TUNISIE/ETATS-UNIS : L’heure de vérité pour Kaïs Saïed

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Donald Trump porte actuellement son attention sur les dirigeants africains. Accusé d’avoir infantilisé ses homologues du Sénégal, de la Guinée Bissau, du Gabon, du Libéria et de la Mauritanie, récemment, conviés à la Maison Blanche, le président américain a, désormais, Kaïs Saïed dans son viseur. Ce dernier, qui traîne la réputation d’un dur à cuire en Afrique, va pouvoir montrer s’il en est vraiment un, face à celui qui, en six mois, a fait plier tout l’Occident.

Kaïs Saïed est dans un embarras qui ne dit pas son nom. Démasqué dans son propre pays comme étant un faux soutien de la Palestine, après avoir empêché l’adoption en 2023 d’une loi visant à criminaliser les relations avec Israël, le leader tunisien se borne à dénoncer le drame humanitaire à Gaza, confirmant ainsi son ambiguïté aux yeux de nombreux observateurs. Une attitude découlant des bienfaits qu’il pourrait tirer d’une éventuelle normalisation des liens avec Israël. 

Ayant flairé l’opportunité, Donald Trump n’a pas mis long avant d’accentuer la pression sur son homologue tunisien, en lui assénant des tarifs douaniers initiaux de 28%, soit, l’un des taux les plus élevés du continent africain. Bien que l’instauration desdits tarifs douaniers réponde, prétendument, à une logique de rééquilibrage des comptes commerciaux américains, elle est devenue une arme appliquée par Washington DC pour faire avancer ses objectifs géopolitiques.

C’est raté : Saïed veut plutôt normaliser ses relations avec Israël. Le comble pour un nationaliste !

La Tunisie étant dans une situation financière désastreuse depuis des années, les outils de soft power ne manquent pas pour amener les autorités de Tunis à s’aligner sur des intérêts extérieurs donnés. Alors qu’il y a deux ans le FMI lui proposait un renflouement de fonds d’un peu moins de 2 milliards de dollars pour redynamiser son économie, Kaïs Saïed claquait la porte des négociations montrant le dos rond, son homologue, Trump, vient avec un ton moins conciliant.  

Soit l’actuel locataire du palais Carthage ajoute une couche de confirmation au fait qu’il n’est, en réalité, qu’un supporter de façade de la cause palestinienne, et, donc, donne libre cours aux requêtes de Donald Trump, la principale portant sur un rapprochement concret avec Israël. Soit il prend, de nouveau, tout le monde par surprise, et inflige à l’administration Trump le même sort qu’à l’organisation de Bretton Woods. Qui pour prendre les paris ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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