Les journées passent et se ressemblent pour le sanguinaire, Paul Kagame, dont la chute finale prend, petit à petit, forme. Alors qu’on le savait soutenu, dur comme fer, par son homologue du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, le dirigeant rwandais a reçu une triste nouvelle, quelques jours seulement après avoir encaissé la désillusion du 26ème Sommet de la Communauté des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). Il voulait, en effet, devenir président en exercice de la CEEAC en remplacement du président, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Les chefs d’Etat lui ont opposé une fin de non recevoir. Ils lui ont demandé d’ordonner le retrait de son armée de la RDCongo qu’il occupe illégalement pour trafic de mines, avant d’occuper cette fonction. Très en colère, Kagame a immédiatement annoncé que le Rwanda quittait la CEEAC. Cela dit, Teodoro Obiang Nguema n’a pas encore été notifié d’un tel retrait par Kigali.
En mai 2024, Brazzaville et Kigali s’accordaient sur un projet, à la fois controversé et colossal, portant sur l’exploitation de vastes terres agricoles congolaises entre 18 et 25 ans (sur notre photo, Sassou Nguesso est décoré par Kagame à Kigali pour savourer cette lune de miel : une médaille que les Rwandais devraient logiquement récupérer le deal ayant échoué).
Face aux critiques qui fusaient de partout, le gouvernement de Denis Sassou-Nguesso avait tout fait pour tenter de vendre le concept aux agriculteurs locaux, eux-mêmes délaissés, en mettant l’accent sur la contrepartie financière attendue de ladite transaction. Dans un pays, comme le Congo-Brazzaville, où l’état de droit n’est rien d’autre qu’une chimère, il était prévisible que ce brouhaha de l’opposition et de la société civile n’aboutisse à rien de très menaçant pour le parti au pouvoir. Mais, puisque le mal ne triomphe jamais, et qu’il y a une justice divine ici sur terre…
D’après les informations de Thierry Moungala, porte-parole du Congo-Brazzaville, le deal entre Sassou-Nguesso et Kagame a été résilié (unilatéralement) par le dirigeant congolais. La raison, implicitement, avancée étant l’absence de cash flows de la partie rwandaise. Celle-ci a failli à son obligation d’initier la mise en valeur des terres en question, laquelle devait entraîner des transferts de fonds qui n’ont jamais eu lieu. Néanmoins, cette version des autorités congolaises est surprenante, mais aussi, très possible. Surprenante car l’intransigeance de Brazzaville est l’opposé de la proximité qu’affichaient Sassou et Kagame.
Possible compte tenu de la fermeture des robinets financiers internationaux, du fait de la crise en RDCongo, qui a asséché les comptes du trésor public rwandais, causant l’arrêt de plusieurs projets à mauvais dessein. Denis Sassou-Nguesso a compris que s’associer à un rustre comme Paul Kagame, isolé en Afrique et au-delà, serait comme se tirer une balle dans le pied. Surtout qu’il a, lui-même, ses propres problèmes à régler, comme lui a si bien fait comprendre Emmanuel Macron lors de son dernier passage, en mai, à l’Elysée. S’arrimer à un autre, comme lui, en plein déclin, serait un pur suicide.

C’est Kinshasa qui doit être tout sourire ces derniers temps en voyant sa mauvaise voisine commencer à récolter ce qu’elle a semé toutes ces années durant. Les craintes que la capitale rdcongolaise pouvait nourrir vis-à-vis des fruits d’une éventuelle alliance entre Brazzaville et Kigali devraient pouvoir disparaître. Même si l’extrême prudence reste de mise tant que le Congo-Brazzaville est entre les mains du très démoniaque, Denis Sassou-Nguesso.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)