University of California Los Angeles (UCLA) est le nouveau terrain de règlement de comptes entre Donald Trump et Gavin Newsom, le gouverneur de Californie. Depuis le premier mandat du président américain, les deux hommes ont eu leur lot de prises de bec, du fait de leur opposition idéologique et partisane. C’est dans ce contexte tendu qu’intervient l’exigence de l’administration Trump d’un paiement d’un milliard de dollars pour rétablir les financements publics suspendus de l’université publique californienne.

UCLA fait partie des universités ciblées par le gouvernement américain pour des faits d’antisémitisme. Les manifestations pro-palestiniennes, qui y ont eu lieu en 2024, ont engendré un préjudice aux autres étudiants du campus non ou peu concernés par le conflit à Gaza, et ouvert la voie à un procès initié par trois étudiants et un enseignant juifs. Leur donnant raison, un juge a condamné UCLA, le 21 mai 2025, au paiement de 6.1 millions de dollars, négocié entre les deux parties.

Première en son genre, cette décision judiciaire, sanctionnant une université d’avoir failli à son devoir de protéger les droits de certains de ses étudiants, a offert un joli cadeau à Donald Trump d’enfoncer le clou contre le prestigieux établissement scolaire de Californie, dans sa volonté globale de remodeler le système éducatif américain. Là où certains dénoncent une tentative d’extorsion orchestrée par le leader républicain, d’autres considèrent plutôt que le gouverneur californien a un rôle trouble et ne fait qu’aggraver les choses.

Gavin Newsom nourrit des ambitions présidentielles depuis quelques années maintenant. Laissé sur le carreau par Joe Biden, au profit de Kamala Harris, après son désistement de dernière minute pour les élections de novembre 2024, Newsom n’avait pas beaucoup apprécié, mais, fut prié de ne pas publiquement manifester son mécontentement pour des raisons de cohésion au sein du parti démocrate. Quelques mois après la déroute subie de son parti, il opère, aujourd’hui, comme un électron libre, semblant être le seul capable et disposé à s’opposer, frontalement, au président américain, et joue sa carte à fond.

Le problème est qu’il ne dispose pas des moyens de sa politique de résistance, notamment, face à une administration qui a écrasé tous ses alliés dans le monde, exception faite d’Israël. Le fait que Newsom ait volé à la rescousse de UCLA n’est pas une si bonne chose, même si l’on peut qualifier d’abusif le milliard de dollars exigé par Trump pour annuler la suspension des 584 millions de dollars d’aides publiques dues à l’institution académique californienne. Les autorités de Washington DC furent moins sévères envers Columbia University et Brown University.

Se ranger derrière le gouverneur, Gavin Newsom, ne semble pas être une bonne stratégie pour le conseil d’administration de UCLA, qui a déjà un pied à terre du fait de la condamnation de juillet dernier. Les élections de mi-mandat étant encore éloignées dans le temps, l’université californienne ne peut pas compter d’aussitôt sur un éventuel rééquilibrage des forces au Sénat et à la Chambre des Représentants pour miser sur une montée en puissance de Newsom. Il lui serait donc préférable de négocier avec l’Etat américain, car rien de bon ne sortira de l’agitation actuelle entre Donald Trump et Gavin Newsom, si ce n’est la confirmation que ce dernier cherche à se positionner sur l’échiquier politique pour les prochains rendez-vous électoraux.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)