TCHAD : Plusieurs dizaines de morts dans une agence des services de renseignement

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Une attaque a visé dans la nuit de mardi à mercredi des bureaux de l’Agence nationale de sécurité de l’Etat, faisant «plusieurs morts», à N’Djamena, selon le gouvernement tchadien, qui accuse des militants du Parti socialiste sans frontières (PSF) menés par l’opposant Yaya Dillo, un cousin du président de transition, lui aussi, candidat à la future élection présidentielle. On évalue le nombre de morts à une cinquantaine au bas mot, mais, «La situation est désormais totalement sous contrôle», selon le gouvernement tchadien dans un communiqué.

Selon le communiqué, cette attaque est intervenue après l’arrestation d’un membre du PSF, accusé par le gouvernement de «tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême». La situation aurait alors «pris une tournure dramatique» avec «une attaque délibérée des complices de cet individu menée par les éléments du PSF et à leur tête le président de ce mouvement Yaya Dillo» contre les bureaux de l’Agence nationale de sécurité de l’Etat, a affirmé le gouvernement. Farouche opposant au président de la transition Mahamat, Idriss Deby Itno, dont il est le cousin, Yaya Dillo a dénoncé une «mise en scène» concernant les allégations de tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême.

L‘attaque intervient au lendemain de l’annonce du calendrier de l’élection présidentielle au Tchad dont le premier tour aura lieu le 6 mai et à laquelle le président, Mahamat Déby Itno et Yaya Dillo ne font pas mystère de leur intention d’être candidats. Dans son communiqué de ce mercredi, 28 février, le gouvernement a affirmé que «toute personne cherchant à perturber le processus démocratique en cours dans le pays sera poursuivie et traduite en justice».

Yaya Dillo était candidat à la présidentielle de 2021 contre son oncle, Idriss Déby Itno. Il avait dû s’enfuir et se cacher fin février 2021 après qu’une tentative des forces de sécurité de l’arrêter à son domicile s’était soldée par plusieurs morts, dont celle de sa mère et de l’un de ses fils.

Le pouvoir de Déby père lui reprochait d’avoir accusé la première dame, Hinda Déby Itno, de corruption, mais, redoutait, en réalité, sa candidature. Yaya Dillo draine derrière lui une composante importante du clan Zaghawa, ethnie très minoritaire en nombre dont le clan Déby, qui dirige le pays depuis 33 ans, est issu, tout comme les principaux officiers de l’armée. Dillo était rentré au pays sous la présidence de Mahamat Déby et disait avoir «pardonné» la mort de ses proches. Mais, quand il accédait à la présidence de transition, il n’était pas question que Mahamat Déby se présente à l’élection présidentielle. Il a changé d’avis entre temps, ce qui contrarie les plans de Yaya Dillo.

Ce dernier est resté néanmoins l’un des plus grands opposants à la junte et un pilier d’une certaine frange du clan Zaghawa, qui conteste l’autorité et la légitimité de Mahamat Déby, et pourrait être soutenu par une partie des officiers de l’armée, notamment, en cas de coup d’état.

Saleh Déby, plus jeune frère du défunt président Idriss Déby, a, récemment, rejoint le parti de Yaya Dillo, après l’investiture de Mahamat Idriss Déby comme candidat de son parti, le Mouvement Patriotique du Salut, à la future élection présidentielle. «Le ralliement de Saleh Déby n’a fait qu’augmenter la tension», notent les observateurs qui pensent que la désignation de Mahamat Déby Itno comme candidat à sa succession à la tête de l’Etat, est la meilleure façon de relancer l’instabilité au Tchad.

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