dans cette prison jusqu’à ce que la justice se prononce sur une autre affaire le concernant : des meurtres commis lors des manifestations ayant conduit à sa chute, a annoncé samedi le juge Al-Sadeq Abdelrahmane.

L’Association des professionnels soudanais, acteur majeur du soulèvement populaire anti-Béchir, a salué sur Twitter sa condamnation. « Ce n’est pas fini pour Béchir, il y a d’autres affaires » en cours, a-t-elle ajouté.

Dans le procès pour corruption qui a commencé au mois d’août, au sujet de fonds perçus de l’Arabie saoudite, M. Béchir encourait jusqu’à 10 ans de prison. Samedi, il a été déclaré coupable de « corruption » et « possession de devises étrangères ».

Le juge a expliqué que l’ex-président serait placé dans un centre correctionnel pour les personnes âgées car, selon la loi soudanaise, toute personne âgée de plus de 70 ans ne peut être placée en prison.
A l’issue de l’audience qui a duré plus d’une heure et demie, l’un de ses avocats, Ahmed Ibrahim, a indiqué qu’il ferait appel « devant la Cour d’Appel et devant la Haute Cour ».

Le juge a, également, prononcé la confiscation des fonds retrouvés au domicile de M. Béchir après son arrestation en avril (6,9 millions d’euros, 351.770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises).

Au cours des audiences précédentes, M. Béchir, avait assuré que l’argent n’avait pas été utilisé à des fins personnelles mais sous forme de « dons ».

Selon un témoin au procès, l’ex-président aurait donné quelque cinq millions d’euros au redouté groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF).

Si M. Béchir a reconnu avoir perçu un total de 90 millions de dollars (81 millions de d’euros) de la part de dirigeants saoudiens, le procès ne concernait que 25 millions de dollars (22,5 millions d’euros) reçus peu avant sa chute du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

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