CENTRAFRIQUE : François Bozizé n’a pas abandonné l’idée de revenir au pouvoir

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En exil après avoir été chassé du pouvoir en 2013, François Bozizé vient de rentrer à Bangui, selon son parti et ses proches. L’ancien président centrafricain n’a jamais caché son intention de reprendre le pouvoir par les urnes, alors que se profile la présidentielle de décembre 2020. Sa candidature va bouleverser la donne et le premier à s’en inquiéter pourrait être l’actuel président de la République. En effet, tous les deux puiseraient leur force électorale dans le même gisement.

« Depuis hier (dimanche, 15 décembre, ndlr), je peux vous le dire de la manière la plus solennelle : François Bozizé se trouve bel et bien dans la capitale centrafricaine », a lancé, devant la presse, Bertin Béa, le secrétaire général du Kwa na Kwa (KNK), la formation politique de l’ancien chef de l’Etat.

« Dans les jours à venir, François Bozizé prendra la parole pour s’adresser à ses compatriotes », assure Bertin Béa. « En attendant, ne me demandez pas comment il est arrivé, ni où il se trouve », lâche-t-il. Question de « sécurité ».

Le président déchu n’a jamais caché son intention de chercher à reprendre le pouvoir par les urnes. Son retour semble être dicté par sa volonté de respecter le code électoral, qui stipule que les candidats à la présidentielle de décembre 2020 doivent se trouver sur le territoire national au moins un an avant le scrutin.

François Bozizé jouit toujours d’une grande influence dans un pays qu’il a dirigé de 2003, à l’issue d’un coup d’état, à 2013. Une période marquée par deux guerres civiles.

La seconde, en 2013, provoque finalement sa chute. Après des années d’instabilité et de mauvaise gouvernance, la Séléka, une coalition de groupes armés rebelles venus du Nord et de l’Est, met en débandade l’armée régulière et fond sur Bangui. Avec la complicité du président tchadien, Idriss Déby Itno.

Sa garde armée sud-africaine vole en éclats et François Bozizé doit fuir la capitale. Le chef de file de la Séléka, Michel Djotodia, le remplace. Toujours avec Déby à la manette.

Après son départ, le Centrafrique sombre vite dans une spirale de violences intercommunautaires, déclenchant l’opération Sangaris de l’armée française en décembre 2013.

Et, depuis le Cameroun voisin où il est accueilli par le président, Paul Biya, François Bozizé continue d’user de son influence pour tenter de rétablir son régime.

En 2013, le Centrafrique lance un mandat d’arrêt international contre lui pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ». Accusé d’avoir soutenu, depuis le Cameroun, les milices chrétiennes anti-balakas, au départ formées pour contrer les exactions de la Séléka à dominante musulmane, Bozizé est, également, sous le coup de sanctions des Nations-Unies. Ses déplacements en avion sont interdits et ses avoirs gelés.

Après un régime de transition dirigé par Catherine Samba Panza, il ne peut donc se présenter à la présidentielle de janvier 2016 que remporte Faustin Archange Touadera, son ancien premier ministre.

Depuis 2016, une circulaire du ministère centrafricain des Transports interdisait, également, à toute compagnie aérienne desservant ce pays d’y amener François Bozizé. Depuis lors, ses avocats et ses fidèles, encore nombreux dans le pays, militaient pour que le gouvernement autorise son retour.

Ces dernières semaines, plusieurs figures de l’opposition s’étaient exprimées en faveur d’un retour de l’ancien président dont Anicet Georges Dologuélé, candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2016, mais aussi, son ancien premier ministre, Me Nicolas Tiangaye, qui, par la force des choses et surtout du droit à la justice, est devenu son avocat pour le faire revenir en Centrafrique. Une action visiblement couronnée de succès puisque Bozizé respire, désormais, l’air (pur) de Bangui « La Coquette ».

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