ZONE FRANC (BEAC) : Les ministres des Finances de la CEMAC se réunissent à Paris sans parler du F CFA

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A l’invitation de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique de la République française et de Jean-Baptiste Ondaye, ministre de l’Economie et des Finances du Congo Brazzaville, les ministres de l’économie et des finances, les présidents des institutions et les gouverneurs des banques centrales de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et de la France se sont réunis, mardi, 25 avril 2023, à Paris.

Les participants se sont félicités de ce dialogue de haut niveau dans le cadre des accords de coopération monétaire entre pays partageant des liens économiques et financiers importants et anciens. Ils ont également pris note des échanges tenus la veille entre experts sur la situation macroéconomique et l’état de la convergence dans la CEMAC, les monnaies numériques de banques centrales et le financement des projets intégrateurs de la CEMAC.

Les ministres de l’Economie et des Finances, les présidents des institutions régionales et les gouverneurs des banques centrales, ont relevé que l’économie mondiale et celle de la CEMAC sont confrontées à une multiplicité de chocs exogènes économiques et financiers, climatiques et sécuritaires. Ils ont, à cet égard, salué la résilience dont font preuve les économies et les systèmes financiers de la France et des pays de la CEMAC, grâce, pour cette dernière, notamment, à la mise en œuvre des réformes engagées dans le cadre du Programme des réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC), avec le soutien de l’ensemble des partenaires techniques et financiers. Ils ont souligné que l’intégration régionale de la CEMAC et sa coopération monétaire avec la France, s’appuyant sur des institutions régionales solides, contribuent également à renforcer les économies de la sous-région et à les préserver en partie de l’inflation. Les gouverneurs des banques centrales ont réaffirmé leur engagement, en ligne avec leur mandat et
l’indépendance de la politique monétaire, de garantir la stabilité de la monnaie.

Les participants ont souligné l’importance d’une part d’œuvrer à une croissance économique soutenable et inclusive, notamment, par la diversification du tissu productif et l’adaptation au changement climatique, et d’autre part, de maintenir la soutenabilité des finances publiques, par la poursuite de la mise en œuvre des réformes. Ils ont notamment relevé la nécessité de reconstituer une épargne financière et de dégager des marges de manœuvre budgétaires et extérieures notamment en réformant les subventions tout en continuant à soutenir les populations les plus vulnérables et la reprise économique naissante. Ils ont, également, rappelé l’importance de la mise en œuvre efficace de mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme pour renforcer la solidité et l’intégrité des économies.

Les ministres de l’Economie et des Finances, les présidents des institutions régionales et les gouverneurs des banques centrales, ont appelé à renforcer l’intégration économique régionale, facteur de résilience et de solidarité des Etats face aux chocs exogènes, dans un contexte de hausse des risques sécuritaires, économiques, climatiques et financiers, à travers, notamment, le financement et la mise en œuvre des projets intégrateurs prioritaires de la CEMAC et de la stratégie de diversification des économies. Les participants ont salué le succès enregistré dans la mise en œuvre du premier programme de projets intégrateurs de la CEMAC et accueilli avec
intérêt la tenue de la Table ronde à Paris au mois de novembre 2023 sur le financement du deuxième programme de projets intégrateurs de la sous-région.

Les participants ont échangé sur les réponses à ces chocs au niveau international pour appuyer les pays vulnérables. Ils ont salué les initiatives multilatérales visant à soutenir les économies des pays en développement depuis le début de la crise, notamment, en Afrique, à travers les financements proposés par les institutions financières internationales et la mobilisation de droits de tirage spéciaux du FMI, afin d’éviter l’accroissement de la divergence entre les économies mondiales compte-tenu de leurs capacités différenciées de réponse aux chocs. Ils ont, notamment, relevé que ces initiatives ne peuvent pas répondre à elles seules aux besoins accrus des pays résultant des chocs successifs si des ressources externes suffisantes ne sont pas mobilisées en temps opportun. Le renforcement de l’architecture financière internationale pour mieux répondre aux besoins actuels et à venir sera au cœur du Sommet
pour un nouveau pacte mondial de juin 2023, qui se tiendra à Paris et dont l’organisation et les grands objectifs ont été salués par les participants. Les participants ont, enfin, réitéré leur souhait de poursuivre ces réunions à un rythme régulier, avec une réunion dans les prochains mois en Afrique centrale.

La réunion a pris fin sans que, officiellement, la question du F CFA et de son changement, soit, officiellement, évoquée alors qu’elle est la principale préoccupation des populations de la CEMAC. La France, dans son double langage habituel, a préféré déclarer qu’elle est ouverte aux discussions sur cette question quand le voudront les pays de la CEMAC. On sait pourtant que c’est faux. Cette même France a torpillé en décembre 2019, à Abidjan, avec le président, Alassane Ouattara, de Côte d’Ivoire, le lancement de la monnaie ECO de la CEDEAO qui devait être utilisée en lieu et place du F CFA et des autres monnaies nationales des pays membres de cette sous-région dont le Nigeria et le Ghana.

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