TERRORISME AU SAHEL : La France change-t-elle de fusil d’épaule ?

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« Nous allons passer à la vitesse supérieure » au Sahel, annonce le général, François Lecointre, chef d’état-major des armées françaises. Il faut admettre que la pression sur la Force Barkhane est au maximum dans le Sahel. Les résultats à la hauteur de la réputation de l’armée française ne sont pas au rendez-vous. Loin de là. Au contraire et pire même, cette dernière est accusée, fortement, de favoriser l’ennemi djihadiste. En lui filant, parfois, des renseignements sur les positions des armées régulières. Il faut donc dire que la France et son armée sont acculées de partout. Dans le Sahel, les populations demandent même le retrait de celle-ci, sans qu’elles ne proposent une alternative crédible à Barkhane. La « convocation » des présidents membres du G5 Sahel par Emmanuel Macron semble être comme l’histoire de l’arroseur arrosé. Convoqués pour donner des comptes, les chefs d’Etat africains concernés entendent, eux aussi, demander des comptes à leur homologue français. La relation n’est plus bonne, même en apparence, entre les deux parties. Que de battre en retraite, la France préfère annoncer qu’elle va faire monter son armée en régime. Question de ne pas perdre la face en Afrique. Question, aussi, de faire taire les critiques ? Dans tous les cas, la Force Barkhane est, désormais, sous surveillance. Par les peuples du Sahel. Cela dit, le général Lecointre a dit une vérité biblique : si les politiques ne prennent pas le relais avec des actions civiles d’éclat sur le plan du développement, l’action militaire à elle seule, ne peut suffire. La balle, à ce niveau, est dans le camp des présidents de la sous-région, élus pour développer leurs pays.

Le général Lecointre (notre photo) estime que l’année 2020 sera cruciale en matière de sécurité au Sahel et qu’un échec de la stratégie retenue aura de graves conséquences. Le 13 janvier, s’il ne change pas de date une nouvelle fois, Emmanuel Macron réunira les 5 chefs d’Etat du Sahel pour élaborer une position commune antiterroriste. Le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le président du Conseil européen, Charles Michel, le vice-président de la Commission européenne et Haut représentant pour les Affaires étrangères, Josep Borrel, ont, également, été conviés. Que du beau monde !

Mais, il manque un partenaire de taille : l’OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord) que le président, Emmanuel Macron, avait conviée, également, il y a quelques jours. Visiblement, elle ne va pas répondre à cet appel. Il ne faut pas perdre de vue que pour déstabiliser la Libye, la France de Nicolas Sarkozy avait fait appel à l’OTAN. Maintenant qu’il faut réparer les dégâts provoqués par cette intervention, il est normal que l’OTAN revienne bombarder les djihadistes avec les mêmes avions qui avaient défait le régime de l’ex-frère guide Mu’ammar al Kadhafi, en 2011.

Les Africains qui disent des choses sur la France depuis quelque temps ont, bien, la tête sur les épaules. Ils n’accusent pas pour accuser. La France doit se regarder dans un miroir. Elle verra qu’elle devient très laide.

Il faut juste dire aux présidents du G5 Sahel que, pour vivre en sécurité, dans la durée, il leur appartient de bâtir des armées solides qui soient capables de sécuriser leurs frontières.

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