VENEZUELA : L’opposant et « président par intérim » Juan Guaido déclaré inéligible durant 15 ans

Date

Le pouvoir vénézuélien a accentué, jeudi, 28 mars, la pression sur Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, surtout, occidentaux ou alliés des Etats-Unis, en le déclarant inéligible durant 15 ans. En quelques temps, il a effectué près d’une centaine de voyages dont la plupart à l’étranger, ce qui pose le problème du financement de ceux-ci et de son mouvement insurrectionnel. Juan Guaido a, aussitôt, rejeté cette sanction. C’est un nouveau bras de fer qui commence au moment où, après avoir vociféré et braillé sans jamais mordre, en menaçant Maduro qu’il allait voir ce qu’il allait voir, Washington assiste, impuissant, à l’arrivée progressive mais impressionnante de la Russie dans le pays, à la demande du pouvoir légal et légitime de Nicolas Maduro, qui est, désormais, sous sa protection (notre photo).

Cette décision a fait monter la tension dans ce pays pétrolier paralysé par une nouvelle panne d’électricité massive depuis, lundi, 25 mars. Mais, une panne qui a été réparée, dans les trois quarts du pays, jeudi soir.

Sur la scène internationale, aussi, la tension ne redescend pas entre Washington et Moscou à propos de la présence de soldats russes au Venezuela : ce pays d’Amérique du Sud est devenu un point de friction supplémentaire de la nouvelle Guerre Froide opposant les deux Géants de la communauté internationale.

A Caracas, le contrôleur général de la République, Elvis Amoroso, chargé de veiller à la transparence de l’administration au Venezuela, a décidé, jeudi, à la mi-journée, « d’interdire l’exercice de toute fonction élective au citoyen (Juan Guaido) pour la durée maximum prévue par la loi », soit, 15 ans, pour corruption présumée, a-t-il déclaré à la télévision d’Etat.

Selon Elvis Amoroso, jugé proche du pouvoir en place, l’opposant n’a pas justifié, dans ses déclarations de patrimoine, certaines dépenses réalisées au Venezuela et à l’étranger avec des fonds provenant d’autres pays.

« Il a réalisé plus de 91 voyages hors du territoire pour un coût supérieur à 310 millions de bolivars (quelque 94.000 dollars au taux actuel), sans justifier l’origine de ces fonds », a expliqué le contrôleur, qui a demandé au parquet d' »exercer les actions correspondantes ».

Juan Guaido a rejeté cette sanction lors d’un discours devant ses partisans alors qu’il présentait son plan pour le Venezuela. Cela dit, on assiste à une nouvelle guerre entre les deux hommes au moment où, psychologiquement, Nicolas Maduro prend le dessus sur son adversaire dont l’issue finale, à terme, risque d’être l’exil.

« Il n’est pas contrôleur. Il ne l’est pas (…) et il n’existe pas de sanction d’inéligibilité (…) Le parlement légitime est le seul ayant le pouvoir de désigner un contrôleur », a déclaré Juan Guaido, rappelant qu’Elvis Amoroso avait été nommé à ce poste par l’Assemblée constituante, acquise au pouvoir et qui remplace dans les faits le parlement, seul organisme contrôlé par l’opposition.

Dans ce pays où personne ne reconnaît la légitimé de personne, difficile de dire quelles seront les conséquences de cette décision qui vise Juan Guaido, également, président du parlement. Ni s’il va pouvoir continuer à siéger, la sanction étant en théorie d’application immédiate.

L’ancien candidat à la présidentielle de 2013, Henrique Capriles, avait été sanctionné de la même façon et déclaré inéligible, ce qui l’avait empêché de se présenter par la suite en 2018.

Les tensions entre Américains et Russes ont connu un nouveau pic depuis l’arrivée le week-end dernier de deux avions russes, un Antonov An-124 et un Iliouchine Il-62, à Caracas. Selon des médias vénézuéliens, ils transportaient 99 militaires russes et 35 tonnes de matériel, sous le commandement du chef de l’armée de terre russe, le général Vassili Tonkochkourov.

Recevant, mercredi, 27 mars, dans le Bureau ovale Fabiana Rosales, épouse de Juan Guaido que Washington qualifie pompeusement de « première dame du Venezuela », Donald Trump avait haussé le ton : « La Russie doit partir » du Venezuela.

En réponse, la Russie a demandé à Donald Trump de la « respecter » et de ne pas se mêler de ses relations avec Caracas, où elle a confirmé avoir envoyé des « spécialistes » militaires chargés de mettre en oeuvre les contrats d’achat d’armement entre Moscou et Caracas. Comme en Syrie, après avoir braillé, Washington va bien finir par se calmer. Realpolitik oblige !

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier